Chapitre 1 :
Abigail
«…— Votre rendez-vous est-il un entretien d’embauche ?
Oh. Brusquement, je me souviens où j’avais déjà vu ces yeux bleus : dans mes recherches sur le Four Kings Hotel. C’est le PDG.
— Oui… Cela fait donc de vous Jayden King, dis-je d’une voix hésitante.
— Bonne réponse.
— Heureuse de vous rencontrer, mentis-je et je tends la main qui se retrouve complètement enveloppée par la sienne. Je m’appelle Abigail Davis, continué-je d’un ton ferme tout en souriant.
— Vous êtes au courant du poste pour lequel vous postulez ?
— Euh… oui.
— Je fais la remarque, car vos vêtements suggèrent que vous êtes prête à aller labourer un champ.
Consternée, je retire ma main.
— Si vous ne savez même pas comment vous habillez pour un entretien d’embauche, continue-t-il d’un ton neutre, vous êtes la mauvaise personne pour ce travail et je n’aime pas perdre mon temps.
— Mais…
— Faites-vous planifier un nouveau rendez-vous par ma directrice des ressources humaines.
— Vous êtes sérieux ?
Je le fixe du regard, incrédule.
— Je ne plaisante jamais lorsqu’il s’agit de mon temps. Et c’est également rare que je donne une seconde chance.
À chaque mot qui sort de sa bouche, la magnifique symétrique de son visage paraît de moins en moins symétrique.
— Je vous conseille de bien l’utiliser, Mme Daviss.
Je grogne.
— Et je vous conseille d’évacuer votre mauvaise humeur sur quelqu’un d’autre. Au fait, c’est Davis et non Daviss. Et je n’aurai pas besoin d’un nouveau rendez-vous. Accordez votre précieuse seconde chance à quelqu’un qui ne se soucie pas des bonnes manières ni de la politesse. Et tant que nous sommes sur la question des vêtements…
Je mets mes mains sur les hanches et regarde cet arrogant connard de haut en bas pour accompagner mes paroles.
— Une chemise noire, un costume noir, des chaussures noires. Vous deviez aller à un enterrement après l’entretien ou vous en revenez ?
Pourquoi ne répond-il pas ? Et pourquoi semble-t-il si désinvolte ? Est-ce moi ou le coin de sa bouche pointe-t-elle vers le haut ? Il essaie de me provoquer et il y réussit, mais je ne le laisse pas paraître. Je me contente de jeter la carte en plastique à ses pieds avant de quitter l’hôtel sans rien ajouter. »
Quel dommage qu’il existe certaines choses que l’argent ne peut acheter ! Par exemple : la curiosité d’une petite et impertinente blonde qui me fait oublier mes propres principes. D’habitude, je suis celui qui reçoit les offres et non celui qui les fait, que ce soit avec les femmes, mais aussi les partenaires commerciaux. Ne voulant pas m’écarter trop de ces principes, je donne à Mme Davis un ultimatum qui, je l’espère, ne la fera pas fuir.
Les hommes sont complètement sans intérêt à vos yeux, ou l’ont été jusqu’à maintenant, car ils n’auraient de toute façon eu aucune place dans votre vie. Vous aviez donc conscience d’eux, mais pas comme d’éventuels partenaires sexuels : ils appartenaient seulement au sexe opposé, habitant la Terre comme vous et moi. Ainsi, vous n’auriez pas pu remarquer si un homme essayait de croiser votre regard dans le but de vous montrer son intérêt. Vos expériences et votre position sur le sujet vous ont rendues complètement insensibles à ces genres de signaux. Mais à présent, du temps a passé, et petit à petit, nos sessions vous ont aidée à surmonter ce traumatisme. Dans un sens, la femme assise en face de moi maintenant est une personne différente de celle qui se trouvait ici il y a trois semaines. Votre comportement change, vos pensées, vos sentiments deviennent plus positifs, et cela affecte aussi votre perception. Plus tôt, vous avez dit que Jayden King n’était pas laid. Si vous l’aviez rencontré il y a de cela six mois, vous n’auriez certainement même pas remarqué à quoi il ressemblait, car vous considériez, d’une certaine manière, les hommes comme… comment dire ? Sexuellement neutres.
