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Citation de annakin56


L'un des projets de privatisation et de marchandisation les plus étranges du du début du XXIème siècle a été l'opération de faire de la connaissance une marchandise. Il en existe deux versions étonnamment puissantes. En Europe, les gestionnaires exigent de exercices d'évaluation qui réduisent le travail des chercheurs à un chiffre, une somme censée exprimer toute une vie faite d'échanges intellectuels. Aux Etats-Unis, on demande aux chercheurs de devenir des entrepreneurs, se produisant eux-mêmes comme une marque et cherchant la célébrité depuis le premier jour d'étude où l'on ne sait encore rien. Ces deux projets me semblent insensés et, plus, oppressants. En privatisant ce qui ne peut être qu'un travail collaboratif, ces projets visent à étouffer la vie qui fait partie intégrante d'un trajet de recherche.
Tous ceux qui développent un véritable souci pour les idées sont donc obligés de créer des espaces qui vont au-delà de la "professionnalisation" ou lui échappent, c'est-à-dire échappent aux techniques de surveillance propres à la privatisation. Cela signifie concevoir une recherche qui requiert des groupes enjoués et des constellations de collaborations : non pas des congrégations d'individus calculant les coûts et bénéfices mais bien plutôt une fine érudition qui émerge grâce aux collaborations. Une fois encore, penser à partir des champignons peut être d'une aide précieuse.
p.409
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