Dans la culture ilnu, le cercle est partout. On le voit dans le soleil, on le voit dans la lune, on le voit dans la terre. Pour nous, le territoire se perçoit toujours de manière circulaire. Le cercle se divise autour des quatre points cardinaux: le nord, le sud, l’est et l’ouest. Et ces quatre points cardinaux constituent les composantes de notre territoire et de notre vie en forêt. Mais, le cercle, c’est aussi le monde animal, le monde humain, le monde des arbres, le monde de la terre, si l’on peut dire... Ces quatre composantes constituent un cercle; l’équilibre de tous ces éléments est indispensable au maintien même du cercle.
La première fois que j’ai monté les rapides, j’avais fait un bon boutte. Mon père l’a monté. Il y avait toute la famille dans le canot; il y avait tous les enfants et ma tante. Je me suis essayée à nouveau pour monter les rapides. J’ai donné un bon coup de bras pour embarquer sur le dessus de la petite pointe, c’est là que c’était dur. J’ai réussi. J’étais fière de moi. C’est comme ça que je me suis habituée. Il fallait que je le fasse. Quand tu n’es pas habituée, ça ne marche pas. J’étais encore assez forte pour faire ça et je n’avais que 14 ans.
Le message que madame Siméon donne à toute notre génération est clair. Si on veut survivre, il faut garder nos traditions. Il faut continuer de mettre en valeur ces territoires ancestraux qui sont nôtres depuis plus de 5 500 ans. Il sera nécessaire, cependant, de développer des pratiques nouvelles car toute la vie en forêt est sou-mise à des pressions extrêmes. Pour nous, autochtones, tout consiste à recréer un équilibre autour du cercle, ce cercle qui s’inscrit profondément dans notre culture.