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Critiques de Anthelme Hauchecorne (318)
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Journal d'un marchand de rêves

Bienvenue au pays des rêves! Attention cependant : on n’est pas au pays des rêves bleus, mais dans l’univers glauque de quelqu’un qui aurait un poids sur la conscience. Walter Krowley intègre le boudoir qui mène dans un monde peuplé d’Outlaws, de Poltrouilles et où les héroïnes ont plus à voir avec Demi More dans A Armes égales, qu’avec Sissi impératrice. Confronté à des hordes de créatures peu amènes, parmi lesquelles il devra faire le tri entre alliés et ennemis, il traine aussi comme un boulet une chimère inquiétante : son Ça. Le travail est colossal, décrypter les signes, déjouer les pièges, et trouver la manne qui est à la source de son inspiration créatrice, une substance hautement addictive et convoitée : du sable. Tandis que peu à peu, de révélations en énigmes, un secret sans doute à l’origine de cette épopée onirique sera dévoilé.



Dans un décor steampunk, foisonnant de trouvailles esthétiques mais aussi symboliques, on accomplit un voyage extraordinaire. Très visuel, bourré de références, littéraires, musicales, cinématographiques, l’ensemble est dense. Hormis un passage aux trois quarts du roman où l’on aimerait bien que cela avance un peu plus vite, impossible de s’ennuyer. D’autant que l’écriture est à la hauteur : rythmée, drôle, avec des dialogues percutants, et le sens de la formule. Quel talent!



Et ces décors ne sont pas là que pour faire joli, une vraie histoire, un scénario solide assoit l’édifice, du dramatique accident initial, au dénouement peu prévisible, on est mené pieds et poings lié dans ce récit fantastique qui pour moi, est un modèle du genre.





Merci à Babelio et aux éditions French Pulp pour cette belle découverte.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Moitiés d'âme : Chroniques des Cinq-Trônes

Si je te dis “trône” et “hiver”, tu penses soit à une épidémie de gastro, soit à la saga de George Martin dont le prochain tome paraîtra en l’an 2146. La première option, je ne m’étalerai pas dessus, elle le fait très bien elle-même. Quant à la seconde, plus besoin d’attendre le winter qui n’en finit pas de coming. Il est là, l’hiver, dans ce pavé de cinq cents pages.





Philippe ! C’est ce que je me suis écrié en reposant le bel et bon(1) Moitiés d’âme. Ce bouquin vaut ses vingt boules, aussi bien comme objet qu’au poids ou pour son contenu.

Édition grand luxe, avec une couverture et une quatrième qui tapent dans l’œil, tranche de gouttière illustrée, ruban marque-page, une jolie carte du monde à l’intérieur, des en-têtes de chapitres ornés de trônes, une police de caractères pleine de ligatures dans le style de La Pléiade, ça, c’est du beau livre !

Des fois que l’épaisseur du bouquin te rebute, rassure-toi. Moitiés d’âme n’est assommant que si on l’utilise comme projectile. À la lecture, le mastard passe crème. Rien à jeter, chaque passage est là pour une bonne raison, sans longueurs ni remplissage superflu.

Le roman forme un tout et se suffit à lui-même. Une bonne chose, parce que je suis gavé des “premiers tomes d’exposition”, noircissage inutile de papier pour mettre en place trois éléments et demi hyper dilués, avant que l’histoire ne commence à décoller au deuxième volume. Du travail de bras cassé, aussi bien côté auteur que côté éditeur, qui revient cher pour le client en temps de lecture et en argent ainsi qu’en patience entre deux épisodes. Donc bon point pour Moitiés d’âme, qui propose une histoire complète avec un dénouement, sans cliffhanger en mode “je t’ai bien eu, rendez-vous dans un an ou deux quand j’aurai écrit la suite”.

Trois autres titres sont prévus pour former une tétralogie : Les Chroniques des Cinq Trônes. Quatre tomes, cinq trônes, qui sera le perdant au jeu des chaises musicales ? Les paris sont ouverts. Enfin en attendant, si jamais la série s’arrête pour raisons x, y ou z, ou met des plombes à se poursuivre, au moins on n’aura pas l’impression de s’être fait voler sur la fin.

(Pour gagner du temps, je vais même te la raconter, la fin : le coupable est l’archimage Moutarde avec la boule de feu dans le laboratoire d’alchimie.)





De quoi z’est-il question dans Moitiés d’âmes ? De liaison dangereuse, de magie (la mägerie), de fées (les Faëes) et de trémas gravitant autour du couple formé par Liutgarde et Rollon. Les tourtereaux, biclassés mäges-romanichels, circulent au sein d’une caravane qui ne dépareillerait pas dans le jeu de rôle Hurlements, entre sa galerie de personnages travaillés et les tonnes de secrets planqués dans chaque roulotte. Rollon est en indélicatesse auprès de ses anciens maîtres de mägerie, Liutgarde est coursée après avoir fui un mariage forcé, leur histoire d’amour branlante se voit compliquée par la présence de dame Hölle, une Faëe pas trop portée sur la rigolade. Joyeux programme de péripéties annoncé !

Faut que je vous raconte !

Ou pas.

À voir défiler tant de mauvais papiers qui se croient – voire se croivent – obligés de te spoiler les trois quarts des bouquins, on en oublierait presque qu’une chronique n’est pas un exercice de résumé de texte au baccalauréat.





Or donc, Moitiés d’âme réunit tous les ingrédients d’un roman réussi. Tel un Vivaldi de la fantasy, Anthelme Hauchecorne construit son univers autour des quatre saisons. On visite ce monde original sans impression de déjà vu, sans finir non plus noyé sous deux mille milliards de détails inutiles. Pensée émue pour les foufous du world building, qui confondent roman et traité-de-géographie-manuel-d-histoire-guide-touristique, et te font perdre le fil du récit, écrasé par le décor. On sait ce qu’il y a à savoir et chaque élément fait sens par rapport à l’histoire et aux personnages. Rien de gratuit, tout sert (principe du fusil de Tchekhov) et en plus on ne voit pas les coutures. Jamais tu ne penses “tiens, s’il mentionne ça, c’est qu’il va s’en servir plus tard”. J’allais dire que la mécanique est camouflée dans la narration, mais encore mieux : elle s’intègre au récit. Pas de soudure mais un alliage, comme quand tu mélanges du cuivre et de l’étain pour couler du bronze.

Écriture de haute voltige tant sur le plan technique qu’artistique. J’avais déjà trouvé le gars Hauchecorne très bon sur Journal d’un marchand de rêves, excellent sur Le Carnaval aux Corbeaux et Âmes de verre, il a encore repoussé les limites. Mais où s’arrêtera-t-il ?

L’univers, encore plein de points d’interrogation une fois la dernière page tournée, donne envie d’en découvrir davantage dans les tomes suivants. Chaque personnage, tout en facettes et nuances, possède une profondeur rare. Jusqu’aux rôles secondaires qui ne se contentent pas de faire de la déco ou de se limiter à un rôle technique adjuvant/opposant. La langue est aux petits oignons (ça fera plaisir à Hannibal Lecter), riche, stylée, ciselée. La narration réalise un sans-faute, que ce soit l’intrigue, les dialogues, le rythme. Bref, tout témoigne d’une maîtrise parfaite de l’écriture. À l’arrivée, un plaisir de lecture que je n’avais pas ressenti depuis un moment.





