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Citation de Medelie


Deux pas me conduisent aux grands boulevards, que je descends. L'horloge du Théâtre marque six heures et quart. Justement l'heure de l'apéritif, et mes amis attendent au café Napolitain, comme d'habitude. Je descends, en hâte, oubliant l'hôpital, les chagrins, la pauvreté. Or, en passant devant le café du Cardinal, je heurte une table derrière laquelle un monsieur est assis. Je ne le connais que de nom ; mais lui me connaît et en seconde ses yeux me disent : « Vous ici ? Vous n'êtes donc pas à l'hôpital ? La bonne blague que la charité ! »
Et je sens que cet homme est un de mes bienfaiteurs anonymes, qu'il m'a fait la charité et que je suis pour lui un mendiant qui n'a pas le droit d'aller au café.
Mendiant ! C'est le mot propre qui sonne aux oreilles, et me brûle les joues de honte, d'humiliation et de rage.
Pensez donc ! Six semaines auparavant je m'attablais ici : mon directeur de théâtre recevait mes invitations, m'appelait cher Maître ; les journalistes venaient solliciter de moi des interviews, le photographe me demandait l'honneur de vendre mes portraits... Et maintenant : mendiant stigmatisé, banni de la société !
Fouetté, éreinté, réduit aux abois, je longe le boulevard comme un rôdeur de nuit, et me retire en mon repaire chez les pestiférés. Là, enfermé dans ma chambre, je suis chez moi.
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