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4.04/5 (sur 64 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 15/04/1975
Biographie :

Né en 1975, Anthony Sitruk grandit à Sarcelles. Passionné de cinéma, il veut devenir créateur de maquillages et d’effets spéciaux. Puis scénariste. Puis parolier. Puis médecin légiste. Pour finalement atterrir dans un grand groupe aéronautique, en tant que chef de projet informatique.
En 2013, son premier roman, Pornstar, plongeait dans le milieu sordide du X parisien à travers le destin d’un acteur sur le retour. Dans La Vie brève de Jan Palach, il nous conduisait à Prague, sur les traces de cet étudiant tchécoslovaque qui s’immola par le feu le 16 janvier 1969, place Venceslas.
Bien sûr, nous eûmes des orages, édité par Popcards Factory Editions, est son troisième roman.

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Mais la petite a bien cerné le problème : pour 200 euros à tout péter, elle a bradé son cul, sa chatte, son honneur, son identité, son avenir, ses rêves, ses espoirs, son âme, à un connard qui diffusera les images pendant des siècles à venir sans lui reverser un centime de plus. Et l’amnésie collective n’existe pas sur Internet : une fois en ligne, c’est fini. Soit tu assumes comme Nina Roberts. Soit tu te flingues au BZD, comme Karen. Karen mon cœur, Karen mon ange. On m’a reproché de cracher dans la soupe, de me plaindre en public et de révéler des histoires qui auraient du rester dans le cadre de « l'intimité ». On me le fait payer, encore aujourd'hui, mais le porno, le porno d’aujourd’hui, celui que je pratique désormais et que découvriront un jour ces gamins qui jouent devant nous sur les balançoires du parc Monceau, ce porno-là, ce n’est en rien le porno que j’ai connu, celui que j’ai aimé, celui qui m’a fait vivre. Ce porno-là, ce flots d’insanités dégueulasses téléchargeables à la pelle, ce nuage malsain qui se situe loin, très loin en-dessous du carré de résistants que forment les B. Root, Lavil, Perin, Charmontel et compagnie, ce porno dans lequel les acteurs et pire encore les actrices ne valent plus rien une fois la scène tournée, ce porno-là, dis-je, je ne sais pas ce que c’est et je ne veux pas le savoir. Ce porno-là, c'est des mecs qui jouissent sur la gueule des filles, c'est la femme qui en prend plein la tronche. Il a tué Karen et il en tuera d’autres.
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Sur mes épaules pèsent désormais la somme de leurs espoirs, les espoirs d'une profession balancée au fin fond d'un ghetto il y a trente-cinq ans. Les pauvres, à croire qu'ils n'ont pas vu les dernières émissions dans lesquelles je suis passé et les animateurs auxquels j'ai été confronté. Un ramassis de connards aux idées toutes plus étriquées les unes que les autres. Un public de beaufs qui se croient aux jeux du cirque et me balancent un chapelet d'insultes comme si j'avais violé un môme ou butté le Pape. On m'invite en première partie de soirée pour me faire parler de cul en espérant que je dérape, moment qui ne manquera pas de créer un pic d'audience et de passer le lendemain au Zapping, dont je suis devenu le meilleur client. On m'invite en deuxième partie de soirée pour pouvoir diffuser des extraits un peu moins softs de mes premiers films et émoustiller le téléspectateur qui comate devant son écran plat en me montrant du doigt de temps en temps. Le hard, c'est pas bien, le X, c'est pas beau, et bien entendu, le porno est responsable des tournantes dans les cités ou quelque chose comme ça.
Et hors caméra, c'est toujours la même rengaine, celle que le public ne peut pas voir, celle que le public ne veut pas voir : on me demande le numéro de téléphone de Jade Laroche ou de Katsuni. On me demande de décrire la chatte de Laure Sainclair et les seins d'Olivia del Rio. Et comment suce l'une, et comment suce l'autre ? Et laquelle branle le mieux ? Et combien elles prennent pour une partie de jambes en l'air avec un particulier ? Et Anna Polina, tu peux me la brancher ? Non ? Alors Eliska Cross ? Et les hardeurs, ils font comment pour durer aussi longtemps, des heures à limer sur un plateau, y’a forcément un truc !
Et je ne parle même pas de Fogiel qui me demande en loucedé le numéro de Ian Scott !