À qui conseiller ce livre ? À tout le monde. Bon après, si tu es allergique à la fantasy, ça complique les choses et je ne peux rien pour toi. Mais sinon, vas-y franco ! Dès 15 ans d’après le site de l’éditeur. Je dirais même dès 10 ans, si tes gamins sont des mini-moi qui ont englouti les références du genre avant leur entrée en 6e. Sans limite maximale d’âge. Qu’on ne s’arrête pas au classement jeunesse (drôle d’idée que cette étiquette, à mon sens contre-productive mais passons…), Moitiés d’âme parlera aussi aux adultes à travers les différentes grilles de lecture qu’il propose.

Les relations humaines forment le cœur du propos, centré autour du couple Rollon-Liutgarde et du triangle avec dame Hölle (mais pas que, chaque protagoniste raconte à sa façon quelque chose sur le sujet). Un cœur complexe avec soixante-douze ventricules : relations amoureuses, dysfonctionnelles ou toxiques, engagement, trahison et confiance brisée, secrets et non-dits, complémentarité et dépendance, jalousie…

Par-dessus, la mägerie, “qui ne peut s’exercer qu’à deux” dixit la quatrième de couverture, amène une réflexion sur le pouvoir. La quête du toujours plus, la corruption qui découle de son exercice surtout s’il est solitaire, la tentation de la facilité quand il s’agit d’en abuser, l’échec écrit d’avance quand il fonctionne sur la base d’une opposition entre les parties prenantes. L’exercice du pouvoir nécessite harmonie et concorde.

Et c’est là qu’on voit que Moitiés d’âme relève de la fiction. Parce que dans le monde réel, la concorde a eu droit à l’aller simple au fond du trône avant de finir noyée sous la chasse des intérêts partisans.





Sur ces bonnes paroles, je vais rejoindre la mienne, de moitié d’âme, pour exercer à deux la mägerie du Printemps et son arcäne de la Sève.





(1) Note pour les ceusses qu’auraient pas compris l’allusion.

Philippe le Bon (1419-1467), duc de Bourgogne et papa de Charlie le Téméraire.

Philippe le Bel (1268-1314), roi de France, naquit dans la pourpre impériale. Sa mère l’installa sur le trône aux cris de “vive le roy ! vive mon baby Bel !”. Depuis, un fromage porte son nom pour commémorer l’événement.
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Moitiés d'âme : Chroniques des Cinq-Trônes

Ce roman est une pure merveille. L'idée de base - la mägerie qui ne peut être pratiquée qu'à deux par les humains, métaphore des relations de couple - est particulièrement bien trouvée. Et puis, comme toujours avec l'auteur, c'est brillant, avec un univers fouillé en toile de fond (et amené très intelligemment, distillé petit à petit au fil du récit), une intrigue prenante et riche en rebondissements, des dialogues savoureux, et surtout des personnages très humains, attachants et criants de vérité car montrés dans toute leur complexité, le tout porté par une belle écriture. C'est un pavé qui se dévore ! De plus, l'ouvrage en lui-même est très beau, soigné dans ses moindres détails. C'est un superbe objet-livre dont le contenu est à la hauteur de l'écrin.

J'ai vraiment apprécié l'atmosphère sombre et hivernale de l'histoire, ainsi que le fait que rien n'y soit manichéen. Avec sa dénonciation de l'individualisme en sous-texte, le roman est également porteur d'un message altruiste et humaniste. J'ai été particulièrement touchée par les toutes dernières lignes, la conclusion du récit est magnifique... Si le destin des personnages n'est pas complètement scellé au dernier chapitre, celui-ci ne nous laisse pas sur notre faim. Et l'on referme le livre en songeant que, lorsque l'occasion se présentera de nouveau (car, bien qu'il se suffise à lui-même, il s'agit du premier tome d'une tétralogie), l'on se replongera avec bonheur dans l'univers des Cinq Trônes...

Nul doute que cet excellent récit d'Anthelme Hauchecorne remportera des prix et le cœur des lecteurs.
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Journal d'un marchand de rêves

« J’ai séjourné en hôpital psychiatrique. Pas de quoi fouetter un chat sauf lorsque, comme moi, vous êtes fils de stars. Par crainte du scandale, mes parents m’ont expédié loin d’Hollywood, dans la vieille Europe.

Les meilleurs spécialistes m’ont déclaré guéri. En vérité, la thérapie a échoué. Les songes ont repris, plus dangereux que jamais."

Une 4ème de couverture alléchante, un défi dans un challenge à relever , ce roman semblait être fait pour moi. Malheureusement , je ne m'y suis pas trouvée à l'aise c'est le moins que l'on puisse dire , j'ai même beaucoup souffert à sa lecture mais cela n'est pas bien grave n'est-ce pas ? Malgré la frustration de la déception, je reconnais à Anthelme Hauchecorne beaucoup de brio, une imagination du feu de Dieu, une écriture fluide, une érudition de bon aloi bref du talent...
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Cercueil de Nouvelles, tome 1 : Baroque N'R..

Livre lu dans le cadre de la « Pioche dans ma PAL » de Novembre 2015 et du challenge ABC 2015-2016. Et pour une fois, ce livre y était depuis à peine un mois! Mais ça fera toujours un livre de moins, merci à Verdorie pour cette pioche.



Voici donc mes impressions pour chacune des nouvelles :

- Nuage Rouge : humour décapant et tournures de phrases très particulières faisant passer sans problème la vulgarité de celle-ci => coup de cœur car imagination débridée.

- Permission de minuit : histoire sympathique où un vampire fait un pari pour pouvoir se restaurer.

- Le jardin des peines : histoire sympa d'un jardin d'Eden pétrifié, à la mode rock et décalé.

- Courrières : bof... histoire glauque entre des mineurs (le métier), des adolescents, des démons et un ange au début du XXème siècle.

- Madone Nécrose : histoire particulièrement macabre sur fond de mort-vivant et d'une histoire d'amour qui tourne mal.

- Six pieds sous terre : bof bof... pas trop compris le but de cette nouvelle. Mélange de fantômes, de jeune handicapé et de maltraitance à l'école entre élèves.

- Fée d'Hiver : curieuse petite nouvelle avec comme toile de fond la 2ème Guerre Mondiale et un curieux jeu de mots.

- Le diable noir : conte nauséabond et cauchemardesque aux portes de Marseille en compagnie d'un voleur un peu trop zélé.

- Cons comme les blés : histoire bizarre mais complètement grotesque comme son titre l'indique, comment 2 profs font des cercles dans des champs et en pleine nuit, ayant pour seul but de prouver la bêtise des paysans...

- Noblesse oblige : très belle histoire dans un genre qui n'est pas habituel à l'auteur mais qui donne envie d'en lire plus.

- Trêves de comptoir : début sympa, un brin loufoque dans une parodie de super-héros, dont un plein de muscles mais rien dans le cerveau. Au final, histoire curieuse et assez inégale qui se termine un peu bizarrement.

- Logique d'ensemble : l'auteur a vraiment une curieuse imagination... Mélange de guerre en Irak et de fantastique où un soldat américain fait le saut de l'ange à cause d'un gremlin qui a saboté son parachute.

- Enjoy the silence : abandon pour cette nouvelle, thème ne m'intéressant guère : la téléréalité et les émissions du genre « Nouvelle Star », et l'envers du décor de celle-ci.

- L'Internat de Tatie Billot : histoire particulièrement gore où des jeunes enfants vivent dans un orphelinat des plus bizarres.

