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Citation de Charybde2


Autrefois, dans le quartier russe, il y a bien longtemps, au nord-est du vieux quartier russe de Mourom, dans la rue Karatcharovo, vivaient un homme de bien et sa femme, elle aussi une femme de bien, tous deux paysans et travaillant dur nuit et jour, semant des herbes dans les ruines et les récoltant, plantant des absinthes et des raves au pied de la Petite Centrale et les récoltant, et ils eurent un fils, connu sous le nom d’Ilia, fils d’Ivan, Ilia Ivanovitch, et plus tard célébré dans les chansons des chanteurs, plus tard appelé tout simplement Ilia de Mourom, ou encore Ilia Mouromietz, ce qui est une autre manière de dire la même chose. Ilia avait déjà trente ans et il avait des jambes, mais pas moyen de marcher avec, et il avait des bras et des mains, mais pas moyen de s’en servir pour tenir ou pour prendre, pas moyen de s’en servir pour se défendre, et il restait là, dans la rue Karatcharovo du secteur de Mourom, allongé, et il attendait sans bouger, depuis déjà trente longues, très longues années.
Dans ce fameux été, dans ce bel été où se passe l’histoire, la vieille mère d’Ilia de Mourom partit travailler dans les terrains vagues, sur les champs de ruines, elle partit gratter les cendres et la terre amère qui s’étendaient près de la Petite Centrale du quartier russe, elle partit voir à quoi ressemblaient les épis de maïs et les légumes qu’elle avait plantés durant le printemps, les choux blanchâtres et les absinthes, les cives jaunes et les radis amers et les potirons en forme de grenade, et le père d’Ilia Mouromietz s’en alla vers les caves empoisonnées où il cultivait du riz amer et du riz bleu, et des liserons d’eau saumâtre et des lentilles roses, et ils laissèrent derrière eux Ilia de Mourom, dans la maison de la rue Karatcharovo où tous les jours il attendait sans bouger leur retour, où tous les jours dans la solitude il attendait avec ses mains qui ne pouvaient pas saisir le moindre objet, avec ses jambes qui ne le portaient pas.
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