AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de babel95


- A votre avis, comment les gens survivraient-ils dans les taudis s’ils n’avaient pas le sens de l’humour ? Sans un certain sens du ridicule, sans un minimum de présence d’esprit, ils mourraient. Vous ne comprendriez pas le marchand des quatre saisons, les prostituées, les receleurs, mais si c’était le cas, vous les trouveriez drôles : féroces, sans merci, et ne s’attendant pas à ce qu’on leur fasse grâce, inventifs, cupides, mais souvent amusants. C’est l’univers dans lequel ils vivent. Les faibles et les traitres meurent.
- Et les malades, les orphelins, les vieillards ? demanda-t-elle. Comment envisager leur situation avec humour ?
- Ils meurent, exactement comme dans votre milieu. Répondit-il. Leur fin est différente, c’est tout. Qu’arrive-t-il à une femme divorcée dans votre monde, ou à une femme qui a un enfant illégitime, à une femme dont le mari meurt ou ne peut plus payer les factures ? Il est poliment conduit à sa ruine et souvent acculé au suicide. Pour vous, ces gens-là sont perdus le jours de leur disgrâce. Vous ne les croisez plus dans la rue. Vous n’allez plus leur rendre visite. Ils n’ont pas la possibilité de travailler, les filles ne peuvent plus se marier, les commerçants ne leur font plus crédit. C’est un autre genre de fin, mais bien souvent une fin inéluctable, comme partout ailleurs.
Il n’y avait rien à rétorquer. Charlotte aurait voulu fulminer, nier ou bien justifier cet état de choses, mais elle savait au fond d’elle-même que c’était vrai. Des bribes de souvenirs lui revenaient, des gens dont on ne parlait plus, qu’on cessait subitement de voir.
Pitt lui toucha doucement le bras, lui transmettant sa chaleur.
- Je suis désolé, Charlotte. Je n’avais pas le droit de parler comme si c’était votre faute, comme si vous preniez part à cet état de fait, volontairement ou consciemment.
- Cela ne change rien, n’est-ce-pas ? dit-elle sombrement.
- Non
- Racontez-moi certaines de vos anecdotes. Je crois que j’en ai besoin.
Il se laissa aller en arrière, retira sa main. Elle eut froid, soudain. Elle aurait dû prendre ombrage de son geste familier. A sa grande surprise, elle constata qu’il n’en était rien.
Commenter  J’apprécie          160





Ont apprécié cette citation (12)voir plus




{* *}