Lorsqu’on se penche sur l’influence du père Lebbe et du cardinal Costantini sur l’Église de Chine dans la première moitié du 20e siècle, particulièrement en ce qui concerne la mise en place de la politique d’inculturation, on ne peut négliger le rôle de la symbolique du pouvoir.
Dans le cas de la cathédrale d’Anguo où le père officiait, on remarque deux éléments significatifs : l’évêque, Sun Dezhen, était au nombre des six prélats chinois recommandés par le père au Vatican, et la cathédrale de son diocèse employait des éléments d’architecture chinoise comme signe d’inculturation. On ne peut nier en effet que le style palatial chinois et la symbolique du pouvoir sont étroitement liés, bien que ce style ait été aussi adopté par les temples.
Mgr Sun après son ordination épiscopale à Rome est allé en pèlerinage à Lisieux pour mettre sa préfecture apostolique sous la protection de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus que le pape Pie XI vient de déclarer patronne des missions.
À son retour en Chine, en 1927, il nomme le père Lebbe, qui lui aussi développe une grande dévotion pour sainte Thérèse, curé de Gaojiazhuang. Les Joséphines se laissent facilement convaincre par les propos de leur évêque et de leur curé sur sainte Thérèse et acceptent de devenir les Petites Soeurs de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. C’est ainsi qu’en avril 1928 Mgr Sun envoie une lettre au carmel de Lisieux pour lui annoncer la fondation d’une filiale dans la préfecture apostolique de Lixian.
Le retour du père Lebbe en Chine en 1927 est loin de recevoir l’approbation des autorités lazaristes. Elles veulent le confiner à la préfecture de Lixian et lui interdirent de mettre les pieds à Pékin et Tientsin. Mais Costantini s’y oppose et déclare que Lebbe, en tant que représentant de Mgr Sun, est libre de se rendre à Pékin pour y traiter au nom de l’évêque des affaires de la préfecture.
De plus, il nomme le missionnaire aumônier général de l’«Association catholique universitaire », ce qui va lui permettre d’étendre son action non seulement sur Pékin mais sur toute la Chine.
Le courant missiologique s’alimente aussi aux recherches linguistiques et ethnologiques menées depuis des décennies
par les missionnaires pour mieux comprendre les cultures locales.
Les traductions bibliques ou liturgiques dans les différentes langues se révèlent un processus d’incarnation du message chrétien dans les cultures. Ce mouvement s’accompagne de la création d’outils
importants (grammaires, dictionnaires) qui contribuèrent à la sauvegarde de maints idiomes à travers le monde.