Anne Stamm

Nulle part la société ne se limite aux vivants :
elle comprend aussi bien les défunts que les enfants à naître,
à l'image de l'arbre qui ne se limite pas au tronc, lequel est cependant essentiel,
qui plonge ses racines dans le sol où reposent les ancêtres
et prépare dans ses bourgeons l'à venir des saisons prochaines.

Partout la vie est conçue comme un cycle dont la mort est un avatar,
un moment d'arrêt comparable au séjour de la graine dans la terre.
Partout le mort devient ancêtre à quelques exceptions près :
est exclu de cette qualité celui a succombé à la lèpre,
le criminel, celui qui est mort sans postérité,
ou celui qui est enterré à l'étranger.