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Critiques de Aude Mermilliod (347)
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Le Choeur des femmes (BD)

On va suivre une jeune interne des hôpitaux en gynécologie. Elle doit exercer pendant six mois dans une unité dédiée à la médecine des femmes ce qui va à l'encontre de son envie.



Cependant, progressivement, elle se rend compte de toute la richesse et la complexité de son métier entre avortement, contraception, violences conjugales, maternité des jeunes adolescentes et accompagnement des cancers gynécologiques en phase terminale. J'ai bien aimé la progression de cette jeune interne qui croyait tout savoir car elle était major de sa promotion. Il y a tant de choses différentes sur le terrain. Cela va la transformer en un médecin plus humain.



C'est l'adaptation assez touchante d'un livre de Martin Winckler superbement mise en image par Aude Mermilliod avec une illustration pleine d'émotion. De l'avis général, c'est une franche réussite. Je n'ai pas lu le roman mais j'ai bien aimé cette BD. Il y a effectivement une très belle sensibilité des personnages. C'est une lecture qui ne peut faire que du bien et c'est tout à fait louable.



Un mot sur le graphisme pour souligner la douceur du trait. J'ai beaucoup aimé cette ligne claire ainsi que la couleur. Cela ajoute à la lisibilité de l'ensemble et cela contribue au dynamisme de ce récit documentaire.



La puissance de cet ouvrage m'a marqué entre respect du patient et écoute face à la maladie mais surtout ce final en apothéose. Je ne suis pas le seul d'ailleurs. Evidemment, je ne peux qu'ajouter ma voix à ce concert de louanges pour une BD maintes fois coup de chœur.
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Le Choeur des femmes (BD)

Ce livre est l'adaptation graphique du roman de Martin Winckler, qui porte le même titre : "Le chœur des femmes". Nous y suivons le docteur Jean Atwood qui, pour pouvoir valider son internat, doit travailler six mois dans une section particulière : le MLF ou Médecine de La Femme, ainsi le docteur Franz Karma nomme-t-il son unité. Alors que Jean se voit un éminent chirurgien dans un avenir proche, elle va devoir apprendre désormais à écouter et entendre ses patientes, tenir compte de leurs avis autant qu'apprendre à ne pas les juger.



Pour qui a déjà lu le roman de Martin Winckler, les thématiques ne sont pas une surprise : les femmes avant tout, dans toutes leurs différences et similitudes, ainsi que la gynécologie et les différentes manières de la pratiquer. Aude Mermilliod y ajoute sa touche personnelle, en choisissant de mettre systématiquement en avant les différents états d'âme de Jean. Hormis des dessins assez minimalistes en ce qui concerne les décors et tout ce qui entoure les personnages, elle ne lésine pas en revanche sur les différentes émotions par lesquelles ils passent.



Cette adaptation permet de donner à nouveau la parole aux femmes, quels que soient leur âge, leur milieu social, leur situation familiale, leurs croyances, leur vécu ou leurs caractéristiques physiques. Leur est donnée l'occasion de s'exprimer et d'être écoutées et entendues jusqu'au bout, de se libérer ou du moins de mettre en mots leur colère, leur incompréhension, leur douleur.



Toujours aussi percutant grâce à toutes ces femmes qui croisent le chemin de Jean, grâce à Jean aussi qui doit elle-même faire face à ses propres déboires, ainsi qu'au docteur Franz Karma, ce récit mélange histoires féminines personnelles et histoire de la gynécologie. Il fait s'effondrer un à un tous les préjugés qui, encore de nos jours, prédominent. Il y est notamment question d'éthique, de respect, de confort et d'écoute que, souvent encore aujourd'hui, la plupart des médecins mettent de côté au profit de leur pratique et de leur propre confort. Mais il est aussi question d'accouchement, d'avortement, de contraception, de menstruations, ou encore d'intersexuation, de genre ou d'orientation sexuelle.



Cette histoire est toute de bienveillance et d'humanité, de sensibilité, autant qu'elle nous jette à la figure toute la colère des femmes, leur ras-le-bol quant à la manière dont elles sont traitées et jugées par des professionnels qui ne se donnent même pas la peine de les connaître ou du moins de les comprendre.



Je n'avais pas souvenir d'un langage aussi familier, j'y ai retrouvé en revanche les personnages tels que je les avais imaginés, ainsi que la même ambiance au sein de cette unité spéciale, les mêmes messages, les mêmes cris de colère.



Une histoire puissante, très animée aussi, lumineuse autant que révoltante, qui prêche la tolérance et met l'accent sur l'acceptation de ses différences, aussi bien physiques que psychiques.



Une très très chouette adaptation.

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Il fallait que je vous le dise

Montréal, janvier 2017. Aujourd'hui, Aude Mermilliot a rendez-vous avec Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, investi contre les violences obstétricales. La jeune femme a très envie de lui parler de son nouveau projet de bande dessinée portant sur l'avortement. Aussitôt, elle lui confie combien son roman, "Le choeur de femmes", l'a bouleversée après son propre avortement, combien elle s'est retrouvée en l'héroïne, combien elle partageait tous ses sentiments et sensations. C'est alors que la scénariste lui raconte, depuis le début, son histoire...