- Fleurs de cimetière : bof, pas compris le but de cette nouvelle.



Bémol pour l'éditeur, j'ai relevé beaucoup de points qui m'ont fait douter de l'efficacité de celui-ci. Des coquilles énormes pour certaines nouvelles : où pour « ou bien », quelle pour « qu'elle », arrêtes pour « arêtes », un mot en trop, « ses jouent s'enflamment »... Par ailleurs, le 'making of' de ces nouvelles aurait pu se trouver à la fin de chacune d'entre elles plutôt qu'en début de volume ; il y en a également une qui est mal placée par rapport à l'ordre des nouvelles. Ensuite, la table des matières est complètement fausse car chaque page mentionnée correspond à la nouvelle d'après (tout est décalé à cause d'un bon numéro de pages manquant en début de celle-ci). La page mentionne en fait la fin de la nouvelle précédente car il y a un décalage de 2 pages par rapport au vrai début de chaque nouvelle. Problème d'impression ? Vraiment dommage pour un livre coûtant 15,5€... Le dernier point vient des notes de fin de pages commençant à #20 pour les nouvelles, au début j'ai pensé que l'éditeur avait fait un copier/coller de la nouvelle et en fait, cela vient du making of qui en a également. Pour ma part, j'ai lis celui-ci après avoir lu les nouvelles et non avant...



Comme vous l'aurez compris, ce « cercueil de nouvelles » n'a pas été la bonne découverte que j'espérais à part pour la première nouvelle à l'humour décapant et la dixième. Pour le reste, elles font plus partie du style horrifique que réellement du fantastique et du merveilleux annoncés en 4ème de couverture. Du coup, j'ai été assez déçue par l'ensemble des nouvelles auxquelles je n'accrochais pas du tout. L'imagination de la première me donne quand même envie de découvrir son roman « Âmes de verre » car l'auteur a une imagination des plus particulières quel que soit son style d'écriture. Je vous conseille néanmoins de découvrir ce recueil de nouvelles, vous y serez peut-être plus sensibles que moi car à voir les autres appréciations, je suis la seule qui dénote...



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Journal d'un marchand de rêves

J'ai lu presque tous les romans d'Anthelme Hauchecorne (il me manque juste le premier), je ne pouvais donc pas rater ce tout nouveau livre ! Je découvre par la même occasion la maison d 'édition L'atelier Mosesu et sa collection Pepper dirigée par Sophie Jomain.



Le premier contact avec le livre nous plonge carrément dans l'ambiance, la couverture est magnifique, sombre, mystérieuse. Les engrenages laissent présager un peu de mécanique, de rouages. Il y en aura en fait beaucoup. Deuxième pas dans cette histoire mystérieuse, les premières pages où l'on rencontre notre narrateur et héros Walter Krowley, qui prépare une éloge funèbre, pour une amie et peut-être finalement pour lui... Sacré introduction.



"Par où commencer ?



Peut-être par mon premier séjour en hôpital psychiatrique ?



Ce jour fatidique où j'ai compris que ma vie empruntait la mauvaise pente..."



Il va donc nous narrer ses mémoires...



Et là je dirai bien : je sèche.



En effet, il m'est bien difficile de parler de ce livre tant son atmosphère et son histoire sont spéciales ! Walter Krowley nous fait pénétrer à sa suite dans un monde qu'il ne peut visiter que quand il dort, Brumaire. Un monde étrange, un peu glauque, mais dont le champ des possibles est illimité. Un monde complexe aussi, on a du mal à appréhender ses lois, son fonctionnement. Mais un monde envoûtant, passionnant. Notre héros va y vivre des aventures étonnantes, rencontrer des personnages étranges. Mais ses journées ne seront pas vides et le récit de ses aventures diurnes s'ajoutent aux nocturnes pour nous donner une histoire certes alambiquée, mais passionnante.



Difficile, donc, de vous parler en quelques mots de Brumaire, de ses marais, de ses sables, de sa brume, de ses automates, de ses habitants... Difficile également de vous donner des indices sur l'histoire, il y sera question de survie, d'enquêtes, de drogues, d'inspiration, d'amour...



Il ne vous reste donc qu'une solution : le lire.



Je pourrai bien entendu vous parler aussi de la plume d'Anthelme Hauchecorne, toujours poétique, précise et dans ce récit facile à lire.



Je pourrai vous parler des personnages, des Outlaws déglingués, des héroïnes fortes en mécanique, en cambriole et en bagarre, de Walter Krowley et de son passé qui le hante...



Mais j'ai juste envie de vous dire : faites-vous votre propre idée, laissez-vous envoûter, vous aussi, par Brumaire.
Lien : http://www.leslecturesdemari..
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Noces d'écailles

Ayant déjà eu quelques coups de coeur parmi les publications du Chat noir, il n’a pas été difficile de me convaincre de contribuer au financement participatif de ce roman graphique : Noces d’écailles d’Anthelme Hauchecorne pour les textes et Loïc Canavaggia aux illustrations. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que si le visuel était déjà à la hauteur de mes espérances quand j’ai feuilleté l’opus, mais je me suis également beaucoup régalée avec les textes pendant ma lecture!



Au XIVème siècle, en Bourgogne, Aymeric Jodelet est un peintre déchu pour avoir percé à jour le secret du Baron de Beaumont. Privée de sa clientèle, il noie son désespoir et son ennui dans l’alcool, à l’auberge de son village. Mais un jour, bien éméché, il a failli éventer le secret et a été sauvé de justesse par son ami l’aubergiste. Cet incident ne tarde pas à arriver aux oreilles du Baron qui le condamne à la pendaison pour éviter tout nouveau risque de divulgation. Aymeric doit alors trouver refuge au coeur de la forêt interdite, dans les ruines du château de Ronsard. C’est là qu’il rencontre une mystérieuse jeune fille, sale et simple d’esprit, prénommée Gwybère…



Le récit principal prend la forme d’un journal biographique écrit par le peintre Aymeric et à destination de sa fille naturelle Constance qu’il a abandonnée des années plus tôt. Il est également entrecoupé d’archives de la Bibliothèque du Baron de Beaumont provenant d’une seule et même source : le Drachendämmerung. Cet ouvrage fictif met en scène les membres d’une guilde d’alchimistes qui auraient étudier les dragons pour parfaire leurs connaissances mais également la lutte de chasseurs spécialisés dans l’extermination de ces créatures. Quasiment chaque page est illustrée et chaque dessin est en rapport direct avec le texte que ce soit pour le conte principal (illustrations de la faune de la forêt, d’un bestiaire fantastique et des personnages principaux comme Gwybère, Aymeric, le Baron etc…) ou pour les archives (avec un rendu sous forme de parchemin et un bestiaire de dragons). Les dessins peuvent être soit de couleur, soit au crayonné sur un fond sépia qui laisse à penser à un cahier de croquis. Le tout donne un rendu très immersif dans l’univers imaginé par Anthelme Hauchecorne et Loïc Canavaggia.



Quant au texte, il possède plusieurs sources d’inspiration comme la Vouivre qui est une créature fantastique très présente dans l’imaginaire médiévale : il s’agissait d’un dragon ou d’un serpent ailé qui vivait près d’un cours d’eau et qui pouvait prendre l’apparence d’une jeune femme séduisante. Elle possédait également un bijou, l’escarboucle qui lui assurait l’immortalité. La Vouivre n’est pas sans rappeler l’Odyssée avec les Sirènes à tête de femme et à corps d’oiseau qui par leur chant attiraient les marins imprudents dans les récifs. Un autre épisode concernant le secret du baron m’a également fait penser au Roi Midas atteint d’une difformité qu’il essayait de cacher aux yeux de ses sujets ; un thème repris par la suite dans le cycle arthurien avec le roi Marc, l’époux légitime d’Yseult.



