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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Négatif, inspiration


[…]
6. Femme incertaine
Extrait 3

Elle prend la tangente. Voyage géométriquement, emprunte les diagonales, construit des hauteurs, tombe toujours de plus haut, tourne avec circonférence, heurte les rayons. Elle copie elle recopie elle photocopie elle entasse les malles sont pleines elle écoute elle répète c’est une prof perroquet. Elle ne cesse de perdre ses vélos, elle crève sur du verre, elle pressent le choc, un piéton une voiture quelque chose fait qu’on glisse, déjà son corps ne vibre plus. Pavés. Elle a tellement peur de perdre ses jambes et la tête. Elle trouve des clés mais les serrures sont montées à l’envers, les poignées, les poignets, le corps et les choses, mais que faire de tous ces signes serpents sifflés. Lorsqu’elle doit expliquer elle tourne auprès mot clé le mot sur le bout d’une langue, elle ne sait pas si elle peut entrer dans le concept elle essaie un conte. Elle a très peur de barbe-bleue. Elle est l’une de celles qui veulent découvrir le secret derrière la porte. Elle est celle qui est morte, qui pourrit, celle que personne ne pleure, la sœur de, la sœur qui, la sœur à venir, la sœur menacée menaçante. Sœur participe, le passé le présent, dans une langue autre on inventerait le participe futur l’épouvante du siècle.
[…]
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Tirage, expiration


[…]
6. Femme incertaine
Extrait 4

copines au café rouge clair, écoute transversale
rideaux en bois velours vocal    ne suis qu’appel
rues dangereuses : laurel et hardy voisins hypocrites
auraient trouvé une pantoufle de verre sur l’escalier hlm

les corps travaillent les mains trient les gestes précis
envoyer écrire poster dans l’urgence flèches et lettres
empoisonnées, dit-elle, [ricine], enveloppées
test positif : l’encre réagit sur la peau — elle est donc coupable
si secrète


à l’envers les familles s’éteignent, province, pendant que les enfants
apprennent à l’endroit ce qui au cœur n’est pas centre — paris ?
continuité du brouillage, corps plein déjà se vide
vers ce quartier berlinois, il s’exile, dans son ventre à elle
ça    saigne


donnez-vous aux fables qu’accomplit le temps
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Négatif, inspiration


[…]
6. Femme incertaine
Extrait 2

Elle en reste à l’évidence. Elle se fâche. C’est à la fois simple et compliqué. Elle croit savoir ce qu’elle veut dire mais elle ne trouve plus les références, elle perd les pages, elle cherche des heures dans les romans jaunes, elle lit les notes et les appendices, elle recopie les préfaces, elle se promène autour du livre, elle le visite rarement, elle multiplie les croisements en mont et en aval, elle ouvre ses yeux dans leurs yeux mais rien n’y accède personne ne cède. Les autres avec pondération organisent leurs pensées en phrases. La forme classique éconduit les doutes : ils ont l’art, l’intelligence, la manière, ils composent, ils exposent, ils paraissent satisfaits, ils dorment ils mangent ils baisent ils enseignent.
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Négatif, inspiration


[…]
6. Femme incertaine
Extrait 1

Elle scotomise, petits arrangements avec le réel, bifurcations vers l’impossible, l’art et la diplomatie, maladresses, résistances : elle contraint la langue à ne pas voir, elle cache l’oubli dans le vaste palais, elle ment sur les chiffres (elle confond les chiffres dans les nombres), de même elle ne saura jamais expliquer la différence entre métonymie et synecdoque. Son père l’a giflée au nom d’homère depuis elle ne retrouve plus le visage d’ulysse : il se confond sur terre avec celui du prince de h[o]mbourg.
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J’aime votre féminité salée


Extrait 4

 Vous écrivez depuis la main. Je l’imagine saisir l’invisible à côté de la vaisselle ébréchée. Je la vois dessiner une manière si spéciale de vivre. Je la découvre empreinte de forces neuves trouvées dans un jardin. Je la sens au bord de l’effacement qui ne se produira pas. Vous écrivez en névralgie, vous semez, vous déjouez.

 Je vous aime d’un amour de femme : lutte discernée, renoncement aux cieux, renversement général.
      J’écris depuis la certitude de votre être.
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UNE PRESQU’ ÎLE. Presqu’elle, presqu’il.


Extrait 5

Aimants. Nous avons pêché par la parole. Trop expliqué,
trop articulé. Laissons crouler le silence. La paix
continue la guerre. « silence, mon amour, laisse agir ma
colère. » Des revenants meurent une première fois dans
le visible, une seconde contre la peau d’un visible. Dans
la librairie ce sont toujours les corps qui parlent à
travers les livres, masques et visages sur les murs les
tables les plafonds dans les mers en dépit des voix. Dans
mon corps tu rêves d’autres bibliothèques.
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J’aime votre féminité salée


Extrait 1

Vous écrivez depuis le Sud, avec ce que le Nord imagine : chaleur, olives, sieste, ville ouverte à la mer, ciel au plus près du sol, poussière, banlieues magnifiques, bibliothèques volées, tilleuls éclaboussés de peinture, amis et galeries, architectures orangées. Vous écrivez depuis un féminin engagé par une maladie et son histoire, un féminin jamais contraint, et ce malgré la loi, les notes, l’institution, les bien-pensants. Vous écrivez depuis une famille et un nom : parents, frère, amants, jumeaux indiscrets : on n’a qu’un nom : on y meurt on y enrage : aucun nom n’y parvient : ni substantif ni nom propre : un nom pour toute une vie de livres, toute une vie dans les parallèles : un autre livre s’écrit dans la vie : respiration, livre : si je devais vous choisir un signe de ponctuation : les guillemets d’une langue toujours écrite dans la poussière.
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J’aime votre féminité salée


Extrait 3

 Vous écrivez depuis des filles qui cherchent la femme. Des filles à tête de femmes. Des filles à épaules d’homme. Des filles à cris d’enfant. Des filles cassées et remontées : buste animal, voix mixtée, cheveux orphelins, poitrine déséquilibrée. Vous écrivez l’orpheline qui a trouvé la couleur du manque : le rouge tel que le fruit l’invente, celui qu’aucun sang ne fait couler. Vous écrivez depuis l’accident : crevasses, prurits, psoriasis, ça gratte en vous sans savoir ce que ça va gratter. Des sales histoires qu’on arrache aux journaux et aux faits-divers, des histoires que la prose ralentit et que le vers fracture, des histoires qui inventent d’autres crimes pour dévier l’amour en haine.
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QUAND TOUT EST CACHÉ



Quand tout est caché il n'y a plus de relation logique, les connecteurs disparaissent, les phrases complexes et les propositions coordonnées n'existent plus. Les silhouettes des corps fuient dans l'ambre des mots que l'ombre colore.
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UNE PRESQU’ ÎLE. Presqu’elle, presqu’il.


Extrait 3

Polarité un. Ma peau se décolore comme celle de mon
père ; je suis rassuré de lui ressembler, consterné d’être
si proche alors que j’ai tant fait pour éloigner son
avarice. Je regarde le monde à travers ce que tu m’en
dis : tes archives sonores. De la radio tu ne retiens que
le timbre des voix. La musique ne peut qu’être celle de
l’adolescence : confluence des malaises. Oublie les
morts pour les vivants. De nouveau personne ne sait si
c’est le tu ou le je qui domine. Pourtant chacun sait qu’il
y a domination. Quelque chose en quelqu’un contraint
quelqu’un. Je ne sais plus quelle est la chose de l’un.
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