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Ce 17 janvier, alors qu’elle se trouve dans un tramway qui la mène à la cité universitaire où loge son fils, les yeux de sa mère Libuše Palach se posent par hasard sur un titre du Práce Daily, un quotidien que lit un homme assis sur la banquette en face d’elle, et c’est ainsi, de cette effroyable manière, qu’elle découvre la nouvelle que personne n’a jusqu’alors pu lui révéler. Ce jour-là, le feu ne ravage pas seulement le corps de Palach, il détruit aussi une famille entière qui va devoir, d’une manière ou d’une autre, vivre avec ça – en admettant que cela soit possible. Je crois que cette scène, dans la pourtant admirable série Sacrifice, est loin du compte, qu’elle ne parvient pas à retranscrire cette infime seconde où tout bascule. Il y a ce moment ultime où Libuše, que son fils Jiří n’est pas parvenu à joindre, va bien, respire, sourit, elle sait qu’elle part rejoindre son petit garçon, se balader avec lui dans les rues de Prague, lui offrir un "trdelník" à une terrasse de café, profiter du ciel aussi bleu que la veille, acheter un petit souvenir, une babiole, un foulard, n’importe quoi. Et l’instant d’après, le temps d’un battement de cœur, d’un clignement de paupière, du tic-tac d’une pendule, comme ça, sans sommation, c’est la chute, le néant, l’inconnu, plus rien de tout ça, c’est fini. Il n’y aura plus jamais de terrasse, plus jamais de balade, plus jamais de "trdelník", de foulard, de babiole, plus jamais de ciel bleu, plus jamais de petit garçon, tout a disparu.
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"Ils se font tous des illusions. Ce rôle ne va rien changer.
- Alain, tu n'en sais rien.
- Si je le sais, je réponds. On se raconte des histoires, mais le public ne va pas changer et soudainement se rendre compte que les acteurs pornos ne sont pas tous des porcs qu'il faut mettre en cage, que les acteurs pornos sont des gens comme les autres, tout ça sous prétexte que l'un d'entre eux a eu une chance de cocu.
- C'était le but ?
- Non mais après, il va se passer quoi ?
- Que veux-tu qu'il se passe après ?
- Je sais pas... J'aimerais juste qu'on dise de moi que malgré mes conneries, malgré les erreurs, je me suis bien défendu, qu'on se rende compte que finalement, je n'étais pas une petite merde, un petit acteur X comme les autres. C'est tout ce que je demande.
- Tu n'es pas une petite merde, un petit acteur X comme les autres."
Je tourne la tête vers elle, je ne sais pas quoi répondre.
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« Et maintenant ? »
Bonne question, à laquelle là non plus je ne trouve pas de réponse pour la satisfaire, elle est suffisamment mal en point comme ça pour que je lui évite la vérité. Son cul sera effectivement visible pendant des années, et ses potes tomberont forcément dessus un jour ou l'autre. Et ils se branleront forcément dessus sous prétexte que c'est plus excitant lorsqu'on connaît l'actrice. Et ils s'échangeront forcément la vidéo derrière son dos, et ils la traiteront de pute, et ainsi de suite, voilà ce qui l'attend, ce qui n'est certes pas glorieux, glamour encore moins et si j'étais elle, je me passerais d'un avenir pareil. Certaines questions ne méritent pas de réponse tant elles sont évidentes, alors je tourne la tête vers le manège et je regarde les gamins tournoyer dans une fusée intersidérale ou un camion de pompier.
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« Peu à peu, le pays se met à ressembler à un redondant volcan soumis à une pression constante venue des profondeurs et alimentée surtout par la presse », écrit plus tard Zdeněk Mlynář, le secrétaire du comité central du PCT. Leonid Brejnev, agacé par ce Socialisme au visage humain, aurait même déclaré : « Parce que notre socialisme est inhumain, peut-être ?! », avant de conclure par le célèbre « Eto wasche djelo » (« Ce sont vos affaires »). Il est marrant, lui. En URSS, les intellectuels ont cette devise : « Ne pense pas. Si tu penses, ne dis rien. Si tu parles, n’écris rien. Si tu écris, ne signe rien. Et si tu signes, ne t’étonne plus de rien. » Alors ce visage humain, mon pauvre Leonid, celui de la démocratisation, il faudra vraiment que ton copain Castro nous dise ce qu’il met dans les cigares qu’il te rapporte de Cuba, si tu crois t’en approcher. La libéralisation politique. La fin de la censure. La liberté de la presse. La liberté de création. Le droit d’association. Un socialisme sans mensonge ni contrainte, Leonid. C’est un bouillonnement social qui frappe le pays. Un renouveau encore impensable un an plus tôt, une éclosion et un envol après une période de pesanteur. Kundera, Havel, le cinéaste Miloš Forman, l’écrivain Ludvík Vaculík, le compositeur Jiří Suchý, tous, exultent, filment, racontent. Avec la suppression de la censure au mois de mars, la politique envahit progressivement les rues, les cafés, les usines, les universités, on passe la majeure partie du temps à organiser des réunions politiques, à discuter de réformes. C’est, pour reprendre la formule d’Andreï Gratchev, porte-parole de Gorbatchev vingt ans plus tard, « Woodstock en territoire socialiste : les beatniks sur la place de l’hôtel de ville, le soleil, des délégations venues de tous les coins du monde, un bouillonnement de pensée permanent ». Ça s’engueule, ça bavarde, ça négocie des accords, ça conteste les arguments des autres, ça se traite de « sale bolchevik », mais tous, « ivres du printemps », ont la même confiance en l’avenir et chaque nouvelle victoire contre le régime les conforte dans l’idée qu’ils sont près d’atteindre leur but.
