Premièrement, l'Amérique s'était durablement aliéné le monde musulman par sa politique incohérente : elle prêchait la démocratie mais soutenait le régime autocratique du shah d'Iran ou la monarchie saoudienne; elle exigeait l'abandon du programme nucléaire pakistanais mais fermait les yeux sur celui d'Israël.
Deuxièmement, elle avait pris vis-à-vis des musulmans des engagements qu'elle n'avait jamais eu l'intention de tenir. Au cours des quarante dernières années, la CIA avait systématiquement soutenu les mouvements islamistes qui cherchaient comme elle à contrarier les velléités hégémoniques de l'Union soviétique (en Afghanistan par exemple) ou l'ascension politique des dirigeants arables nationalistes comme Nasser alors que, sur le fond, elle se moquait comme d'une guigne de la cause musulmane.