Pour finir, j’ai beaucoup aimé suivre l’intrigue de Noces d’écailles. Il possède quelques rebondissements et certains secrets sont révélés au fur et à mesure de la lecture. Quant à l’univers, il est fouillé et ne manque pas de profondeur. Les personnages sont également très bien esquissés et ne présentent aucun manichéisme. Malgré leurs défauts, le lecteur s’attache à eux.



En conclusion, Noces d’écailles est un roman graphique au visuel impeccable qui aide le lecteur à s’immerger dans un univers développé. Les dessins sont de toute beauté et en rapport avec le texte. Quant à ce dernier, s’il trouve ses inspirations dans la mythologie grecque et médiévale, l’intrigue n’en reste pas moins intéressante et les personnages bien écrits et agréables à suivre. Bref, un nouveau petit coup de coeur pour Le Chat Noir!
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Le Sidh, tome 1 : Âmes de Verre

J’entends parler d’Anthelme Hauchecorne depuis quelques mois. Mais qui peut bien se cacher derrière ce nom un peu étrange ? Curieuse de découvrir l’univers bien particulier de l’auteur, j’ai été ravie de gagner La Tour des illusions lors d’un concours organisé par Païkanne il y a quelques mois. Evidemment, je n’ai pas encore eu le temps d’ouvrir ce dernier et c’est donc avec Ames de verre, dernier-né de Monsieur Hauchecorne et premier tome d’une nouvelle série, que je plonge dans l’imaginaire de l’auteur et découvre sa plume.

Plus de 650 pages, c’est souvent (enfin pour ma part) un peu effrayant et l’auteur a intérêt à être sacrément bon pour m’embarquer aussi longtemps sans que je ne me décroche la mâchoire à force de bailler. Ici, pari réussi ! Les pages ont défilé rapidement devant mes yeux et je n’ai rencontré aucun temps morts. J’ai été happée très vite et n’ai pas décroché avant d’avoir tourné la dernière page. J’ai d’ailleurs été ravie d’apprendre qu’il s’agissait d’un premier tome et que la suite était en préparation. De futures bonnes heures de lecture en perspective !



Avec ce nouveau titre, Anthelme Hauchecorne nous offre une fantasy urbaine riche, complexe et passionnante. Il ajoute à notre ville contemporaine de Lille, un univers parallèle teinté de mythologie celte, que seuls les Eveillés (ceux qui possèdent la Vue), peuvent voir. Dès lors que vous avez gagné ce don (de naissance ou par « accident »), vous êtes en mesure d’apercevoir les Streums, ces monstres venus de l’Autre Monde (du Sidh). Tous n’ont pas le même aspect (une classification complexe et passionnante apparaît au fil des pages) et tous ne sont pas foncièrement mauvais (ou peut-être que si ?) mais chacun d’entre eux souffrent du Mallogène, cette faim qui les ronge et les oblige à s’attaquer aux humains (généralement) pour se nourrir.

Pour canaliser ces Daedalos (autre nom, plus « scientifique » pour désigner les Streums), une organisation secrète s’est mise en place au fil des siècles. Rassemblant des Eveillés plus ou moins désireux de combattre (tout un groupe d’Eveillés sont appelés les « Dormeurs » car ils préfèrent se creuser les méninges autour d’une table plutôt que d’aller en première ligne), la Vigie possède une hiérarchie bien définie et semble être toute puissante…

Je pense qu’avec ces quelques lignes, vous percevez la complexité et la richesse du contexte mis en place par Anthelme Hauchecorne. Et c’est ce que j’ai préféré dans ma lecture. J’en ai assez des livres « jeunesse » qui restent en surface et se contentent de poser des bases peu expliquées pour rester « crédibles »… quelle joie de tomber sur un univers dense, fouillé, réfléchi et maîtrisé ! Et je suis sûre qu’il recèle encore bien des surprises que j’ai hâte de découvrir dans le deuxième opus !



Les premières pages peuvent sembler un peu sibyllines mais Anthelme Hauchecorne maîtrise la structure de son récit et nous apporte les informations au compte-goutte, ni trop ni trop peu d’un coup. Vous trouverez des renseignements plus ou moins détaillés dans le récit « principal » mais également et surtout dans les extraits du « Codex Metropolis » (livre rédigé par les premiers Piliers de la Vigie dont le premier tome est offert à la lecture des Recrues, à leur arrivée). Le lecteur se retrouve ainsi complètement transporté dans cette ville de Lille, intègre et digère toutes les informations sans problème, au fil des pages. Il me tarde très sincèrement d’avoir la suite entre les mains pour pouvoir retrouver toute cette faune, tout cet univers si bien amené.

D’ailleurs, l’auteur nous tisse une atmosphère bien particulière pour englober tout ce petit monde. Durant toute ma lecture j’ai eu l’impression d’avoir un voile gris, une sorte de crachin devant les yeux. Comme si la ville de Lille était constamment plongée dans des teintes sombres et tristes où ne parviennent à survivre qu’une population un peu punk, un peu destroy. C’est vraiment comme si on se glissait dans les entrailles peu accueillantes, glauques de la ville, comme si on découvrait tous ses mauvais côtés. Attention, âmes sensibles, s’abstenir, quelques scènes retournent légèrement l’estomac.



Dans ce premier tome, Anthelme Hauchecorne s’attarde sur deux personnages « principaux ». D’une part Camille, une jeune fille Eveillée, recrue pour la Vigie, qui tente de devenir Chasseuse. Elle est à l’épreuve depuis un an mais on ne lui facilite pas la tâche. Pourquoi cherche-t-elle à tout prix à être initiée et à obtenir ce statut dangereux ? Pour avoir accès à l’En-deçà, la zone à moitié dans notre monde, à moitié dans le Sidh, où elle pourra trouver des informations sur son enfant, enlevé à la naissance. De son côté, Vincent, quarantenaire veuf, a perdu son ex-femme et sa petite fille dans des circonstances mystérieuses (circonstances qui seront élucidées au fil du récit). Au début on ne comprend ni pourquoi ni comment, mais il est impliqué dans l’enquête qui tourne autour du « Marchand de sable » et est donc destiné à croiser le chemin des membres de la Vigie. Sous ses airs de père de famille effondré par la perte des êtres chers, Vincent cache un côté très sombre…

J’ai particulièrement aimé les personnages créés par Anthelme Hauchecorne. Bien croqués, avec du relief, ils possèdent une personnalité complexe, un passé fouillé. De façon générale, j’ai préféré, il me semble, suivre les péripéties de Camille (peut-être est-ce simplement car il s’agit d’une figure féminine pas bien plus jeune que moi, à laquelle j’avais donc plus de chance de m’identifier ?) mais ne boudais pas mon plaisir lorsque je retrouvais Vincent et sa quête de réponses et de vengeance. Des personnages charismatiques et marquants qui, dans un contexte lui-même riche, offrent des aventures vraiment plaisantes à suivre.



