La démocratie – principe impersonnel – gouverne à rebours, l'état – peuple impersonnel – travaille à perte : voilà les deux grandes vérités que nie la doctrine de la révolution et que démontre son histoire.
Les sociétés de pensée ne sont pas le socialisme, mais le milieu où le socialisme est sûr de poindre, de croître et de régner, quand rien ne l'annoncerait, comme dans les loges de 1750.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour entendre l'éloge d'Abraham Lincoln, de ce bûcheron qui, par son énergie, son travail, sa probité, a mérité de devenir le premier magistrat d'un peuple libre; de ce Président qui, surpris par la guerre civile, a su tenir tête à l'orage, a rassemblé autour de lui tout un peuple dont il méritait la confiance, a sauvé l'unité nationale, a maintenu au-dessus des passions et des partis la Constitution qu'il avait jurée ; de ce libérateur qui a signé l'affranchissement de 4 millions d'hommes et qui a effacé de la terre d'Amérique cette tache de servitude qui la souillait, de ce martyr qui, lâchement assassiné, est entré tout vivant dans l'histoire, emportant avec lui le plus beau titre que les hommes puissent donner, un titre que tous les rois de la terre peuvent lui envier, un titre que la postérité lui confirmera, le titre de l'honnête Abraham Lincoln.
Louer un pareil homme est facile : il suffit de raconter sa vie ; mais il n'appartient pas à tout le monde de faire cet éloge. Trop souvent, quand meurt un homme de bien, un patriote, ceux qui l'ont insulté vivant s'abattent sur le cadavre pour en faire l'éloge ; c'est une autre façon d'outrager ceux qui restent ; c'est en exaltant ceux qui viennent de mourir qu'on essaye de décourager ceux qui luttent, en les écrasant sous une terrible comparaison.