Les alchimistes du Conseil sont opposés au destin des dragons. Les lords d'Aurnor désiraient les soumettre à leurs désirs. Ils cherchaient à les dominer, et les dragons ont horreur de cette idée. Un dragon est libre de manger et de voler, il est souverain sur ses terres, dévore ce qu'il veut quand il veut. Les forces du Monarque veulent également en finir avec eux, les enfermer, pour la simple raison qu'ils sont ce qu'ils sont. Des dragons. Cela ne me paraît pas juste. Selon moi, si les choses existent, elles ont le droit de vivre selon leur nature.
Le tribunal de l'Inquisition domine les plus ignorants avec des arguments fallacieux. Ils contrôlent les hommes de pouvoir, les rois, les princes, les ducs... en leur accordant les plus viles faveurs.
Une trop grande ignorance est aussi une faiblesse.
« Ne craignez pas les épreuves que le destin vous réserve, car il est indifférent et sévère. Ses sentiers sont épineux pour celui qui persévère, joyeux pour celui qui se renie par commodité. »
Le f a-t-il deux ailes inversées ?
Jamais une lettre ne fut un animal !
(…)
Je suis l'invisible main de Magonia :
Je m'adresse à toi depuis le Haut Royaume
Et ce que j'écris est bien certain...
Là-haut, l'on ne parle qu'en quatrains !
L'homme stupide se croit intelligent,
On appelle stupide l'homme intelligent,
De l'ignorance sans opinion
Doit se protéger la foule.
- J'ai atteint l'âge requis, j'ai été initié et maintenant, je peux étudier ce qui m'intéresse et oublier ces horribles potions malodorantes...
- C'est le genre de réponse que l'on attendrait d'une personne « normale », mais je t'ai déjà dit mille et une fois qu'il ne suffit pas de naître alchimiste ou sorcière pour le devenir... Le talent n'est pas tout, il faut aussi manipuler le chaudron.
- Tu as raison. Mais tu oublies qu'il faut aussi naître dans une maison noble, répliqua le garçon d'une voix mordante. On dirait que nous sommes destinés à être pourchassés comme des rats par ces vieilles chouettes de lords ténébreux...
(Idruk et sa mère).
De nombreux suspects, accusés d'être des alchimistes dissimulant leurs facultés, étaient destinés à subir l'épreuve du feu. S'ils résistaient aux flammes, cela apporterait la preuve de leur véritable nature d'alchimistes et ils seraient ensuite soumis au feu destructeur. Pour ceux qui ne parvenaient pas à survivre au feu ordinaire, il était bien sûr trop tard. Cette épreuve était l'une des condamnations les plus horribles et les plus injustes que l'on puisse imaginer, où seule la mort constituait une preuve d'innocence.
Au contact de ceux qui avaient comploté la mort des innocents, elle se chargeait d'une terrible malédiction. Le jeune homme semblait avoir découvert par intuition le ressort d'une magie ancestrale : tout acte malfaisant laissait une trace, une preuve qui tôt ou tard changeait le cours des choses et traquait la personne à l'origine du mal, suscitant une force qui se retournait contre lui.
Idruk refusait de faire ses adieux à sa mère. Aiken lui lança un regard réprobateur et le jeune alchimiste fixa l'horizon d'un air têtu. Gotwik semblait blessée, mais l'inquiétude marquait son visage.
Ylke la salua chaleureusement, puis gratifia Idruk d'un bon coup de coude et lui marcha sur le pied au passage.
- Tu pourrais faire un peu attention, s'il te plaît ?
- Ça a fait mal à quelqu'un ? s'étonna Ylke de son ton le plus sarcastique.
Il lui tira la langue.
- De toute façon, c'est ce que tu fais aux autres et tu t'en fiches comme d'une guigne, reprit-elle.
Jeune Maiflower, tu devrais être très heureux que cette circonstance singulière soit venue perturber ta grande nuit, car ce moment est vraiment fondamental. En ce jour, tu seras initié au savoir de l'alchimie, mais le savoir ne vaut rien sans l'expérience. Voilà pourquoi j'estime qu'il est préférable que tu sois témoin de ce qui nous attend. Le garçon devient un homme lorsqu'il s'est frotté au danger et aujourd'hui, tu vas regarder droit dans les yeux le grand péril qui menace notre monde.