Un bouquet de roses
Au milieu de la nuit qui suivit l’assemblée des fées dont on vient de parler, la reine Balanice fit un cri perçant qui reveilla le roi Bardondon; car malgré la galanterie de leur cour, les bons princes ne faisoient point lit à part. La reine dit à tous ceux qui vinrent à son secours, que la douleur qu’elle avoit témoignée n’avoit d’autre fondement que l’illusion d’un songe : il m’a paru, ajoûta-t-elle, que ma fille étoit devenue tout-à-coup un bouquet de roses, et dans le temps que j’en examinois les fleurs avec autant de curiosité que de tendresse, un oiseau, charmant à la vérité, est venu fondre sur moi, et me l’a enlevée. Que l’on aille au plutôt, continua-t-elle, savoir comment se porte ma fille : on courut à son appartement, mais que devinrent le roi, la reine et toute la cour, quand ils apprirent que Rosanie n’étoit pas dans son berceau ?