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Citation de enisab


enisab
04 septembre 2023
C'était un vent vénérable, un vent d'avant les hommes, un de ces grands diseurs qui aiment emprunter le lit des fleuves pour aller porter au loin le parfum des pays reculés. Ce vent-là venait parler d'une mer froide, qui s'écarte deux fois par jour pour libérer des champs d'algues longues, où le vent prend sa couleur, un peu rousse. Où le vent prend son esprit. On ne sentait pas qu'il venait de loin, ce vent, encombré qu'il était de fumées lourdes, de charbons, de fritures qui s'étaient accrochées à lui tandis qu'il remontait le fleuve, avec le tannin des trains de bois, le remugle des tanneries, qui pendouillaient comme le chiendent sur sa laine fluide. Dont il ne pouvait se défaire. Mais comme son chant restait beau, sous ses oripeaux d'odeurs, la flatulence des industries. Étayé de rafales et de bruines, il balayait la ville d'une promesse de mer large qui faisait ruisseler les immeubles comme des rochers entre deux flaques, réveillait des clapotis sur la crêtes des pavés, invoquait l'esprit d'une baleine qui remontait l'avenue lentement, suivie de quelques poissons.
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