Les spots s’éteignent, silence, le projecteur s’allume. Ca démarre. On entre, tranquillement, lentement, en longs travelling aériens. On glisse dans les ombres, minute après minute, dans la matière spectrale, d’abord, et puis ça se met à souffler, à vibrer de plus en plus, comme si les corps se gorgeaient de sang, les paysages d’odeurs. Une impression bizarre, qui monte, le sentiment d’une présence. On commence à flipper, on sent des choses, un toucher invisible. ….. Il faut l’avoir vécu pour comprendre, comme si on était le premier à naître, le tout premier, celui par qui tout a commencé. Ce jour-là, j’ai senti, il faut me croire, une main sortir de l’écran, m’arracher le cœur, littéralement, m’emportant avec elle de l’autre côté.
……….
Je descend les marches jusqu’à l’écran. Mon cœur bat dans les flammes, fait trembler le monde, résonne dans le cœur du monde, dans le trou qui s’ouvre et se creuse à l’arrière, à l’envers de l’image. Le temps, les souvenirs s’effacent, n’ont plus leur place là-bas. J’essaie de m’accrocher, de garder certaines images encore un peu. ….