Depuis son plus jeune âge, il avait reçu des coups, qu’il avait bien rendus. Il avait volé et tué pour survivre. Et elle qui avait grandi dans le confort d’une famille, aujourd’hui, lui ressemblait, comme si la vie à un moment ou un autre, ne voulant plus se montrer bienveillante, vous obligeait à lutter et à haïr pour ne pas sombrer.
Quand l’anarchie règne dans le pays, nous, les voleurs, nous en tirons des avantages ! Les peureux sont prêts à tout pour sauver leur pauvre vie et avouent facilement où leur or est enterré. L’argent n’a pas de religion.
L’avenir appartient à ceux qui feront taire leurs convictions religieuses. Trop de guerres ont déjà endeuillé notre pays. Nous vénérons le même dieu et cela devrait nous suffire.
Se montrer était le passe-temps favori des oisifs, qui agitaient une main énervée en direction de la huée de mendiants, pour la plupart des enfants, qui tournoyaient autour de leurs habits bien chauds. Ils ignoraient encore que les doigts experts les avaient déjà délestés de leur montre ou de leur bourse. Ils plaisantaient sur le petit peuple, prétendant que la faim aiguisait leurs mauvaises dents et n’hésitaient pas à flanquer des coups de pied dans les petites fesses maigres.
Les souillons prétendent que les rondeurs plaisent aux hommes. Ils prennent cela pour de la douceur.
L’homme, ma chérie, est un chasseur dans l’âme et nous, les malheureuses femmes, nous constituons son gibier. À toi de lui prouver qu’une biche est une proie plus noble qu’une stupide lapine.
Elle était jolie, bien plus que toutes les filles qu’il avait croisées. Seulement, ils appartenaient à deux mondes différents et il ne devait pas l’oublier.
Je vous crois. Une tête si jolie ne peut pas avoir inventé une histoire aussi odieuse.