J’en viens à l’intrigue en elle-même. On peut, je pense, la qualifier d’enquête puisque les personnages sont à la recherche d’un meurtrier qui ne laisse derrière lui, que du sable imprégné du sang humain des victimes (mais les corps sont introuvables). Vous vous doutez bien que les « Streums » ont quelque chose à voir avec toutes ces disparitions inexpliquées. Mais comment les histoires de Camille et de Vincent peuvent-elles être liées ? Voilà ce que le lecteur apprend au fil des pages.

J’ai particulièrement aimé le choix de l’auteur au niveau de la forme. Le point de vue omniscient permet en effet au lecteur d’être sur tous les fronts et de rassembler lui-même les pièces du puzzle pour résoudre l’énigme. Ainsi, selon les chapitres, on suit alternativement Camille et Vincent, leurs péripéties étant parfois entrecoupées par les extraits du codex Metropolis qui permettent de pointer du doigt quelques détails vu précédemment dans le récit.

A noter que les chapitres sont courts, offrant ainsi un rythme soutenu au lecteur. Rythme d’autant plus vif que la narration se fait au présent. Je suis souvent un peu fébrile face à cette utilisation du présent de narration qui n’est, contrairement à ce que l’on peut penser, pas du tout facile à maîtriser. Dans Ames de verre, rien à redire, les phrases coulent de source et c’est un plaisir à lire ! Et moi qui suis parfois un petit peu gênée par les interventions très « oralisantes » de personnages ; ici encore, j’ai trouvé les passages en registre familier tellement crédibles et ancrés dans l’ensemble que je n’ai jamais été dérangée.

Enfin, quelques mots pour signaler l’attention particulière accordée au livre en tant qu’objet : les extraits du Codex sont sur un fond grisé, de même que les extraits du journal intime de Vincent et plusieurs illustrations en noir et blanc (signées Pascal Quidault) viennent habiller le texte. En bref : une forme à la hauteur du fond !





Je crois, sincèrement, que je n’ai aucun point négatif à vous apporter. Je cherche, je cherche, mais je ne trouve pas. L’intrigue est peut-être un peu complexe à suivre dans la dernière partie, lorsque toutes les histoires s’entremêlent, mais ce n’est l’affaire que de quelques paragraphes pour que tout soit à nouveau clair dans nos têtes. De cette histoire, je retiens les personnages bien croqués, la construction maîtrisée de la narration et surtout, l’univers très riche mis en place par Anthelme Hauchecorne. Il me tarde de plonger un peu plus loin dans l’aventure et de découvrir d’autres Streums empruntés à la mythologie celte !
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Le Nibelung, tome 1 : Le Carnaval aux Corbe..

(...) ce livre est un très bel objet avec sa pagination et ses illustrations. On peut faire confiance à Anthelme Hauchecorne pour créer un univers glaçant, peuplé de personnages fantasques. Son écriture vous emportera sur des mers bien dangereuses pour les vivants, mais vous pourrez vous délecter de la richesse de son vocabulaire. Personnellement, une fin un peu plus synthétique m'aurait bien plu. J'ai hâte de lire le tome 2, afin de voir ce qu'il en est.
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Moitiés d'âme : Chroniques des Cinq-Trônes

Liutgarde, jeune noble, est tombée amoureuse du mage torturé Rollon qui a connu lui-même auparavant une faëe nommée dame Hölle à qui il avait promis un amour éternel, cette dernière continue donc de le tourmenter mais elle lui donne néanmoins la magie de l'hiver, ce qui donne à Rollon une puissance de mage extraordinaire. Ensemble, Liutgarde et Rollon descendent vers le sud avec des compagnons de voyage dans la forêt de Sylverëe, l'ancien royaume des faëes de l'hiver. Ils sont arrêtés à Löprönan où les seigneurs Gémeaux usent d'un odieux chantage : ils veulent connaître les secrets des arcanes de l'hiver, faute de quoi ils renverront Liutgarde à son premier mari, le seigneur de Pointesèche, un homme cruel dont elle n'a jamais divorcé de fait.

Un long roman d'heroic fantasy dans lequel s'affrontent fées, mages, humains. Possession, secrets, magie, trahison… personne n'est de fait celle ou celui qu'il paraissait être. Mais que de détours, de longues scènes de dialogues, souvent graveleux et de descriptions afin que l'héroïne s'aperçoive que son amant était possédé et en meure.

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Cercueil de Nouvelles, tome 2 : Punk's not ..

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de treize nouvelles qui se révèlent clairement variés et efficaces. L’auteur nous offre des textes mélange de sang, de sueur, de violence avec régulièrement un message fort et qui pousse régulièrement, sauf exception, à la réflexion. Alors, bien sûr tous les textes ne sont pas au même niveau et certains ne m’ont pas accroché, l’auteur se laissant parfois emporter par son message, mais au final je ressors de ma lecture satisfait en ayant passé un agréable moment, divertissant et captivant. Je continuerai sans soucis ma découverte d’autres écrits de l’auteur.



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Journal d'un marchand de rêves

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en lisant la quatrième de couverture. Parce que ce qui y est décrit ne laisse en rien préfigurer la moindre touche d'imaginaire, pourtant évidente puisque le livre est lauréat du prix Imaginales 2017... Bref, un mystère, quelque chose d'intrigant. Quelque chose que je devait lire absolument.

Le début nous plonge dans le quotidien ennuyeux et inaccessible d'un gosse de riche, qui fait les 400 coups avec son ami Trevor. Jusqu'au drame, celui qui va le faire basculer dans autre chose. Ses nuits ne seront plus jamais les mêmes.

Il est hors de question d'en dévoiler plus, sinon que l'intrigue nous emmène d'abord dans un univers de science fiction avec un système rigide et technologique. Mais bientôt, vient le chaos, un univers où seule prime la loi du plus fort, un far west onirique rempli de dingues à la gâchette sensible. Notre héros va alors se trouver l'enjeu d'un système qui le dépasse passant d'un camp à l'autre et devenant malgré lui une pièce essentielle de l'aventure.

J'ai adoré ce roman, tellement aimé que j'ai eu du mal à le quitter. J'aurais aimé continuer ma route en Ever, en savoir plus sur ses protagonistes, mais aussi sur le monde de l'Ever en lui-même, tellement riche en possibilités.

Alors maintenant, fermez les yeux et plongez dans l'aventure des marchands de sable.

Merci à Netgalley et à French Pulp éditions pour ce voyage dont on ne ressort pas indemne.
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Le Nibelung, tome 1 : Le Carnaval aux Corbe..

Dans les songes brumeux naissent les pires cauchemars accouchés des échos de vielles légendes. Entre épouvante et farces grimaçantes, les aventures de deux adolescents mèneront vers un secret millénaire ainsi qu'aux rouages de la vie et de la mort elles-mêmes... Suivez donc la plume noire d'Anthelme Hauchecorne entre les citrouilles grimaçantes, et pénétrez sous les chapiteaux de l'abracadabrantesque carnaval !


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Le Sidh, tome 1 : Âmes de Verre

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman qui, surprendra peut être lors des premières pages l’auteur jouant avec le lecteur, mais qui offre une histoire nerveuse et entrainante, certes, au rythme parfois un peu saccadé la faute aux passages concernant le codex parfois mal imbriqués. L’univers ne manque pas d’intérêt, un univers sombre, angoissant dont l’auteur a vraiment réussi à donner vie et qui est parfaitement étoffé justement avec ce codex. Les personnages ne manquent pas d’intérêt et se révèlent complexes, mais voilà je n’ai pas réussi à vraiment complètement m’accrocher à eux, la faute à une certaine arrogance et une certaine bêtise qui, limite, les force à faire toujours les mêmes conneries. La plume de l’auteur est vraiment fluide et entrainant, dommage que les réflexions sur la société qu’il cherche à mettre en avant sont plus assénées qu’argumentées.Ce premier tome est loin d’être parfait, possède ses passages accrocheur et ses passages plus mous, mais m’a tout de même donner envie de lire la suite.