Bruxelles, 2001. Serveuse dans une brasserie, Aude enchaine les relations après une rupture amoureuse. Mais avec Christophe, elle se sent bien. Presque amoureuse. Mais quelques mois plus tard, elle est parcourue de symptômes étranges (vomissements, nausées, vertiges, fatigue). Sa colocataire lui conseille de faire un test de grossesse. Pour Aude, aucune raison que cela soit ça étant donné qu'elle porte un stérilet. Et pourtant, le résultat est sans appel : elle est enceinte !



Avec cet album, Aude Mermilliot et Martin Winckler traitent d'un sujet délicat et terriblement sensible : l'IVG. Difficile d'en parler encore de nos jours tant le sujet semble tabou, parfois porté comme une honte pour certaines femmes. La scénariste et dessinatrice a sollicité l'aide et le témoignage de Martin Winckler, un médecin qui, comme le montre la deuxième partie de l'album, s'investit beaucoup pour cette cause et écouta nombre de femmes qui poussèrent la porte de son cabinet. Quant à la première partie, il s'agit du témoignage d'Aude qui se livre sans concession et sans tabou. Elle dépeint avec sensibilité, humour parfois, son parcours, avant et après l'avortement, ses émotions, ses doutes, ses moments difficiles, la réaction de sa famille et de son entourage. Deux témoignages profonds, sincères qui se complètent parfaitement et permettent de comprendre l'ampleur cet acte.

Un album délicat et, ô combien, utile...
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Le Choeur des femmes (BD)

"La médecine a fait des miracles depuis un siècle, inventant par milliers des maladies nouvelles." Louis Scutenaire.

La jeune Jean ( prononcez Djiin) Atwood, interne et 4 fois major de sa promotion, doit se résigner à faire un stage de 6 mois, chez " Barbe Bleue" gynécologue, le docteur Franz Karma dans son unité "Médecine de la femme".



Barbe bleue séduit sans vergogne les malades et les infirmières, mais est sans pitié pour les internes sous ses ordres... Jean veut faire de la chirurgie et non pas écouter les malades se plaindre ou parler d'elles- mêmes!

Alors que le docteur Karma prend son temps, écoute et refuse les diktats des pontes de la médecine..." qui se prennent pour Dieu."



Il laisse même Catherine , une malade en phase terminale, occuper une chambre... sans jugement, ni état d'âme

-" Mais combien de temps?" Demande Jean.

- "Tu sais. Je ne suis pas devin. Par principe , je ne fixe jamais l'heure de décès avant de l'avoir prononcé." répond le docteur Karma



Combien de femmes ont servi de cobayes, à des pratiques douteuses?

"Sabrina avait 14 ans et désirait un moyen de contraception et le médecin (un homme)à posé la pire question, à une adolescente:

- Avez vous déjà des rapports sexuels?"

- Pourquoi la pire question ?" demande Jean.

-L'activité sexuelle des femmes ne nous regarde pas. Si elles en parlent spontanément, ok. de quel droit devions savoir avec qui elles baisent, à quelles fréquences et dans quelles positions?"

- Mais savoir si elles ont des relations est utile au diagnostic!" s'énerve Jean.

-Quel diagnostic? Une femme qui veulent une contraception , n'est pas malade."fait Franz Karma...



Une relation médecin-malade mise à l'honneur, dans la dignité des femmes et du corps humain. On aimerait que "Djiin" Atwood exauce nos 3 voeux: qu'elle ouvre les yeux sur la difficulté d'être une femme,

"Vous ne pouviez pas apprendre avec des lunettes noires" avec son cortège de problèmes. Ou de subir des médecins qui veulent aller le plus vite possible, avec morgue et suffisance, lors des consultations...



" La pince Pozzi n'est pas nécessaire pour poser un stérilet. Les stérilets sont en plastique souple, ils plient et se déforment pour s'insérer facilement."

Inutile de maltraiter les femmes...

-" Je n'ai jamais entendu ça, ni lu dans aucun bouquin" avoue Jean...
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Les reflets changeants

Un grand merci à Babelio et aux éditions Le Lombard...



Elsa, à 22 ans, est une jeune femme brillante, fraîchement diplômée et très amoureuse d'un homme talentueux plus âgé qu'elle. Un vrai rêve de petite fille qui se réalise tant elle manque de confiance en elle et se rend compte qu'elle n'est pas cette femme gracile, délurée ou mystérieuse sur qui on se retourne... Pourtant, cette histoire d'amour semble sans issue. Lors d'une soirée avec son amie, Julie, elle fait la connaissance d'Idir...

Jean, à 53 ans, est conducteur de train. Séparé de sa compagne, un week-end sur deux, il s'occupe de sa petite fille Alda, qu'il aime d'un amour inconditionnel. Pourtant, ce n'était pas la vie qu'il s'imaginait, une vie sans attaches...

Émile, à 79 ans, vit dans un monde de silence. Il vit aux côtés de sa femme aimante, Yvette, et ses journées sont rythmées entre les promenades du chien et son journal qu'il tient quotidiennement...

C'est sous le soleil irradiant de Nice que ces trois-là vont se rencontrer...