Qui aurait cru que les chiffons dans lesquels elle s’était montrée il y a quelques jours cachaient un corps pareil ? Un corps mince, mais avec des formes. Une taille fine, des seins d’une belle taille. Et ses fesses ressortent fantastiquement bien dans cette jupe cintrée qui arrive aux genoux. Oh, oui, la vivacité d’esprit n’est qu’un des multiples atouts de Mme Abigail Davis. J’aime ce que je vois et je crois bien que l’appréciation est partagée. Pour quelle autre raison rougirait-elle et détournerait le regard de cette manière après m’avoir inspecté ? C’est une facette d’elle à laquelle je ne m’attendais pas. Quelque chose de timide, de fuyant… de maladroite presque. J’en veux plus. Je meurs d’envie de trouver ce que Mme Abigail Davis cache d’autre derrière ses petites répliques sarcastiques. Elle aboie plus qu’elle mord, comme on dit… bien que je serais aussi intéressé de découvrir son côté sauvage. Dans le but de le dompter alors qu'elle se trouve allongée sous moi et…
Il est inutile de laisser un homme vous payer à boire si vous n’êtes pas intéressée par lui. Tout est permis ; rien n’est obligatoire. Et l’autre partie de cette mission est qu’après cela, vous preniez le temps d’écrire sur vos expériences et surtout la manière dont elles vous ont fait vous sentir.
Chapitre 2 :
Jayden
«…Du moins en théorie, Mme Davis semble être la personne parfaite pour être ma secrétaire.
Je la veux.
Elle et personne d’autre, c’est pourquoi je suis presque un petit peu agacé après moi-même pour m'en être pris à elle de cette manière dans l’ascenseur. D’un autre côté, si je ne l’avais pas fait, je ne me saurais pas aperçu de sa grande vivacité d’esprit. Je ne parviens pas à réprimer un large sourire en y repensant et décide de l’appeler ce soir après ma conférence téléphonique. En personne. Bien qu’elle ait retiré sa candidature. Après tout, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui si j’acceptais un refus. Et j’obtiens toujours ce que je veux.
Toujours. »
Des lèvres pulpeuses qui forment un sourire qui ne se voit pas tout à fait dans ses grands yeux marron. Les photos ne sont visiblement pas sa tasse de thé. Le maquillage non plus à priori : elle n’en porte presque pas. Je zoome jusqu’à ce que sa photo remplisse complètement l’écran de mon portable. Mme Davis n’est pas une bombe, mais il y a quelque chose la concernant. Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais c’est présent, et plus je la regarde, plus je vois ce quelque chose. Je dézoome à nouveau et à mon grand regret, découvre que la photo s’arrête aux épaules. Je n’ai même pas pu deviner quel genre de formes étaient cachées par ces amples vêtements.
Le sexe m’aide à oublier. Elle. Son sourire. Son visage.
Les orgasmes sont des antidouleurs plus sains que l’alcool. En tout cas, ils l’étaient jusqu’à il y a environ un mois. Aujourd’hui, j’en suis blasé. L’effet s’est estompé. Un vagin est un vagin, une poitrine est une poitrine, des fesses sont des fesses. À qui ils appartiennent n’a pas d'importance. Si la femme est ennuyeuse, la baiser l’est aussi. J’ai donc décidé de me concentrer sur le développement de Four Kings en Europe dans le but de me distraire grâce au travail plutôt que le sexe.
Il fut un temps durant lequel je l’aurais vidée jusqu’à la dernière goutte, en partant du principe que « noyer vos chagrins » représentait quelque chose que l’on pouvait vraiment faire. En vrai, vous ne pouvez pas, L’alcool est plutôt un anesthésiant : il finit par se dissiper. Vous pouvez alors soit vous resservir, ou trouvez un autre moyen de vivre avec la douleur. Après d’innombrables maux de tête, pertes de connaissance et des sermons de Jess, j’ai choisi la seconde option. Pour son bien et celui de ma mère.
Les limiers de la police n’ont rien sur elle. Alors que moi, me comportant ainsi c'est nouveau. Autre chose qui est nouveau : une femme qui me donne envie d’en savoir plus sur elle après seulement quelques phrases. La plupart des femmes commencent à m’agacer après environ trois mots, ce qui est dû au fait que quatre-vingt-dix femmes sur cent m’admirent pour mon existence même et me disent tout ce qu’elles pensent que je veux entendre.