Je ne sais pas comment commencer. Mais je sens que j’ai envie de coucher sur le papier tout ce qui s’est passé. Je n’ai personne à qui parler. Personne qui me comprendrait. […] Maintenant j’y vois un peu plus clair. Magnus s’occupe de moi, mais il est toujours inquiet dès que je veux faire quelque chose toute seule. Il a peur que je rencontre des gens. S’il savait à quel point je l’ai aimé durant toutes ces années! Il saurait qu’il était inutile de se faire du mouron. Sa jalousie a fait que j’ai évité de sortir. Je parle à peine avec d’autres hommes. Je ne les regarde pas. Ne souris pas. Tout ça pour que Magnus n’ait pas besoin de s’inquiéter. Le soir où je suis allé au restaurant avec Annelie, là, je comprends qu’il ait réagi à mes vêtements. Ils étaient sans doute un peu aguicheurs, mais je trouve que sa réaction était exagérée. Il m’a arraché mes vêtements et m’a prise de force, alors que je n’en avais pas envie. Mais en même temps, ce n’est pas tout à fait juste: on est tout de même mariés. Magnus était tellement inquiet. Et en plus, il l’a regretté après. Mais je n’ai pas pu aller travailler pendant des jours à cause des énormes bleus que j’avais autour du cou.
Ils rampent sur quelques mètres et se relèvent tant que les Yougos ne les voient pas. Ils remontent le sentier vers la colline. […] - Voilà votre thune hurle Hajir, et il balance le sac un peu en contrebas. Avant de se lancer à sa poursuite, Adnan se retourne et voit que les Yougos n’ont pas bougé. Tous sauf un. Le Gorille. Adnan court. Hajir a pris du retard. Il a perdu du temps en balançant le sac. Adnan louche en arrière. Voit Le Gorille ramasser son arme au sol. Milorad hurle quelque chose en yougo. Le Gorille est déjà arrivé à mi pente. Ils ont sous-estimé sa foulée. Comme le dieu des sprinters. Malgré cette masse de muscles énorme. Putain! Adnan force l’allure. S’approche du terrain de foot. Entend Hajir derrière lui. Un coup retentit et Adnan entend quelque chose siffler à son oreille. Panique. Le Gorille est sorti de ses gonds. Milorad continue à hurler en yougo. Ça pète à nouveau. Adnan entend l’impact. Voit Hajir ventre à terre, le menton planté dans le sol. Les yeux écarquillés. Tout siffle dans les oreilles d’Adnan. Quelque part au loin, Milorad hurle. Hajir immobile.