Dans ce récit choral, l'on suit le destin d'Elsa, Jean et Émile. Trois personnes que rien ne semblait destiner à se croiser. Trois personnes liées par de mêmes sentiments : blessures ou rancoeurs, désirs inavoués ou inassouvis, attentes déçues et sensation de ne pas être celui/celle qu'il/elle voulait/faudrait être. Sous cette chaleur niçoise, les sentiments et les sensations semblent vouloir éclore. Aude Mermilliod nous offre, avec cet album, une véritable parenthèse ensoleillée et alanguie. Il en ressort une atmosphère à la fois mélancolique et pleine de vie. C'est dans un sourire, un regard, un geste effleuré, dans un petit rien parfois, que la vie éclate au grand jour. L'autrice saisit avec délicatesse et émotions aussi bien ces gestes du quotidien que ces envies d'ailleurs et de liberté. Aux dialogues bien écrits, au trait rond et aux couleurs lumineuses, cet album se révèle envoûtant, à la fois touchant et doux-amer.
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Le Choeur des femmes (BD)

Jean est loin d'être enthousiaste à l'idée de passer les 6 derniers mois de son internat en gynécologie obstétrique. Bien au contraire ! D'autant que le stage se passe au cœur du service du docteur Franz Karma, surnommé Barbe Bleue, et qui a renommé sa section « Médecine de La Femme ». Elle ne manque pas, d'ailleurs, de bien l'informer qu'aussitôt après ce stage, elle retourne directement en chirurgie. Dès que les premières patientes franchissent la porte de son bureau, Jean ne peut s'empêcher de souffler, de s'impatienter, de s'énerver parfois, de sourire ironiquement devant les méthodes employées par le docteur Karma, qui, lui, favorise le dialogue. S'il a bien remarqué son comportement, il lui demande de changer et d'arrêter de juger les femmes. Aussi lui propose-t-il une semaine à l'essai. Elle n'aura qu'à le suivre, observer, noter, faire ce qu'il lui demande, adopter une attitude plus indulgente envers les patientes. Si elle pense que leurs visons des choses est trop différente, il la laissera partir en validant son semestre...



Jean Atwood, brillante élève qui a terminé major de sa promotion, ne se doute pas un seul instant que son stage effectué au service gynécologie obstétrique du docteur Karma va changer aussi bien sa vie que sa conception de la médecine. Cet album, adapté du roman éponyme de Martin Winckler, se concentre, d'une part, sur la vie de Jean, que l'on découvre peu à peu, notamment les raisons qui la poussent à s'orienter vers la chirurgie gynécologique, d'autre part, sur toutes ces femmes dont le témoignage (certainement authentique) est tout aussi touchant qu'émouvant puisque concernant une partie très intime et complexe d'elles-mêmes. S'il y est question d'avortement, de contraception, de maternité, l'album traite également de sujets plus profonds tels que les pratiques gynécologiques abusives ou traumatisantes, les nouvelles façons d'aborder la médecine (basée sur l'écoute et l'empathie) mais aussi l'intersexuation. Le résultat n'en est que plus poignant, très intéressant, et en rien plombant tant le duo formé par Jean et le docteur Karma est pétillant et haut en couleurs. Graphiquement, Aude Mermilliod, avec ses planches aérées au trait fin, apporte de la légèreté et du dynamisme au récit.



Un roman graphique tendre et profondément humain...



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Il fallait que je vous le dise

Non, les femmes qui avortent ne sont pas toutes des écervelées, des inconscientes et des irresponsables qui se sont laissées entrainer à faire des galipettes sans aucune protection ou ont oublié leur pilule un soir de trop.

Cette bande dessinée aborde un thème difficile, celui de l’avortement.

Il y a deux points de vue, celui d'une jeune femme qui tombe enceinte alors qu'elle porte un stérilet et celui d'un médecin qui va consacrer une partie de sa carrière à la médecine féminine (contraception et avortement).

J’ai été très émue par le témoignage de cette jeune femme qui explique comment elle a vécu cette période de sa vie, comment s’est passé l’intervention et ce qu’elle a ressenti par la suite.

Le point de vue du médecin est tout aussi passionnant, on voit comment il a découvert cette partie de la médecine à laquelle il semblerait que les futurs médecins soient très peu formés, comment il a appris à écouter et à comprendre les femmes, de tous les âges et de tous les milieux sociaux, leurs questions, leurs peurs et leurs histoires, ce qui lui a permis de pouvoir les aider sans les juger.

Ces deux récits forment un ensemble cohérent, sincère, pudique et très touchant.

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Le Choeur des femmes (BD)

J’ai déjà lu et apprécié le roman du même nom de Martin Winckler. Aussi, quand il y a quelques temps ma meilleure amie m’a offert cette bande dessinée directement inspirée du dit roman, j’ai été ravie.

Je me suis laissé le temps de trouver le bon moment pour la lire, et ce week end était pour moi propice pour la lecture de cette très belle bande dessinée.

Je ne peux que saluer le talent d’Aude Mermilliod qui a su restituer avec finesse et sensibilité l’âme du roman et surtout en faire une œuvre vraiment aboutie.

Que ce soit au niveau du dessin ou du scenario, il n’y a absolument rien à dire car tout sonne tellement juste.

On ne peut qu’être touchée par cette histoire qui est à mettre entre toutes les mains.

Une réussite.

Merci ma Véro !





Challenge Multi-Défis 2022

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Le Choeur des femmes (BD)

J’avais beaucoup aimé le roman dont cette bande dessinée est l’adaptation et je ne suis pas déçue du tout par cette version plus courte mais tout aussi poignante des débuts de la vie professionnelle d’une jeune femme médecin un peu trop sûre d’elle.