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Extrait: Elle est encore partie! Qu'as-tu foutu cette fois? - Cette insinuation me réchauffe le coeur, crois-moi. Y a pas à dire, je suis heureux de te compter parmi mes amis. - Encore ta grande gueule. Mais ce soir j'ai promis à Irvine de rester calme, tu ne m'auras pas a ce petit jeu.
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Ainsi le temps avait passé, et passa encore le temps et nous avec. A toute allure, que ça avait passé, les années nous les avions bouffées une à une. C’étaient des éclats de rire quotidiens, des lego que je construisais sous tes yeux, des embouteillages de petites voitures que nous alignions dans le couloir. J’étais Papa-Pâtes, tu disais. Papa-Cinéma, Papa-Rigolo, Papa Jamais Casse-couilles. Je t’emmerdais pas, ne t’engueulais pas, ne te filais aucune torgnole, pas même lorsque tu répétais « Crotte de cul » à longueur de journée. Je t’apprenais la vie, celle de la rue, celle des embrouilles, celle des promesses. Pas celle de l’école, non. Les trucs essentiels, les trucs immuables. Savoir que ceux qui poussent le volume de leur autoradio à fond écoutent systématiquement de la musique de merde. Que les livreurs, à qui tu stipules d’appeler avant de passer, te téléphonent toujours quand ils sont devant ta porte. Que lorsqu’une femme trompe son mari, c’est toujours dans le lit conjugal. Ou que c’est tout comme. La vie, pour nous, c’était une poursuite à coup de bombes de chantilly jusqu’à saccager le papier peint du salon ; une bataille rangée avec tes copains venus diner, clôturée par des morceaux de betteraves ou d’asperges balancés plein les gueule et plein les murs ; des feux d’artifice allumés à la fenêtre de ta chambre tandis que les petites vieilles du quartier s’arrêtaient pour observer notre baraque illuminée ; ta tête posée sur mes genoux quand je te faisais découvrir The Champ ou Raging Bull à la télévision… Tout ça, Oh ! C’était pas si mal, dis. Ne m’étais-je finalement pas trop mal débrouillé ?
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Pour le moment, il est 14 h 30, nous sommes le 16, et personne ne remarque cet étudiant qui ôte son blouson et le pose sur la balustrade près de la fontaine, ce jeune homme qui ouvre une bouteille d’éther, un anesthésiant puissant mais aussi hautement inflammable qu’il se verse sur le visage, puis qui asperge son corps avec l’essence contenue dans les deux récipients en plastique qu’il laisse ensuite tomber à ses pieds. Ça va très vite, quelques secondes tout au plus, pas suffisamment en tout cas pour que l’on comprenne ce qu’il s’apprête à faire et qu’on cherche à l’arrêter. Les gestes sont simples, organisés, déroulés selon un scénario préparé à l’avance et répété des centaines de fois dans l’esprit du jeune homme. Alors qu’un tramway approche au pas, qu’un employé de Fiat discute au téléphone depuis sa fenêtre, qu’une ambulance du ministère de l’Intérieur grille un feu rouge deux kilomètres plus loin, qu’une infirmière commence son service, que Dubček se bat contre une sale grippe, que sa mère prépare son petit sac pour le lendemain, qu’Helena pense à cette demande en mariage qui tombera bien un jour, elle le sait, Jan a promis – là, précisément, à cet instant, ce même Jan sort une allumette, contemple une dernière fois, pour se donner du courage, la place encore meurtrie par les combats de l’été précédent, lève les yeux vers la statue de saint Venceslas, adresse une prière à un dieu auquel il n’est pas certain de croire, ou, plus simplement, ne se donne pas le temps de réfléchir et l’allume sans la moindre hésitation.
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- La question n'est pas là, je m'en fous, d'elle ou d'une autre. Mais ne comprends-tu pas que nous sommes baisés, que la partie est pour de bon perdue, que rien ne nous a préparés à ce genre d'aberration!
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