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Citation de Ledraveur


LES NOTIONS D'ESPACE ET DE DISTANCE
Se représenter l'espace
Les divisions spatiales et territoriales actuelles sont des créations récentes, de quelques siècles tout au plus pour les frontières des États : une fraction de seconde à l'échelle de l'histoire du continent. Paradoxalement, l'Europe et ses milliers de kilomètres est un espace qui rend mieux compte d'une histoire inscrite dans la longue durée. Les milieux naturels ont été marqués par des changements majeurs depuis les premières implantations humaines, ou même depuis celle de notre ancêtre direct Homo sapiens: froid, glaciations et réchauffements successifs, création des mers actuelles, changement des traits de côtes, etc. sont autant de facteurs qui ont modelé son cadre de vie. Durant des millénaires, la pointe occidentale du continent eurasien est une immensité de terres et de glaces sur des milliers de kilomètres carrés. La première histoire humaine de l'Europe est celle de migrations sur ces sols rendus inhospitaliers par la rigueur du climat. Rien, pourtant, n'a arrêté son implantation. Au rythme de la marche, l'Homme a occupé ces vastes espaces, s'établissant peu à peu, sans que ce soit nécessairement définitif. Se déplacer fait donc bien partie des fondements de l'histoire européenne.
Lors de la fonte des glaciers et de la remontée des eaux, les mers se créent, selon des rythmes différents, de la Méditerranée à la Baltique. Le bloc compact se divise en terres séparées, isolées par des mers. Des promontoires et des îles se dessinent. Certaines régions comportent bientôt plus d'eau que de terres. Les espaces de l'Europe connaissent une mutation profonde. Le réchauffement, combiné à des facteurs culturels et sociaux, conduit les hommes vers un autre temps de leur histoire : la Néolithisation. Dans ces paysages nouveaux, l'homme s'approprie des sols qu'il se met à cultiver. Son rapport à l'espace et aux milieux change, mais sans que l'Europe ne s'immobilise. La néolithisation elle-même est le résultat de mouvements : des hommes, des plantes, des animaux. Elle est le fruit d'une propagation d'idées et de pratiques. Des individus se sont déplacés, on le sait avec certitude aujourd'hui, mais cela n'explique pas tout. Les terres européennes n'étaient pas vides. Il y a eu voyages et rencontres. L'Europe agricole a mis près d'un millénaire à se constituer, selon des rythmes parfois rapides, parfois beaucoup plus lents, une arythmie aujourd'hui clairement établie. Agriculteur attaché à son sol, l'homme n'est jamais devenu statique pour autant. Les terres ne se sont pas figées dans une sorte d'état “néolithisé” où les déplacements auraient cessé. Qu'importent les distances, les montagnes, les mers ou les fleuves à franchir ! Les sociétés sont mobiles.
p. 226
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