Jean va en effet découvrir dans le cadre d’un stage les consultations gynécologiques du docteur Karma, un médecin qui privilégie l’écoute des patientes aux actes purement médicaux.

De nombreux thèmes sont abordés : contraception, désir d’enfant, avortement, violence conjugale, inceste, viol...et la BD s’attache aussi et surtout à montrer que le corps des femmes a longtemps été un simple objet médical, que les soignants n’étaient pas vraiment formés à l’écoute, qui fait pourtant partie intégrante de la médecine et que la douleur des femmes, qu’elle soit physique ou psychologique n’était pas écoutée du tout.

Une BD instructive, jolie dans sa forme et très forte.
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Le Choeur des femmes (BD)

Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully. section Bande dessinée (5/6)



Jean, jeune interne brillante est envoyée, dans le cadre de son cursus de formation, pour 6 mois au service de gynécologie-obstétrique du Docteur Franz Karma.



Elle n’est pas très enchantée de cette affection car la réputation du Docteur est très mauvaise. Elle assiste aux consultations et est effarée par les méthodes employées par le médecin.



Elle se rebelle contre celui-ci. Il lui propose alors de rester une semaine avec lui avant de prendre faire un choix : partir ou continuer le stage …



Au delà de la lecture agréable de ce livre, les sujets abordés sont très forts : avortement, contraception, viol…

A la médecine conventionnelle, toujours sûre d’elle et souvent brutale dans ses investigations, l’auteur oppose une médecine plus proche de la patiente, plus douce, plus humaine.



Les dessins simples, sans chichis ni fioritures, soutiennent bien cette douceur dans les rapports entre patiente et médecin même si le sujet abordé est lourd.



Une très belle histoire.
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Il fallait que je vous le dise

C’est la critique de LePamplemousse qui m’a donnée envie de lire cette B.D que je me suis donc empressée d’emprunter. Cette B.D dont le thème est l’avortement est divisé en 2 parties, d’abord le témoignage très personnel et très autobiographique d’une jeune femme ayant avorté, puis le récit du parcours de Martin Winckler, médecin devenu écrivain qui a lui-même pratiqué des IVG. Si cette B.D n’est pas parfaite, elle est globalement réussie et a le mérite d’aborder un sujet difficile. Quand on pense IVG, on pense souvent avant tout "droit à l’IVG". Ce raisonnement est bien entendu justifié, ce droit qu’on pense trop vite acquis définitivement est souvent menacé, il est donc toujours nécessaire d’évoquer cet aspect. Mais il est toutefois dommage de ne voir que cet aspect. On a tendance à oublier le côté humain qu’il y a derrière le côté médico-juridique, et cet aspect on ne l’envisage véritablement que quand on est concernée. La B.D d’Aude Mermiliod permet donc d’évoquer cette dimension plus intime de l’avortement.



J’ai préféré la seconde partie à la première. La seconde partie qui raconte le parcours d’un médecin ayant pratiqué des IVG est vraiment intéressante et c’est un beau portrait d’homme. Il a le courage de se remettre en question, il ose dire qu’il n’a pas toujours eu la bonne attitude face aux patientes.

Le témoignage de la jeune femme a les qualités et les défauts de ce registre. Elle livre un ressenti forcément personnel qui ne sera pas partagé par toutes les femmes ayant vécu l’IVG. Chaque femme y ayant eu recours le vit différemment. Un tel témoignage ne peut pas être universel. Mais l’intérêt n’est pas là. Tout le mérite de ce témoignage est d’exister. Une femme a pu parler, a pu exprimer ce qu’elle a vécu intimement. Souvent, les femmes ayant avorté n’osent pas en parler. Et pourtant ça leur ferait du bien à celles qui l’ont vécu. A celles qui s’apprêtent à le vivre aussi. Le sujet reste assez tabou, il y a toujours ce voile de honte qui pèse sur les femmes. A travers cette B.D, Aude Mermiliod a le courage de dire sans honte, sans gêne, « j’ai avorté ». Cette libération de la parole me semble nécessaire.

Moi aussi j’ai avorté. Mon expérience a été très différente de celle vécue par Mermiliod. A aucun moment, je n’ai dû faire un deuil. Ce moment de la B.D où la jeune femme est agacée par ceux qui, voulant la rassurer, lui répètent que « ce n’est qu’un tas de cellules », « ce n’est pas une personne »… je ne l’ai pas vécu. C’était ce que je pensais moi-même. Peut-être parce que j’avais déjà 2 enfants, je ne me suis pas projetée dans un éventuel futur, je n'ai jamais pensé à ce qui aurait pu être. Je voyais cet amas de cellule comme un corps étranger dont je voulais me débarrasser au plus vite. Pour autant, je respecte cette tristesse ressentie par Mermiliod et plein d’autres femmes, elle mérite d’être entendue et écoutée.



