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Citation de Partemps


BILBOQUET

Il n’y a pas assez de revues, ou si l’on veut
toutes les revues sont inutiles. Nous paraissons
parce que nous croyons répondre à quelque
chose. Nous sommes réels. Ceci au besoin nous
dispense d’être nécessaires. Il devrait y avoir
autant de revues qu’il y a d’états d’esprit valables. Le nombre des papiers imprimés serait
alors réduit à très peu, mais ce très peu donnerait le précis et la somme de ce qui doit être
pensé, ou de ce qui vaut d’être publié.
Toutes les revues sont les esclaves d’une
manière de penser, et, par le fait, elles méprisent
la pensée. Elles ont toutes ce grave défaut
d’être rédigées par plusieurs hommes. Elles
s’imaginent ainsi refléter un état de l’opinion,
elles n’en sont que le pot-pourri. Car il n’y a pas
d’état de l’opinion, il y a des opinions diverses
qui valent plus ou moins d’être formulées. Mais
l’humanité est inguérissable, on n’empêchera
jamais les hommes d’être certains de leur pensée et méfiants de celle d’autrui ; que si quelqu’un qui a une opinion juste veut lui donner
un public il ne lui reste que de fonder une revue. Nous avons une opinion qui vaut la peine
d’être exprimée. Des contingences extérieures
au fait de bien ou de mal penser empêchent les
revues d’accueillir cette opinion dans sa nudité
absolue. Il n’y a pas de revue libre, toutes les
revues ont plus ou moins un canon. Nous choisissons donc le seul moyen d’être nous-même
et de l’être totalement.
Nous paraîtrons quand nous aurons
quelque chose à dire. Quand nous croirons
avoir une vue intéressante sur une fausse manière de penser, ou qu’un fait esthétique ou
moral nous semblera susceptible d’être discuté. Cette revue sera donc une revue personnelle,
intéressante en tant que la chose d’un seul,
mais nous accueillerons à titre d’invités les artistes et écrivains dont les productions nous
paraîtront s’accorder avec notre état d’esprit,
l’illustrer, ou s’y rapporter d’une manière quelconque.

Eno Dailor
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