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Cercueil de Nouvelles, tome 2 : Punk's not ..

Si, quand vous étiez petit, vous aimiez bien les monstres*, et que vous rongent des mondes possibles et des envies d'ailleurs: bienvenue dans la prodigieuse parade d'Anthelme Hauchecorne. Tour-à-tour drôle, merveilleux, funeste ou cocasse, ce cercueil de nouvelles vous enchantera par la qualité de l'écriture mais aussi par le cri d'amour à la liberté qu'il pousse.



Une récréation aux gouts de punk, de fantasy, de sf et de steampunk, le tout saupoudré de réflexions passionnantes dans un objet à l'esthétisme aussi appréciable qu'une BD. Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, découvrez-le donc au travers de ce prisme aux multiples facettes !


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Journal d'un marchand de rêves

Dans un contexte mercantile qui pousse souvent les éditeurs à mettre en avant des intrigues mille fois rabâchées, je dois souligner qu'avec cette lecture j'ai arpenté des contrées inhabituelles.

C'est à la fois ce qui fait la force de ce roman, mais également ce qui m'a perturbée. D'où ma perplexité à l'heure de chroniquer...

Voici donc Walt, narrateur et personnage principal. Caractéristiques: jeune, riche, scénariste à l'entourage familial laissant à désirer. Après un traumatisme, Walt se retrouve catapulté dans la catégorie des Grands Rêveurs. Privilège qui lui permet d'arpenter l'Ever pendant son sommeil, et nous avec. Dans l'Ever, le héros va expérimenter en vrac : un univers dictatorial, un « ça » encombrant, dangereux et malodorant, des rencontres avec des personnages tous plus loufoques les uns que les autres… Très peu d'entre eux se révèlent attachants, mais les situations ubuesques qu'ils rencontrent font affleurer un humour grinçant assez plaisant. .

Walt, omniprésent par son rôle de narrateur, se fait manipuler par à peu près tout le monde, dans l'Ever et dans l'Eveil. Portée par son regard, il en a été de même pour moi. Le récit regorge de trouvailles linguistiques et scénaristiques, et la fin, après une intrigue en dent de scie, boucle avec panache l'étrange premier chapitre.

De ce livre, je retiens une sensation de ne pas comprendre où l'auteur voulait m'emmener ; cela m'a gênée, mais est-ce réellement un problème ?

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Journal d'un marchand de rêves

Il faut accepter de se perdre dans un univers qui n’est pas le nôtre, que cet univers soit onirique ou pas. Il faut accepter de se perdre dans un genre littéraire qui n’est pas du tout mon genre de référence, ce qui n’ôte rien aux qualités de l’ouvrage.

Qu’avons-nous en commun avec Walter Krowley Junior, fils d’une star américaine et d’une mère trop tôt disparue ? Lui et son meilleur ami ont été blanchis de la mort accidentelle de deux personnes, il se perd dans les méandres de sa vie culpabilisée, au point que sa vie réelle se retrouve engloutie dans un autre univers. Dans ce monde des rêves, ou des cauchemars, comme vous l’entendrez, il fait des rencontres, avec Spleen, qui apparaît puis réapparaît dans son univers, l’aidant, parfois, à mieux le connaître, avec Banshee ensuite, qui vit « dans le monde réel » à Bruxelles, capitale d’un pays qu’il ne connaît pas, en bon américain. Lien de cause à effet, Trevor choisit de partir à Bruxelles, quand son père et sa belle-mère, qui joue vraiment son rôle jusqu’au bout, cherchent un moyen pour le sortir de la drogue. Oui, elle existe dans le monde réel, et dans le monde des rêves, revisitant ainsi le thème du marchand de sable.

Oui, la lecture de ce livre fut addictive, et si certains faits ne sont pas toujours compréhensibles de prime abord, il est des faits qui s’éclairent à la fin du roman – et n’oublions pas que c’est à chacun de faire vivre ses rêves, à chacun de nouer, de renouer les liens qu’ils souhaitent, avant qu’il ne soit trop tard.

Journal d’un marchand de rêves est un livre d’une grande richesse, qu’il serait vain de vouloir limiter à un simple avis. Il joue entre un univers très réaliste, et l’exploitation que d’autres peuvent faire des non dits, des actes irréalisés, des peurs et des désirs les plus profonds. Ne laissons pas les autres vivre notre vie.

Cependant, j’ai vu aussi (à tort ?) une mise en garde contre les rêves qui ne concernent pas soi, mais la société toute entière. L’écriture, rétroactive, montre souvent Walter nous mettre en garde contre telle ou telle décision qu’il a prise et qui a provoqué des catastrophes inattendues. Et souvent, il nous rappelle que le rêve de créer une nouvelle société idéale, nouvelle, novatrice, provoque bien plus de dégâts, de blessures, de morts, que l’auteur de cette idée ne le pensait. Comme il est souvent dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Avant de clore cet avis, je me rends compte que je n’ai pas parlé du thème de la vengeance, qui apparaît pourtant ici ou là, comme un personnage récurrent. Se venger est ici davantage une revanche, le désir de reprendre la main qu’une quête obsessionnelle, comme si tout venait à point à qui savait attendre, terminant ainsi une histoire commencée depuis longtemps. A moins qu’elle ne continue, dans une autre dimension. A voir. A lire. A imaginer.
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Le Sidh, tome 1 : Âmes de Verre

Je tiens à remercier une fois encore Dup et Phooka du blog Book en Stock ! Je vous rappelle que si j'ai pu lire Âmes de Verre, c'est dans le cadre du Mois de Anthelme Hauchecorne, lequel finit bientôt. Dépêchez vous d'aller y faire un tour si vous voulez poser des questions à l'auteur ! Je poste ma critique du roman un peu tard, mais c'est que le fourbe a pris son temps pour arriver jusqu'à moi, à tel point qu'on a bien cru qu'il n'arriverait jamais. J'ai eu le temps de languir, de voir à quel point tout le monde avait adoré ses livres. J'ai pu aussi découvrir le sens de l'humour de l'auteur grâce à ses réponses sur le blog. En bref, je me suis jetée sur le livre à peine je l'ai eu entre les mains.





Et maintenant que j'ai fini Âmes de verre, je peux vous dire que c'est un coup de cœur ! J'ai tout simplement adoré ce roman que j'ai trouvé très bien écrit, passionnant et très original. Ne vous laissez pas effrayer par les 600 et quelques pages, vous serez happés par l'intrigue et elles défileront toutes seules sous vos yeux !





Si je dois absolument classer Âmes de Verre, je dirais que c'est de l'Urban Fantasy. À notre époque, mais imprégné de mythologie celte, de folklore féerique et de monstres de cauchemars. Plutôt lectrice de fantasy « pure et dure » j'ai pourtant été conquise et j'en redemande ! Même si je vais devoir prendre mon mal en patience, la suite arrivera vers fin 2015. Ça me laisse le temps de dévorer tous les autres livres de l'auteur, qui sont tous très haut dans ma wish list maintenant... Mais je m'égare. Laissez moi vous parler de l'histoire.