La B.D ne montre pas suffisamment à mon goût le parcours difficile que représente une IVG. Il lui suffit d’un coup de fil pour avoir rendez-vous. Ce n’était pas l’aspect qui intéressait l’auteure, sa volonté était de s’attacher à l’intime. Mais, je trouve que les problèmes pratiques font partie du parcours intime de l’avortement. Tous ces appels téléphoniques, toutes ces étapes par lesquelles il faut passer sont source de stress et d’angoisse et sont donc partie intégrante de l’expérience intime. Et que dire du regard médical ! La jeune femme de la B.D a plutôt eu de la chance en tombant sur un corps médical humain et bienveillant. Je n’ai pas eu cette chance. Je ne me suis pas adressée à ma gynéco habituelle qui n’est pas à côté de chez moi, cela me semblait plus pratique. En plus la gynéco à laquelle je me suis adressée avait une convention relative à l’IVG avec l’hôpital du coin. Bref, le Dr D. m’accueille dans son cabinet d’un « bonjour » glacial. Je lui explique pourquoi je suis là. Elle me demande alors d’un ton accusateur « mais vous n’avez pas de moyen de contraception ? ». Je lui réponds alors que mon mari et moi utilisons des préservatifs. Je vois alors se dessiner sur sa face une moue réprobatrice assortie d’un « mouais » qui veut tout dire. Elle ajoute qu’il va falloir penser à une contraception plus sérieuse. Sans me demander pourquoi j’ai choisi cette contraception ni se soucier de ce que moi je veux, elle me fait une ordonnance pour un stérilet. Enfin, elle me file le 1er cachet, c’est à une IVG médicamenteuse que j’ai eu recours, me dit quel jour je devrai prendre le second et me balance une feuille en me disant « tout est expliqué là-dessus ». Elle ne m’explique rien et je ne lui demande rien, je n’ai qu’une envie : partir au plus vite, m’éloigner de son regard empli de reproches qui semble dire « tu as foiré, c’est de ta faute ». Elle ne m’a même pas prescrit d’antalgiques… N’allez pas croire qu’une IVG médicamenteuse est plus confortable qu’une IVG chirurgicale. Il y a la douleur, la fatigue et le manque de contrôle sur ce qui se passe… Une dizaine de jours après la prise du second cachet, alors que jusqu’ici j’avais des saignements importants mais normaux, j’ai eu des saignements très très importants. J’ai eu peur, j’ai cru que je faisais une hémorragie. Pendant 2 jours, je me vidais littéralement. J’ai donc appelé la Dr D. Je suis tombée sur la secrétaire, très gentille elle, je lui ai expliqué la situation en lui précisant que j’avais rendez-vous le lendemain pour la visite de contrôle mais que je me demandais s’il fallait que je m’inquiète de ce qui m’arrivait. Elle m’a mise en attente le temps de se renseigner auprès de Dr D. Cette dernière a dit « ça peut attendre demain ». Le lendemain je me suis donc pointée au rendez-vous de contrôle. Le Dr D. avait oublié qui j’étais, elle me demande « vous êtes là pour quoi ? ». Seulement 10 jours après m’avoir vue, et le lendemain de mon appel paniqué… Après lui avoir rafraîchi la mémoire, je lui parle des saignements hémorragiques qui sont survenus 10 jours après le médoc alors que les saignements les plus importants étaient censés, selon le feuillet explicatif, se produire 2 ou 3 jours après la prise du médoc. Elle me répond froidement « ça arrive » avant de me dire que je suis venue pour rien vu qu’elle ne peut pas procéder au contrôle puisque je saigne toujours. Elle me fixe un autre rendez-vous. Je n’y suis jamais allée. Mes saignements ont duré plus d’un mois, je suis restée avec mes questions, mes angoisses et le souvenir de son regard froid, accusateur et méprisant.



Je suis passée par toutes sortes d’émotions. La honte a été forte, à cause d’elle. Non pas parce que j’avortais mais parce que je me sentais coupable d’être tombée enceinte. J’avais failli, j’étais fautive. Ensuite, la honte et l’angoisse ont fait place à la colère. Je suis en colère d’avoir été traitée ainsi.

Ceux qui parlent d’avortement « de confort » ne savent rien. Ils feraient bien de lire la B.D d’Aude Mermiliod et d’écouter les témoignages des femmes qui ont avorté. Ils apprendraient bien des choses, et en premier lieu l’humanité.

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Le Choeur des femmes (BD)

Roman graphique fidèle au roman de Martin Winckler, médecin féministe et donc bien que ce soit une femme qui se l’approprie. Comment un médecin gynécologue se met à l’écoute des femmes et s’adapte à elles au risque de se mettre la profession à dos ? C’est ce que va découvrir, et nous aussi, une femme qui se destine à la chirurgie en stage avec lui. Un joli graphisme malgré des bouches tordues façon manga. Scènes parfois dérangeantes, mais tellement nécessaires. À faire circuler. Conseillé à mon médecin ce jour.
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Le Choeur des femmes (BD)

Le Chœur des femmes est donc un ouvrage qui parle de violences gynécologiques et médicales, de la relation médecin-patient·e qui est bien souvent inégalitaire, et qui m’avait amenée à réfléchir lors de ma lecture du roman.



Dans le cas de l’adaptation, j’ai pris plaisir à retrouver les personnages et à voir de quelle manière Aude Mermilliod les avaient dessinés. Je ne me souviens plus du visage que je leur prêtais auparavant, mais il est clair que la vision de l’autrice me paraissait assez raccord avec le livre d’origine.



Tout au long de la lecture, nous retrouvons quelques témoignages et histoires de femmes et de personnes qui se rendent à l’unité de Karma – parfois pour se faire examiner, parfois pour parler de leurs problèmes et de leurs inquiétudes.



