Aujourd'hui il n'y a qu'elle et moi. Il fait très froid, elle a enroulé son écharpe deux fois autour de son cou: ça accentue la fragilité de sa silhouette, son côté longiligne qui me fait tourner la tête quand j'y pense. Je ne dis rien, je la regarde sans bouger. Et quand je rentre, je me traite d'idiot, parce que ce dont je rêve, justement ce n'est pas de la regarder sans bouger : c'est de l'entourer de mes bras et de la serrer bien fort, comme un noyé attraperait la perche qu'on lui tend. Elle me sauve, Ana Luisa. Elle est ma force neuve. Elle me sauve juste parce qu'elle existe, et je n'arrête pas de m'en étonner.