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Citation de sylvie


Mais c'est alors que je le vis le point entre ses oreilles où le monde était encore invisible, bien net, l'endroit où nous voyions la même chose. Tout le reste se changea en martellement : sabots, coeur, peur, vitesse. La poussière se soulevait au dessus du sol, mes jambes se fondirent dans les flancs de Darling. En cet instant nous n'étions plus qu'un seul corps, voué à mourir pulvérisé. Je sentis la secousse dans ma colonne quand elle partit en pivot, la pointe de son sabot percutant le sol, la rotation qui nous souleva, tandis que le ciel, la terre et les gradins laissaient des traînées sanglantes autour de nous. Au centre, on prit un virage qui me souleva l'estomac dans la poitrine quand elle bascula sous moi, changeant de pied en plein saut, pour retomber sur l'autre en un seul et impeccable mouvement continu. En continuant autour de l'arène, je sentis la vitesse s'enfler en moi, et je la laissai filer, et tout le reste avec. Il ne restait plus rien, que le point entre ses oreilles, le centre de son corps coincé sous le mien. A travers le brouillard de poussière et de la chaleur, je vis s'approcher la barrière, et je me dis que nous allions la défoncer, passer par dessus, et, prenant notre envol, nous élever dans les airs, et enfin entrer dans ce qui venait quand la vie prenait fin, et que commençait la suite.
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