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3/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Anthropologue. - Directrice de recherche à l'INSERM (en 2012)


Fonctions et titres universitaires :
1992 Ph.D. (Doctorat) en Anthropologie médicale, Graduate Faculty of Arts and Sciences, Columbia University (Etats-Unis).
Titre : “Marginal Arrangements : Homelessness, Mental Illness, and Social Relations” / “Arrangements à la marge : ‘homelessness’, maladie mentale et relations sociales”.

1988 M. Phil. (Maîtrise en sciences humaines),Columbia University (U.S.A.).

1980-1983 Fellow, Programme en épidémiologie psychiatrique, Columbia University (U.S.A.).

1973 M.S.W. (Maîtrise en planification et politiques sociales), Tulane University (U.S.A.).

1973 B.A. (Licence en ethnologie-sociologie), Middlebury College (U.S.A.), 1970, (mention Phi/Kappa).
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Source : Catalogue de la BNF
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Bibliographie de Anne M. Lovell   (2)Voir plus

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
5. « La théorie habituelle du ralentissement psychomoteur est d'en faire un sous-produit de l'état émotionnel : s'immobiliser résulterait d'une perte d'intérêt secondaire à la tristesse. Cette théorie demeure forte tant que l'on croit à une relation étroite entre figement et tristesse, et que l'on ne relie pas le figement du corps à celui de la pensée.
Si, au contraire, on accepte l'idée qu'il y a de nombreux figements sans tristesse qui réagissent bien aux chimiothérapies antidépressives, et si l'on considère que le figement du corps est identique à celui de l'esprit, on en vient à une autre explication. Il s'agit d'une authentique théorie psychosomatique puisqu'elle fait de la mobilité générale du corps un équivalent d'une certaine forme de mobilité de l'esprit. Il n'y a ni antériorité ni supériorité de l'un sur l'autre. Ce que nous enseigne le figement dépressif, c'est qu'une certaine manière pour le corps de s'animer est identique à un processus de pensée. Le corps ici n'est plus l'enveloppe de l'esprit, il en est une modalité. » (p. 213)
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2. « Premièrement, le fait que les usages réguliers et dépendants de drogues illicites sont considérés par les cliniciens comme des automédications de la souffrance psychique, et particulièrement de la dépression. Deuxièmement, la tendance à la chronicisation des pathologies : les patients sont souvent améliorés par les molécules, mais guérisons partielles, rechutes et récidives semblent le lot d'une bonne partie d'entre eux, particulièrement dans les dépressions et les addictions. […] Les professionnels se situent désormais moins dans une référence à la guérison que dans une problématique de la qualité de vie et de la diminution des risques – deux thèmes qui font l'objet d'une immense littérature. Troisièmement, la place qu'occupe dans nos formes de vie la référence au bien-être ne peut que stimuler cette tendance (le bien-être est comme l'horizon : au fur et à mesure qu'on s'en approche, il s'éloigne). Les life-style drugs, les médicaments du mieux-être (la DHEA, hormone supposée ralentir les effets du vieillissement, le Viagra pour traiter les problèmes mais aussi les performances sexuelles, etc.), ont d'ailleurs tendance à se multiplier, et la recherche génomiques sur le vieillissement vise en grande partie la longévité confortable. Si la médecine cherche toujours à guérir des maladies, elle vise aujourd'hui également à améliorer le fonctionnement de la personne (y compris son apparence corporelle). Ces transformations impliquent une réflexion un peu moins moralisatrice sur la notion de confort et sur le statut des médicaments psychotropes, c'est-à-dire sur les multiples manières dont les technologies investissent les corps et sur ce que cela fait à l'humain. Est-on en effet sûr de savoir de quoi on parle quand on emploie les mots "pathologie", "thérapie", "guérison" ? » (p. 18)
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4. « Dans la dépression, à chaque idée vient s'opposer une idée contraire ; à chaque phrase, une antiphrase ; à chaque impulsion, le sentiment antithétique de l' "à quoi bon ?". L'inertie apparente n'est alors que le résultat d'une mise en doute infatigable, quand tout désir de faire est neutralisé, quand la capacité de décider – c'est-à-dire de se porter en avant de soi-même – est malade. La prétendue "énergie" physico-mentale dont le XIXe siècle (Balzac...) a aimé entretenir l'image n'est pas là en cause. Ni son cubage ni son débit ne sont réduits ; sont atteints plutôt les rythmes internes, la possibilité d'ordonner ou de faire se succéder les impulsions. Désormais, ce sont des hoquets, des secousses contradictoires qui s'annulent, provoquant étranglements ou tournoiements. L'homme déprimé que l'on voit tout à coup s'arrêter ou se prostrer, comme frappé d'inertie, ne subit pas le tarissement d'un flux interne. Ce qui l'arrête et retient ses pas, c'est une idée ou une représentation, un souvenir, une parole qui ne veulent pas venir à l'expression, mais seulement barrer un chemin. » (p. 206)
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3. « Cette logique est bien sociale dans la mesure où on peut référer ces délires aux situations sociales dans lesquelles ils émergent. Et, de ce point de vue, ces délires ne constituent qu'une version pathologique marquée par l'auto-illusion et la rigidité des convictions, de constructions identitaires auxquelles les homeless non malades mentaux procèdent pour avancer dans les espaces stigmatisants dans lesquels ils se trouvent rélégués.
Le délire est, dans ce contexte, à la fois symptôme et ressort identitaire. C'est un construit social, là aussi, et qui suppose, là aussi, le jeu de boucles rétroactives. Mais celles-ci recyclent moins des classements psychiatriques que des statuts sociaux incarnés, qui en déplacent d'autres. Comme dans le cas des symptômes de maladies "réelles", le sujet peut jouer avec ou s'incorporer ces statuts. Ils deviendront alors autant de ressources mobilisées dans le cadre des interactions quotidiennes, et qui lui permettront d'y répondre ou d'y trouver ses points d'appui. Un autre type de récurrence et de boucle se profile donc. » (pp. 154-155)
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1. « La difficulté réside dans le fait que la pathologie mentale touche ce qui constitue la dimension proprement humaine du vivant animal : l'intentionnalité (désirs, volontés, croyances, raison et raisons, etc.). La pathologie mentale désigne la désorganisation de cette intentionnalité. D'où la lancinante question diagnostique qui traverse toute l'histoire de la psychiatrie : comment objectiver le subjectif ?
[…]
Toute maladie met en jeu une personne qui souffre ou a des symptômes, voire des signes subcliniques. La psychiatrie, elle, concerne une classe particulière de pathologies : la capacité du sujet d'évaluer correctement le "lui-même" qui souffre. La psychiatrie est à la fois médecine comme une autre et autre que la médecine. » (pp. 10-11)
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