J'ai moi aussi le sentiment que la guerre n'est pas terminée, par moments. Quand mon fils Ian est mort aux côtés de son père, à El-Alamein, les gens qui me présentaient leurs condoléances ajoutaient souvent : "La vie continue", pour me réconforter. Quelle bêtise, me disais-je. Bien sûr que non elle ne continue pas. C'est la mort qui continue. Ian est mort, et il sera encore mort demain, l'année prochaine, à jamais. La mort est sans fin. Mais peut-être y aura t'il une fin à la tristesse. La tristesse a englouti le monde comme les eaux du Déluge. Il faudra du temps pour qu'elle reflue. Mais, déjà, on peut distinguer des ilots... D'espoir ? de bonheur ? d'une chose de cet ordre là, en tout-cas. J'aime vous imaginer debout sur votre chaise, tentant d'apercevoir le soleil tout en évitant de poser les yeux sur les monticules de gravats.