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Citation de PATissot


Le soir même, je devais apprendre à quoi avait servi ma « bravoure ». J'avais envoyé un homme à Tarnapol pour y récupérer l'un ne nos blindés endommagé lors de la prise de la ville. A son retour, je vis qu'il était bouleversé.
« Que se passe-t-il donc, Hansen ? lui demandai-je.
– Mon lieutenant, j'ai vu aujourd'hui quelque chose que je n'oublierai jamais.
– Quoi donc ?
– En deux jours, la SS Viking a assassiné toute la population juive de Tarnapol. On parle de plus de quinze mille hommes, femmes et enfants.
J'étais abasourdi.
– Avez-vous vu cela de vos propres yeux, ou est-ce quelqu'un qui vous l'a raconté ?
– J'ai vu des tas de cadavres dans les rues, du sang partout sur les murs. J'ai même pris des photos mais un SS m'a confisqué mon appareil. Il m'a dit qu'ils avaient fait cela à la demande de la population non juive de la ville. »
D'autres soldats du bataillon, qui avaient été les témoins oculaires du carnage, racontaient que les SS, à court de munitions, avaient ordonné à leurs victimes de s'entretuer elles-mêmes, avec tout ce qui leur tombait sous la main.
L'irritation de mes hommes était à son comble. Ils franchissaient les limites de la discipline qui leur interdisait d'émettre une opinion personnelle devant leurs officiers.
« Qu'est-ce que ça veut dire, mon lieutenant ? C'est pour ça que nous nous battons ? Salauds de SS ! Ils nous on laissé prendre la ville pour, ensuite, assassiner lâchement la population. C'est à eux qu'on devrait faire la guerre ! »
Je me tus et leur ordonnai de ne plus en parler
Le lendemain, les officiers du bataillon furent discrètement informés que le commandant de l’unité SS, le Gruppenführer (général) Eicke, avait été relevé de ses fonctions par le Führer. Est-ce pour calmer les esprits qu’on répandit cette nouvelle ? Je ne l’ai jamais su exactement.
Quelques jours plus tard, les officiers se trouvaient de nouveau réunis au PC du bataillon, Cette fois-ci, Ohlen fit évacuer tout le personnel qui n’appartenait pas au corps des officiers, Après avoir fermé les portes, il nous dit :
« Vous devez savoir que le Führer a ordonné l’exécution immédiate de tout commissaire politique ou "politrouk" tombés entre nos mains. Mais j’ai un contrordre formel du général, qui vient d’ailleurs du corps d’armée. Ce "Komissarbefehl" n’est pas applicable dans les unités de la 9ème Panzer. »
Dès les premiers jours de la guerre, on nous avait donné l’ordre de séparer rigoureusement les commissaires politiques russes des autres prisonniers. Ils étaient reconnaissables à leurs cheveux longs. J’avais vu, plusieurs fois, des cadavres d’hommes aux cheveux longs dans les fossés. Ils y avaient visiblement été abattus. Ainsi l’armée allemande se trouvait-elle rabaissée au rang d’une bande de chasseurs de sorcières ! Mais il y avait heureusement des chefs courageux qui n’appliquaient pas les ordres démentiels de leur chef suprême. Par chance, c’était le cas des miens.
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