Pourquoi avoir écrit la biographie d'un homme qui est mort dans le plus grand anonymat, dont « l’œuvre pérenne » se résume à quelques ouvrages de maçonnerie, à un jardin revenu à la friche, à quelques brouillons sans suite et aussi malgré tout à quelques dizaines de pages publiées au hasard de demandes occasionnelles ? Est ce uniquement parce que c'est mon père et que je souhaite m'acquitter d'une sorte de dette filiale? Pour moi, c’est surtout parce que son parcours, qui n'est ni unique ni exemplaire, dit en réalité beaucoup sur ce qui pousse un jeune homme à l'exil, sur ce qui lui permet de s'acclimater dans une société lointaine, sur la réussite avortée et sur la transmission aux descendants.
Il est bien dificile pour un coréen de ne pas maudire ce 38° paralle. frontière russo-américaine au sein de la Corée, cause initiale de cette guerre atroce pour les Coréens. Si la Russie et les États-Unis, en commun accord. n'avaient pas institué cette ligne de démarcation, il n'y aurait pas deux «états » coréens, mais une nation coréenne non déchirée.
Comme on dit en Corée, « quand les baleines se battent, les crevettes ont le dos brisé ».
Voilà vraiment un proverbe qui sonne profondément coréen même si hélas d'autres pays dans le monde ont eu le même genre de malheurs.
[Journal intime de Li Long-Tsi durant sa traversée qui le mène vers la France, samedi 13 novembre 1920]
Si on me demandait ce que c'est le monde, je répondrai que c'est de la foutaise. Les forts tuent les faibles, les nantis tuent les pauvres et les savants tuent les ignorants, voilà le principe et la vérité de la vie, me semble-t-il.