Cette adaptation est très réussie et Aude Mermilliod a réussi à retranscrire en peu de pages un roman très dense et épais. L’engagement porté par cette histoire est toujours aussi présent – voire plus ! C’était touchant et c’était une très bonne lecture !



[Chronique complète sur le blog].
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Il fallait que je vous le dise

Une femme, un homme,

Deux récits sur l'avortement,

Par celle qui le subit, par celui qui le pratique.



Aude Mermilliod a avorté en 2011. Pour témoigner de son expérience, Aude a écrit un scénario de bande dessinée sur l'IVG. Extrêmement touchée par le livre « Le choeur des femmes » de Martin Winckler, elle contacte en 2017 l'auteur – de son vrai nom Marc Zaffran – afin de lui parler de ce qu'elle a vécu et de pouvoir compléter son scénario par sa propre histoire de médecin, pratiquant dans les centres d'IVG. Elle souhaite offrir aux femmes – et aux hommes – un récit authentique qu'elle aurait elle-même aimé lire à cette époque de sa vie.



Aude Mermilliod partage avec le lecteur ce tremblement de corps qu'est l'avortement et tous ces faits et gestes qui ne devraient pas se produire au moment de l'intervention, épisode bouleversant pour toute femme qui le vit. Son intervention médicale aurait pu mieux se passer mais elle tient avant tout à témoigner de ces montagnes russes émotionnelles provoquées par cette possibilité d'avoir ou non un enfant. De l'annonce aux proches à l'intervention, les réactions et soutiens divers se manifestent. Aude le sait : l'IVG est un droit, l'IVG est pour celles qui le font la meilleure solution à cet instant T de leur vie, pour elles et cet enfant qui n'existera jamais. Mais l'IVG demeure un deuil – qui n'en porte pas le nom. C'est de tout ce chamboulement, émotionnel et physique, que la première partie de la bande dessinée témoigne.

La second partie, consacrée à Marc Zaffran, revient sur le parcours du médecin et romancier, militant depuis toujours pour l'IVG et contre les violences obstétricales. Cette partie est notamment l'occasion de revenir sur l'avant « loi Veil « , lorsque les femmes étaient réduites à subir des IVG clandestines dangereuses pour leur vie. On suit la carrière d'un jeune médecin plein d'idéaux qui se rendra compte que pour aider ces femmes, il ne faut pas les juger mais juste les écouter et être solidaire. Depuis ces années de pratique dans les centres d'IVG, les valeurs éthiques de Marc Zaffran se sont renforcées et c'est dans les livres qu'il tente de les transmettre. Sous le nom de Martin Winckler.



Pour aborder un sujet qui fait encore peur et qui est encore ô combien tabou, Maud Mermilliod utilise des couleurs douces et chaleureuses, un graphisme rond et chaloupé, de l'humour aussi parfois. En unissant ses dessins et son témoignage à la voix de Martin Winckler, elle atteint son but : rassurer toutes celles qui ont vécu, vivent et vivront ce choix.

Un ouvrage extrêmement émouvant et nécessaire, à conseiller dans tous les lieux de lecture !
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Il fallait que je vous le dise

Un témoignage tout en émotion au graphisme coloré et beau. Une canadienne rencontre le médecin-écrivain Martin Winckler après avoir été émue par le coeur des femmes et lui montre son projet de roman graphique sur une IVG qui l'a marquée à vie. Points de vue de l'intéressée et du médecin. Simone Veil n'a pas été oubliée. J'ajoute que c'est un homme qui me l'a fait lire. À faire circuler.
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Le Choeur des femmes (BD)

Jean, brillante interne qui se spécialise dans la chirurgie gynécologique doit faire son dernier stage chez le Docteur Karma, adulé par son service et ses patientes. Mais cela commence mal car Jean est très vite exaspérée par les longes consultations durant lesquelles les femmes se confient tandis que son tuteur est tout aussi exaspéré par le comportement pragmatique et peu empathique de la jeune interne.



Voilà l’idée de départ et tous les questionnements qui s’ensuivent : comment exercer la médecine, pourquoi être médecin, et comment ces deux-là vont s’apprivoiser et finalement s’aimer. La Bd nous raconte cette rencontre avec en toile de fond, les cas qui se succèdent dans ce service de gynécologie.

Je ne connaissais pas le roman de Martin Winckler (j’ai juste lu La maladie de Sachs il y a très longtemps).



J’ai dévoré cette bd passionnante et bien écrite. Même si je n’ai pas lu le roman, je pense qu’il s’agit d’une excellente adaptation qui en restitue l’âme et le message. Impossible de ne pas se sentir concernée quand on est une femme mais je suis persuadée qu’elle peut tout autant intéresser nos hommes ! Les personnages sont vraiment très attachants et ce roman graphique se lit d’une traite sans une seconde d’ennui. Une lecture hautement recommandée !

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Le Choeur des femmes (BD)

J’ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman graphique, il ressemble à un témoignage médical, autour du thème de la gynécologie. Au début, j’ai trouvé le ton assez froid, semblant s’adresser à un public bien spécifique, au milieu médical principalement, et aux femmes. Je me sentais un peu voyeur, comme profanant le secret médical, celui des divers cas exposés, découvrant des problèmes de méthodologies purement médicales, là, ce n’est franchement pas ma passion. Contrairement aux récits de l’homme étoilé, qui sont des témoignages présentés du point de vue de l’émotion, dans Le Chœur des femmes, l’émotion fait partie du sujet médical, documentaire, l’aspect didactique domine, comme un récit pour former les futures générations de médecins.

