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Citation de moustache78


Je ne désire qu’une chose en ce jour d’abattement : ne plus voir personne, ne plus parler. Fuir les pèlerins qui, derrière moi, semblent me poursuivre. Ralentir pour ne plus voir ceux qui, devant moi, semblent m’attendre. Ne pas les rattraper pour ne pas avoir à ânonner le sempiternel dialogue qui désormais m’accable : “Qui es-tu ? D’où viens-tu ? D’où es-tu parti ? Jusqu’où vas-tu ?”
Précédé et suivi par tant d’autres, je crois la solitude impossible. Pourtant je n’ai plus effectué une seule véritable rencontre depuis mon entrée dans la Meseta. Mes amis ont disparu. Certains ont achevé leur voyage. D’autres sont derrière moi. D’autres encore sont devant. Mais où ? Où sont-ils tous ces pèlerins qui, à Saint-Jean-Pied-de-Port, s’élançaient par dizaines ? Enfermé en moi-même, je ne les vois plus et je les regrette. Cette Tierra de Campos est le lieu terrible de l’isolement des marcheurs. L’âme se morfond dans ses tréfonds et le pied s’ennuie sur ces tracés trop plats et trop balisés, sur ces sentiers trop aménagés, bordés d’arbres faméliques plantés là pour apporter de l’ombre mais qui, faute d’eau et de joie, semblent refuser de pousser.
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