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Citation de Charybde2


Les gens en général, et les Parisiens en particulier, gardaient souvent dans un tiroir de leur bureau – ou en évidence sur le petit guéridon de l’entrée – un plan de la ville. C’était bien commode pour se repérer quand on s’y aventurait. Il existait notamment de ces guides à la couverture toilée, de petit format, qu’on pouvait glisser dans sa poche. Le découpage de Paris qu’on y avait opéré était très logique : chaque arrondissement était représenté sur une double page du livre, à l’exception des bois qui étaient dessinés à part, à la fin. Le découpage du plan était rationnel, certes, mais Paris ne l’était pas. Aussi, ce système de répartition qui réservait la même surface de papier à chaque arrondissement était trop évident pour être satisfaisant. Peut-être était-il le moins mauvais des systèmes ; en tout cas, il avait pour conséquence inévitable de créer un déséquilibre. Les petits arrondissements, tout étriqués dans le monde réel, s’épanouissaient librement, tandis que les grands retenaient leur souffle pour ne pas déborder. De ce fait, on pouvait supposer que l’on allait trouver des informations plus précises sur les cartes des petits arrondissements, parce que le dessinateur y aurait eu plus de place, et qu’en revanche le plan des plus grands aurait été simplifié, voire bâclé ; mais il n’en était rien. Et c’était là que l’on admirait le travail du cartographe : il avait mis le même soin à indiquer ces petites impasses, ces passages, ces cités, ces cours et ces villas – qui n’étaient pourtant pas faciles à représenter – aussi bien dans le centre de Paris que dans les quartiers périphériques. Rien ne manquait.
L’important, lorsqu’on se référait à l’un de ces guides, était de trouver son chemin, sa « route ». L’important, c’étaient les circulations. Elles avaient donc été privilégiées aux dépens des volumes : voilà pourquoi chacun de ces minuscules passages était représenté. Et, puisque chacun portait un nom, tous les noms avaient été indiqués. Alors forcément, il avait fallu composer avec les contraintes de l’espace. Les noms trop longs avaient été abrégés, parfois jusqu’à des limites qu’on n’aurait pas osé franchir soi-même : certains toponymes étaient tronqués après leurs deux ou trois lettres initiales seulement. Cela paraissait un peu fou, mais c’était efficace. On comprenait que ces plans s’adressaient à ceux qui connaissaient déjà la ville et qui se contenteraient de points de repère. On parlait un langage d’initiés.
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