Alors, quand vers la fin, le romanesque reprend le dessus, l’émotion nous submerge, et ça prend aux tripes.

C’est l’adaptation du roman éponyme de Martin Winkler. Il est médecin avant d’être écrivain, et ce roman est une manière de rendre visibles certains sujets délicats, Contraception, maternité, violences conjugales, avortements… et plus spécialement la chirurgie de “réassignation sexuelle”, autant dire, un sujet auquel je ne métais vraiment jamais intéressé.

Pour une fois, l’adaptation en bande dessinée m’a permis de lire un roman que je n’aurais sans doute jamais fait l’effort de lire (j’ai abandonné “La maladie de Sachs” au bout de 20 pages), et j’en ressors ébloui par l’émotion qu’il m’a procuré, et édifié et passionné sur un sujet pourtant assez peu attirant.
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Il fallait que je vous le dise

Je me suis laissé emporter par ce très beau roman graphique, Il fallait que je vous le dise. Ce récit est la rencontre de la dessinatrice Aude Mermilliod et du médecin Marc Zaffran, plus connu sous son pseudonyme de romancier, Martin Winckler, mobilisé en particulier contre les violences obstétricales.

C’est justement un roman de Martin Winckler, traitant de ce sujet, Le Chœur des femmes, qui provoque la rencontre entre les deux personnes. C’est ainsi que débute ce roman graphique, la jeune femme souhaitant évoquer son projet de bande dessinée consacrée à ce sujet, à partir de sa propre expérience. Après son avortement, la lecture du roman de Martin Winckler l’avait profondément bouleversée...

Cette BD est conçue en deux récits. La première partie est consacrée à l’histoire d’Aude qui se retrouve enceinte alors qu’elle porte un stérilet et n’envisage pas de donner naissance à cet enfant qu’elle ne veut pas, elle se pose alors d’emblée la question de l’avortement.

Aude va vivre cet événement avec beaucoup de douleurs et de traumatismes. C’est le sentiment de tristesse qui l’étreint en premier lieu, une tristesse à laquelle nous sommes conviés. Elle avorte et dans le même temps elle accompagne cet acte en accordant la même attention à son corps qu’elle pourrait lui porter lors d’une naissance à venir.

À travers quelques fragments de cette histoire qui précède, accompagne et suit son avortement, Aude nous livre alors, son angoisse, sa culpabilité, sa solitude, sa souffrance autant physique que psychique, l'impossibilité parfois d’être comprise de ses proches, mais surtout cette impossibilité de pouvoir partager son expérience autour d’elle....

Dans ce récit tout en sensibilité, Aude Mermilliod pourtant se dévoile sans fard ni pudeur, car son histoire personnelle est d’une portée universelle...

Le trait du dessin tout en douceur pastelle est là pour livrer une émotion à fleur de peau, la sienne tout d’abord, mais aussi celle des autres femmes qui vivent cela, dans les failles et les zones d’ombres de leurs histoires...

Parfois c’est brut de vérité, c’est cru, c’est naturel et touchant à la fois. Bref, c’est beau.

Aude souffre, elle est malheureuse. Nous souffrons avec elle. Difficile pour moi, en tant qu’homme de le dire... Et c’est sans doute justement là que le récit prend son sens et son ampleur, dans cette empathie, ressentir à la place de l’autre ce qu’il ou qu’elle ressent. C’est dans la seconde partie du récit que ce sentiment s’exprime. Il offre à Marc Zaffran l’occasion de raconter son parcours de médecin auquel il consacra le début de sa carrière à la médecine féminine, évoquant notamment cette discipline à laquelle les jeunes médecins étaient peu formés alors, démunis devant le désarroi et la douleur des femmes qui se faisaient avorter. Démuni comme les autres, Marc Zaffran apprend alors à écouter, comprendre les femmes de tous âges, quelles que soient leurs origines sociales, comprendre leurs peurs, leurs doutes, leurs histoires, comprendre pour les aider sans morale ni jugement.

Ce thème de l’avortement est loin d’être facile à traiter. Il n’en est pas moins difficile de faire la critique d’un roman graphique consacré à ce sujet.

Les deux récits se parlent, se font écho, se juxtaposent avec sens et harmonie. L’ensemble est d’une cohérence qui séduit, accroche le lecteur.

Ce roman graphique ne peut laisser insensible. Les hommes doivent eux aussi absolument se saisir de cette lecture.
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Il fallait que je vous le dise

Étant donné que Martin Winckler a participé à l'élaboration de cette bande-dessinée - en confiant à son autrice son propre parcours -, c'est un peu les yeux fermés que je l'ai achetée, d'autant plus que j'ai également été séduite par les illustrations et la thématique abordée. L'avortement.



Bien qu'il soit légal depuis de nombreuses années en France et au Québec (respectivement 1975 et 1988), il est sans cesse remis en cause (par celleux qui sont nommé·e·s, à tort, les "pro-vie") et pour des personnes qui sont obligées de le subir à un moment de leur vie, cela peut être plus ou moins difficile.