À Lille, ou plutôt sous Lille, vivent des créatures plutôt effrayantes, étranges et glauques. Pas de quoi s’inquiéter tant qu'elles restent sous vos pieds, mais elles aiment bien venir à la surface, histoire de grignoter un bout. Un bout de votre âme, par exemple. Invisibles aux yeux du commun des mortels, les Dormeurs, elles sont cependant bien perceptibles aux yeux de quelques élus, les Éveillés, qui ont acquis le don de la Vue. Comment acquiert-on ce don ? Si vous avez de la chance, c'est héréditaire. Sinon, ce sera dans la douleur et la peine, car la plupart du temps, le Don naît d'un traumatisme.





La majorité des éveillés vivent tous ensemble dans un squat organisé qu'ils appellent la Vigie. Si la plupart d'entre eux veulent juste chasser les Streums (monstres en verlant) d'autres ont un point de vue moins tranché sur ceux qu'ils appellent aussi les Daedalos. Si cela vous semble compliqué, ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas abandonné à votre triste sort. Tout au long du roman vous découvrirez des pages du Codex Metropolis qui rassemble tout le savoir récolté par les membres de la Vigie depuis sa création. Vous saurez donc tout ce qu'il faut savoir pour être un Chasseur digne de ce nom, et surtout, comment rester en vie.





En alternance aux pages du Codex, nous suivrons deux personnages principaux qui n'ont en commun que le Don de la Vue. Camille, jeune recrue de la Vigie, rêve de devenir Chasseuse à part entière. Une fois la promotion obtenue, elle pourra enquêter dans l'En-Deçà et accéder à des documents auxquels les recrues n'ont pas droit. Vincent, quant à lui, est un prof désabusé qui ne vit que pour la vengeance. Tous deux sont des Éveillés qui ont obtenus la Vue suite à un traumatisme, et tous deux ne vivent que pour obtenir réparation. Des personnages tout cassés à l'intérieur, des anti-héros auxquels ont a du mal à s'identifier mais qui ne peuvent que nous toucher. J'ai adoré leur coté sombre à tous les deux. Je vous laisse découvrir leurs histoires.





J'ai beaucoup aimé la structure du récit. Les informations vous sont données au moment où il le faut, et les pages du Codex qui sont elles aussi livrées au bon moment. On est complètement embarqué dans cet univers complexe est complet, original et déroutant. Sombre aussi, glauque et parfois un peu dérangeant. Il y a de la baston dans l'air, des tripes et du sang, alors accrochez vous bien. Les chapitres sont courts, entrecoupés d'extraits du journal de Vincent et de pages du Codex Metropolis. Tout est mis en œuvre pour nous mener vers un point bien précis, en nous laissant enquêter de notre coté mais sans nous gâcher le plaisir de la découverte non plus.





Oui, car intrigue principale il y a, mais je ne vous en dirait qu'une chose : la musique occupe une place plus qu'importante dans l'histoire. J'ajouterais enfin que vous devez absolument vous procurer le livre sous son format papier, pour profiter pleinement des superbes illustrations qu'il contient. Elles apportent vraiment quelque chose au roman et sont d'une très grande qualité.





Je remercie à nouveau les éditions Midgard, Anthelme Hauchecorne et Book en Stock. Je suis ravie d'avoir participé au Mois de, je ressors conquise de cette lecture qui est un gros, gros coup de cœur. Je vous encourage encore une fois à aller lire les interviews de Anthelme, un personnage à découvrir ! Et bien sûr, je vous encourage à lire ce livre qui vous surprendra !
Lien : http://allison-line.blogspot..
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Noces d'écailles

Aymeric Jodelet est un peintre de l'an de grâce 1345 vivant du mieux qu'il peut par son art. Un jour, alors qu'il se trouve à une taverne, une rixe éclate, un peu par sa faute et il détale alors en pleine forêt...qui s'avère être une sylve emplie de créatures à la fois fascinantes et effrayantes.

En chemin, il tombe sur une jeune sauvageonne simple d'esprit qu'il apprivoise peu à peu, servant également de muse à ses croquis. Les deux finissent par se rapprocher jusqu'à ce que la femme en question mette au monde des créatures hybrides. Par ailleurs, notre personnage principal réalise que cette sauvageonne est elle-même une créature légendaire, la vouivre, qui dissimule un joyau dans sa caverne.

Cet artbook d'Anselme Hauchecorme est magnifiquement illustré, dévoilant à la fois les personnages dessinés par Aymeric mais aussi la thématique des dragons et autres espèces serpentines. Je n'avais pas commandé d'artbook depuis un petit moment et les retrouvailles avec un ouvrage comme celui-ci m'ont fait du bien!
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Le Sidh, tome 1 : Âmes de Verre

On entend dire ici ou là que George Romero a donné au zombie ses lettres de noblesse. Telle la mort, je m'inscris en faux ! Si tant est qu'on puisse écrire quoi que ce soit avec un engin pareil…

L'artisan du zombie, le vrai, faut aller le chercher au XIe siècle en Espagne. A l'époque, un certain Rodrigo Díaz de Vivar y Tagadatsointsoin tuait des Maures vivants. Une petite crevure opportuniste encensée par Pierre Corneille qui accuse pour le coup quelques lacunes en histoire.

Chacun l'aura deviné, la chronique du jour portera sur le Cid !

Ah ben non, vous allez rire, je me suis trompé de fiche.

Donc le Sidh.

Un cycle d'Anthelme Hauchecorne. Un monocycle, puisqu'il ne compte à ce jour qu'un volume : Âmes de Verre. Ou plutôt un grand-bi, avec la nouvelle Roi d'Automne qui clôt le recueil Punk's not dead.

Mais fi des considérations cyclistes, enfourchons nos petites reines – rhââ lovely – et direction la chronique ! Comme a dit Thésée au Minotaure juste avant l'épreuve de tricycle du Tour de Crète : en selle, moche-corne !





Une question, une seule : pourquoi le Sidh s'arrête-t-il à l'acte I ? Je sais bien que Midgard a mis la clé sous la porte, mais pourquoi aucun éditeur n'a repris le flambeau ni ressorti Âmes de Verre ?

Ce roman n'est pas bon, il est excellent ! Riche, inventif, bien écrit, capable de (re)trouver son public en cas de réédition (en clair, y a du pognon à la clé, foncez !).

Même si la tétralogie prévue s'est arrêtée, contrainte et forcée, au tome 1, je conseille de se plonger dans Âmes de Verre ! Ecumez les bouquinistes, sortez le Necronomicon et invoquez Chimène “Je viens du Sidh” Badi pour qu'elle vous le ramène de je ne sais quelle bibliothèque perdue, tannez les éditeurs pour une réédition ! L-I-S-E-Z-L-E !





L'arc narratif global reste inachevé, mais le roman propose, autour de la quête du Requiem du Dehors, une histoire avec un début, un milieu et une fin. Un tout en soi, inclus dans un tout plus grand.

La trame principale suit Camille, recrue de la Vigie et apprentie chasseuse de monstres. En parallèle, un autre point de vue accompagne un Eveillé solitaire, Vincent, qui les as vus, parce que, quand on s'appelle Vincent, on est abonné aux cauchemars, au monde incrédule et aux raccourcis que jamais on ne trouve.

