Les forces de l’ordre sont entraînées, sous prétexte de préserver leur sécurité, à infliger des souffrances à des civils, en se sachant déchargées de toute responsabilité.
Ils peuvent provoquer un larmoiement excessif, des troubles de la vision, des éruptions cutanées et de l’urticaire, des écoulements nasaux, des brûlures de la peau, de la bouche et des narines, des difficultés à avaler, des hypersécrétions salivaires, des contractions pectorales, des quintes de toux, des sensations d’asphyxie, des troubles de la respiration, des nausées et des vomissements. Des liens ont été établis entre ces produits et des fausses couches ou des pathologie respiratoires chroniques.
[en 1927] Ces munitions sont destinées à être tirées de près, directement vers le visage des émeutiers ou d'une foule désordonnée. [...]
Peut-on parler d'accident lorsqu'une arme conçue pour tirer au visage est utilisée pour tirer au visage ? En étudiant l'historique des brevets déposés sur ces armes, on constate que le narratif trompeur de l'innocuité et des précautions d'usage s'estompe à mesure que l'on remonte vers le passé. Et cependant la conception et le but de ces technologies sont restés les mêmes.
le gaz lacrymogène devint étroitement lié à la capacité de l'Etat à refuser d'accorder les réformes réclamées par la société civile. Sa fonction était donc double, physique et psychologique : disloquer les manifestations et piquets de grève, démoraliser les protestataires et les mécontents.
Le gaz lacrymogène devint la technique répressive la plus fiable, non seulement pour conserver la maîtrise de la rue mais aussi pour saper, à dessein, les pratiques de désobéissance civile.