Pour Aude Mermilliod, l'avortement ne s'est pas franchement bien passé et c'est ce qu'elle raconte dans cet ouvrage autobiographique. Nous avons également droit à un second point de vue sur la question, celui de Martin Winckler (dont elle retranscrit le récit) qui est un médecin pratiquant les IVG.



Tombée enceinte sous stérilet, l'autrice nous parle de sa surprise, mais également de la tristesse qu'elle a ressentie, étant donné qu'elle n'avait pas vraiment le choix (puisque pas la possibilité matérielle d'élever un enfant). Quant à l'autre partie de l'histoire, nous avons droit aux prémisses de la vie du médecin, alors qu'il débutait. C'était intéressant de suivre son évolution et la manière dont il était devenu le soignant qu'il est aujourd'hui.



À certains moments, je riais en lisant cette bande-dessinée, mais j'ai aussi eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, tant la douleur ressentie par Aude Mermilliod était bien retranscrite, non seulement à travers le scénario mais aussi les illustrations.



D'ailleurs, j'ai trouvé ces dernières magnifiques. J'ai beaucoup aimé les couleurs utilisées, à la fois dures et douces, qui correspondaient bien à l'esprit du livre. Je ne connaissais pas du tout l'illustratrice, mais son travail m'a plu, à tous points de vue.



Et puis, j'apprécie qu'on nous conte la rencontre entre l'auteur et la scénariste : cela permet de comprendre les origines d'écriture de cet ouvrage, et c'était intéressant - d'autant plus que tout est parti du roman Le chœur des femmes de Martin Winckler, un de mes coups de cœur de l'année !



Une histoire touchante, pleine de bienveillance mais aussi de dureté (étant donné ce témoignage assez dur à lire), qui m'a émue et que j'ai beaucoup appréciée.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Les reflets changeants

« On m’a vu dans le Vercors,

Sauter à l’élastique …

Voleur d’amphores,

Au fond des criques…

J’ai fait la cour à des murènes…

J’ai fait l’amour…

J’ai fait le mort…

T’étais pas née … »



Lorsque Jean écoute cette chanson de Bashung, je fredonne avec lui ce refrain et je comprends immédiatement que le personnage va m’émouvoir. Mais je me trompais ! Jean n’est pas le seul à me prendre en otage dans cette aventure. Il y a aussi Elsa, et comme toutes les jeunes filles de son âge elle rêve d’Amour et de légèreté. Puis il y a Emile à l’automne de sa vie, lui rêve juste de silence, ce silence si cruel parfois !



Elsa et Emile ne se connaissent pas et c’est à la croisée des lignes de chemin fer qu’ils vont rencontrer Jean, 53 ans, conducteur de train, qui n’a qu’une envie : hisser les voiles et prendre le large.

Les destins de ces trois écorchés, vont s’entrechoquer, se lier et se délier par un drame. Au centre de ce drame, oublié sur un quai de gare, un mystérieux carnet révélera les non-dits et les silences enfouis.



Dans ce premier album prometteur, Aude Mermilliod, nous invite à partager les émotions et les incertitudes de ce trio et nous rend témoin des choix décisifs qui vont bouleverser leur existence.



A tour de rôle, je suis entrée dans la peau d’Emile, noyé dans son silence :

« Allez… c’est parti pour un repas entier à rien piger et à regarder bêtement tout le monde en souriant comme un con… A tous les coups, Yvette va encore essayer de m’intégrer ? J’ai horreur de ça ? Personne ne peut comprendre. »



Puis Elsa, égarée dans son désarroi :

« Ce soir je porterai la robe fendue qu’il aime. Avec rien dessous. Je lui envoie un texto ? Oui, je lui dis que je porterai la robe fendue. Il finit toujours par répondre. »



Et enfin Jean coincé dans un amour inconditionnel nommé Alda, 6 ans, qui l’empêche de larguer les amarres :

« Dès la première couche à changer, j’étais foutu. Evidemment que je suis resté. J’ai assumé comme un homme. Et maintenant, comment regretter un monde dans lequel je ne l’aurais pas rencontrée… ? »



Parce que j’ai été une jeune fille et qu’un jour je serai à l’automne de ma vie, ses reflets sont venus me cueillir et me toucher en plein cœur.

Au hasard des voies ferrées, Aude nous embarque dans un superbe décor azuréen, à la rencontre de gens ordinaires, fragilisés et attachants. Ils sont notre miroir et reflètent ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous serons … peut être … ou pas.

Elsa, Jean, ou Emile réveillent une joie, une faille, un souvenir caché au plus profond de nous, c’est pourquoi ce roman graphique est si troublant. A travers l'histoire de son grand-père, l'autrice a su trouver les liens et les chemins pour nous guider au cœur même de leurs blessures mais aussi de leurs espoirs.



Entre fiction et réalité, sourire et larmes, ce voyage intergénérationnel remet en question les priorités pour vivre pleinement et donner un sens à la vie. Là est tout le secret de ce chassé-croisé qui fait encore écho en moi.



Les reflets changeants … « La nuit je mens je prends des trains à travers la plaine … »
Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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Il fallait que je vous le dise 3e4

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ils sont meilleurs amis
ils ont tous les deux ecrit un livre sur l'avortement
c'est son gynécoloque
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