N'ayant pas pour habitude de raconter les bouquins, je n'entrerai pas dans les détails de l'intrigue, qui tourne autour d'un morceau de musique maudit. Je résumerai en disant qu'il y a tout ce qu'on attend d'une bonne histoire : action, suspens, tension, coups de théâtre, rythme. Rien à redire, Hauchecorne maîtrise la narration.





L'ensemble est entrecoupé de documents qui présentent l'univers d'Âmes de Verre, décrit par ceux qui y vivent (et parfois y meurent). On sent l'influence du jeu de rôle dans ce découpage qui mélange les règles du jeu et les encarts de background. Une idée bien pensée, qui permet au lecteur de découvrir au fur et à mesure, sans devoir se taper d'entrée un énorme exposé de présentation.

La richesse de l'univers vaut les Terres du Milieu, le Disque-Monde, Lankhmar. Je n'ai pas pour habitude de balancer du chef-d'oeuvre à tout vent, mais là, c'est indéniable, Âmes de Verre appartient à cette catégorie.

L'urban fantasy d'Âmes de verre laisse tomber les vampires aux prises avec les loups-garous et les anges en guéguerre contre les démons. A trop surfer sur la mode, une bonne part du genre s'y est cantonnée et tourne en rond. Plutôt que ressasser les mêmes histoires des mêmes bêbêtes, Hauchecorne a ressorti des limbes l'énorme bestiaire du folklore et pioché dedans quelques créatures capables d'en remontrer à Nosferatu. Entre les mains d'un bon auteur, un simple croquemitaine caché sous le lit vaut toutes les légions infernales de Pandémonium (cf. Stephen King).

Créatures et humains ont besoin d'un décor pour s'ébattre (et se battre tout court). La ville de Lille sera leur terrain de jeu. Très proche de celle qu'on connaît, au détail près qu'un monde souterrain s'étale… euh… ben en dessous, c'est le principe du souterrain. Ce monde dans le monde s'appelle l'En-Deça, mélange de féodalité, d'île de la Tortue, de zone franche, de champ de bataille entre bandes rivales. Avec un trait particulier en plus : la réalité y est poreuse. Telles des portes sur les enfers, certaines zones ouvrent vers une autre dimension, peuplée de créatures fabuleuses (les Daedalos ou Streums – verlan de “monstre”). Cet autre monde est le Sidh, qui n'a rien de cornélien. Un nom celte, chacun l'aura remarqué, puisqu'on a tous en nous quelque chose de t'es né celte.

Un décor foisonnant, très imprégné de culture celtique (et très bien expliqué pour les néophytes sur le sujet, pas besoin d'un doctorat en histoire et archéologie de l'âge du fer). Voilà de l'urban fantasy inventive et originale, qui ne se limite pas à son genre et s'offre des excroissances dans un tas d'autres (polar à travers l'énigme du tueur en série appelé le Marchand de Sable, cyberpunk dans l'évocation de Machine et ses prothèses mécaniques, thriller politique dans ses intrigues de couloir, steampunk, fantastique…).





Et les humains dans tout ça ? La plupart sont des êtres ordinaires comme vous et toi, des Dormeurs. Une poignée d'hommes et de femmes ont reçu un don de double-vue qui leur vaut le nom d'Eveillés et leur permet de repérer les Streums, invisibles au commun des mortels. Les Eveillés ne forment pas bloc, quelques-uns vivent leur vie en surface, d'autres magouillent dans l'En-Deça avec n'importe quelle faction pourvu qu'il y ait du pognon à la clé (des humains, quoi). Certains enfin rejoignent la Vigie pour veiller au grain et combattre les Streums.

Si tu t'attends à du manichéisme hollywoodien en mode gentils humains contre méchants monstres, détrompe-toi. La Vigie, on la découvre très humaine. Là où beaucoup te montrent un groupe soudé contre l'adversaire, avec au pire quelques prises de bec entre personnalités fortes, ici on en est très loin. On s'attend à une communauté anar bon enfant… et on met les pieds dans une démocratie moderne. La base n'a son mot à dire sur rien. Les dirigeants sont plus occupés par les querelles idéologiques et les luttes de pouvoir que par les affrontements avec l'ennemi du dehors. Aucune concorde rousseauiste n'anime ce groupe. Au contraire, il se divise en deux clans aux vues antagonistes élevées en dogmatismes. Sans parler des motivations individuelles pas toujours raccord avec la philosophie globale, guidées parfois par de bonnes intentions, le plus souvent par l'orgueil, l'appétit de pouvoir, le fanatisme… Une poudrière à deux doigts de péter. Bref, des gens, avec tout ce que cela implique de désunion. L'animal politique d'Aristote dans toute sa splendeur : les humains se sentent obligés de vivre en groupe, parce qu'on ne peut pas se foutre sur la gueule tout seul dans son coin.

Une des grandes réussites d'Âmes de Verre est là : dépasser le clivage basique gentils/méchants et les clans monolithiques insipides. Un édifice complexe présenté avec une grande clarté par l'auteur, on ne se sent jamais paumé à se demander qui est dans quel camp.





Hauchecorne ne serait pas Hauchecorne s'il se contentait de raconter une histoire. Tu l'auras compris au paragraphe précédent : la richesse thématique vaut celle des éléments romanesques.

Âmes de verre te parle de l'autre, donc de toi par contrecoup. La guerre entre Vigie et Streums pourrait n'être qu'un récit de castagne mais Hauchecorne n'aime pas écrire sur rien. Tous les personnages du roman, dans un camp ou l'autre, sont monstrueux à leur façon, par essence, nécessité, ignorance ou aveuglement.

Sans t'assommer de discours interminables, prétentieux et/ou pontifiants à la BHL, Âmes de Verre t'invite à une réflexion sur la différence, la monstruosité, la marginalité, le dogmatisme, la manipulation, le fanatisme…





Une histoire, un univers, une mythologie, une ambiance, des idées fortes, c'est bien beau, encore faut-il savoir les enrober. Et là, chapeau l'artiste !

La plume de Hauchecorne mélange classique et baroque, punk et poésie, registres courant et littéraire. Chez d'autres, le résultat serait un salmigondis imbitable, précieux, ampoulé, bancal… une plâtrée immonde digne d'une tarte aux fraises de dame Séli, impossible à avaler pour le lecteur (symptôme qu'on appelle en anglais le Reader's indigest).

Le gars Anselme a su se créer un style. Quand il aligne les mots sur le papier, il n'oublie pas leur dimension orale. Les sons forment une partition, la “petite musique” si chère à Céline. le cachet d'Âmes de Verre – et des autres textes de Hauchecorne que j'ai lus – tient à cette musicalité qui ajoute aux mots bruts une dimension supplémentaire : l'élégance.





Âmes de Verre se hisse en première place de mes Hauchecorne préférés devant Journal d'un marchand de rêves. le Journal est un poil meilleur au plan technique, logique puisque l'auteur a eu le temps de bosser et de la peaufiner. Mais Âmes de Verre m'a davantage parlé, par son questionnement, son cadre lillois (où j'ai vécu une vingtaine d'années), son souffle plus ample (projet en quatre volumes, du souffle, il en faut). Les deux sont excellents, le reste n'est qu'affaire de subjectivité.

Maintenant, il ne reste plus qu'à faire comme Cthulhu : de attendre et rêver (qui a dit "de la plongée sous-marine" ?). Rêver au tome 2 du Sidh : L'En-Deça.
Lien : https://unkapart.fr/ames-de-..
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