Nous avons déjà trop vécu pour courir le risque idiot de tomber amoureux, de vibrer dans notre âme et nos tripes en exaltations d'aventure, de rester des après-midi entiers devant une porte fermée, un bouquet de fleurs au poing, ridicules et touchants, à avaler anxieusement notre salive. Le temps nous a apporté la sagesse de l'incrédulité et du cynisme, nous avons perdu la simplicité franche de la jeunesse à notre seconde tentative de suicide, […] et nous nous méfions autant de l'humanité que de nous-mêmes, car nous connaissons l'amer égoïsme de notre caractère occulte sous les fallacieuses apparences d'un vernis généreux.
R.