Le Sri Lanka touchait différemment chaque personne. Il vous prenait par surprise et parfois, pas souvent, vous ne preniez la mesure de son emprise sur vous qu'après l'avoir quitté. Je connaissais tant de gens qui avaient détesté ce pays (ou qui s'étaient complu à le détester) quand ils y étaient ; et qui se rendaient compte qu'ils ne pouvaient vivre sans lui qu'après en être partis. Cette île ressemblait à une femme difficile et dangereuse dont l'indifférence vous repoussait, et dont la déraison vous rendait fou : une femme dont la logique insensée ne devenait claire qu'avec la distance du temps et de l'espace. En fait, en y pensant, ce pays ressemblait un peu à ma mère.