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Citation de normananne


Des rayonnages démesurés s’alignaient à perte de vue. Le conservateur m’avait donné quelques indications pour accéder aux compartiments où étaient stockées les créations des vingtième et vingt-et-unième siècles. L’entrée des réserves se situant à l’aube des âges historiques, il était normal que le trajet fût si long. Je progressais dans les couloirs du temps, ne percevant que les ombres de l’histoire. La présence de ces milliers d’œuvres et d’objets était d’une densité presque suffocante, comme si les âmes de ceux qui les avaient créés m’agrippaient au passage. Le plus impressionnant étaient certainement les regards bidimensionnels que je croisais, rendus un instant perceptibles par la lueur vacillante du stylo infrarouge que m’avait procuré le service technique du musée. Son intensité était très faible afin de préserver des œuvres maintenues dans l’obscurité depuis des centaines d’années, parfois même plus.
Les mains engourdies par le froid, la jointure des doigts blanchie par la crispation, je me concentrais sur mon objectif. J’accélérais le pas avant de m’arrêter quelques instants devant une œuvre dont l’image m’était familière. Il s’agissait d’un Puvis de Chavannes, un artiste sur lequel j’avais eu l’occasion d’écrire plusieurs articles à la fin de mes études. J’avais enfin atteint le dix-neuvième siècle. Plus que quelques décennies à franchir ! À peine une centaine de mètres avant d’arriver à la période que j’avais choisie comme point central de mes recherches, mais surtout comme issue au monde mortifère dans lequel l’humanité croupissait depuis des siècles.
Je désirais percer les mystères des créations de cette époque énigmatique, dépeinte par beaucoup comme un hybride de génie et de barbarie extrême. J’étais convaincue que la clé de l’âme humaine était cachée dans ces années qui devaient marquer le début d’une ère nouvelle. Celle d’une réalité dans laquelle, près de 600 ans plus tard, nous nous disloquions chaque jour davantage. 
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