Arnaud Maurières

Ce qui frappe au premier abord dans cet album, ce sont les photographies pleine page, qui vous happent dans un tourbillon de plantes, de bassins, de terres craquelées et de cailloux, dans des camaïeux de verts, bronze, ocre et terre brûlée. Car, est-il écrit sur chacune de ces pages, l’aridité est « universelle, vivante, surprenante, subtile et contrastée. »

Pour comprendre ce livre, il faut en lire la genèse : après avoir créé des jardins dans le bassin méditerranéen, les deux auteurs se sont établis dans le sud du Maroc, sur une terre aride sous un soleil brûlant. Loin des jardins où l’herbe est verte, mais à quel prix, nos deux jardiniers développent des jardins arides et généreux, adaptés au climat et au terrain où ils sont implantés.

Mais qu’est-ce qu’un climat aride ? Sa caractéristique « reste une déficience, voire une absence totale de précipitation pendant plusieurs mois de l’année. »

Un chapitre aborde la pierre, celle des murs, cours et allées.

« Un sol en pierre possède une force évocatrice très puissante, celle d’entrer, de pénétrer un espace autonome, un sanctuaire nullement religieux ais profondément naturel. »

Puis on parle d’eau avec les bassins, piscines et fontaines, cette eau si précieuse dans un jardin sec.

« En cas de pénurie d’eau, les bassins font office de citerne »

Au cours de la lecture, je tombe sur cette histoire ubuesque et on ne peut plus choquante. En Californie, alors que l’arrosage des jardins est interdit durant une sécheresse prolongée, certains jardiniers ont tout simplement peint l’herbe sèche en vert pour donner l’illusion d’un gazon plein de verdeur. Une aberration !

Les auteurs argumentent pour la création de jardins arides qui peuvent être luxuriants et exubérants. « Il est temps d’adapter l’esthétique du jardin au respect du climat de chaque lieu »

En ces temps de réchauffement climatique, voilà un livre qu’il est utile de lire et de méditer pour des jardins resplendissants et beaux, loin de la standardisation du gazon anglais.