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Critiques de Avis Berman (3)
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Edward Hopper à New-York

Il y a deux façons de lire ce livre :

1°) soit de ne pas le lire et de se laisser transporter par les images et de s'en infuser de la manière la plus sensitive et intuitive qui soit. (Je rappelle pour mémoire une définition de Kant : "Est beau ce qui est connu sans concept comme objet d’une satisfaction nécessaire.")

Vous y êtes cordialement invité par un riche corpus de reproductions de 37 huiles sur toile parmi les plus célèbres et plus représentatives du style et de l'impact du peintre sur la peinture américaine et mondiale du milieu du XXème siècle, parmi lesquelles l'inévitable Nighthawks de 1942.

Mais ce qui m'apparaît le plus intéressant dans cet ouvrage c'est aussi et surtout de pouvoir mesurer l'étendue du savoir-faire de l'artiste au travers également de 9 eaux-fortes ou pointes sèches, 6 aquarelles et 8 études ou dessins au crayon qui dénotent (s'il en était besoin) soit son talent à poser la couleur dans de magnifiques aquarelles des toits de New-York ou sur des ponts franchissant l'Hudson (le pont de Manhattan ou le Queensboro), dans des perspectives peu communes.

Soit, et j'en viens au second et supplémentaire aspect du talent de Hopper que nous livrent les eaux-fortes et les dessins au crayon, la fantastique maîtrise du cadrage et sa synergie avec la magie de l'ombre et de la lumière. Le noir et blanc révèle encore mieux le feeling du peintre pour la combinaison et le dialogue des zones claires et sombres.

L'iconographie de cet ouvrage permet également de mesurer l'évolution du style de Hopper. Parti d'une patte très impressionniste dans les années 1920-1930 qui rappelle énormément Degas comme par exemple dans les deux toiles de 1921 "New York Interior" et "Girl At Sewing Machine", encore que cette dernière puisse également fortement évoquer la série de Manet sur les blanchisseuses et repasseuses.

Mais l'orientation de l'ouvrage à évoquer l'architecture de New York nous force à appuyer le parallèle avec un autre grand maître du cadrage et de la représentation architecturale en la personne de Gustave Caillebotte.

Nul doute que la peinture de Hopper, dans son développement précoce est fortement influencée par les grands maîtres européens, impressionnistes, mais pas seulement, l'amour que voue Hopper pour les fenêtres et la lumière ne peut que nous évoquer une filiation avec le grand Vermeer.

Le livre nous montre bien l'évolution ultérieure du style (virage amorcé dans les années 1940 mais surtout dans les années 1950) qui va vers de moins en moins de réalisme dans la représentation des personnages et des expressions ainsi que de son emploi de plus en plus marqué d'à-plats de couleurs qui donnent aux situations un aspect plus symbolique, je pense notamment à "Summer In The City", qui le rapproche alors davantage par cette simplification poussée soit de régionalistes naïfs américains comme Thomas Hart Benton, ou soit carrément de l'école mexicaine de Frida Kahlo et Diego Rivera.

Il n'empêche que cette pétillance, cette force, cet éclat de la couleur, cet œil qui circule d'intérieur en extérieur et réciproquement, cette maîtrise des verticales et des horizontales est, reste et demeurera la magie de Hopper et c'est ce que nous présente admirablement l'ouvrage.

2°) on peut lire les commentaires et les éclairage d'Avis Berman sur l'homme Edward Hopper, ses influences, sa pratique son style, ses correspondances, sa vision. Le travail fouillé et structuré de l'auteur, ainsi que son angle d'attaque de l’œuvre de Hopper via une lecture de New York sont tout à fait pertinents et bien sentis. Elle met notamment en lumière un aspect qui m'avait échappé de prime abord, à savoir que, bien que New York se prête particulièrement aux représentations verticales, Hopper a délibérément décidé d'étaler ses tableaux dans le sens horizontal, boycottant sciemment les éléments les plus typiques de la ville que sont les buildings géants qui pullulaient à l'époque où ils trimballait ses pinceaux dans les rues ou sur les toits.

De façon général, bien que les lignes verticales soient très présentes dans les représentations que Hopper propose de New York, celui-ci met son point d'honneur à matérialiser des horizontales fortes qui invitent l’œil à cheminer dans les rues ou le long des parois plutôt qu'à s'envoler vers les cieux.



Je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Soline de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.



Dans les deux façons d'aborder la lecture que j'ai évoquées, et plus vraisemblablement en mélangeant les deux, ce livre est admirable et je vous le recommande vivement. Mais tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Edward Hopper à New-York

Edward Hopper (1882 - 1967), artiste emblématique du XXe siècle américain, a vécu à New-York durant plus de 60 ans. Ce beau livre se concentre exclusivement sur les œuvres qu'il a consacrée à sa ville d'élection. Toutes les techniques sont représentées : gravures qui lui donnèrent ses premiers succès, rares aquarelles urbaines (il réservait en général cette technique plus "spontanée" à ses études de paysages de campagne), toiles à l'huile, esquisses préparatoires au fusain et à la craie. L'unité de lieu permet de confronter les points de vue, les époques et les techniques.



Avis Berman, dans un texte concis et accessible au non-spécialiste, dresse le portrait d'un homme secret, et livre quelques clefs susceptibles d'aider à la compréhension de son œuvre. Sa vie sentimentale quasi inexistante jusqu'à son mariage, à quarante ans passés, avec une artiste peintre qui deviendra son principal modèle. Les complexes qu'Hopper avait de sa grande taille, qu'il évoque dans une aquarelle représentant un immeuble dépassant seul d'une ligne de toits : il envisagea d'appeler cette œuvre "autoportrait"... Sa préférence exclusive pour les compositions horizontales, alors même que son sujet préféré est New-York, ville verticale par excellence. Son dédain vis-à-vis des critiques qui interprétaient ses oeuvres, de manière simpliste, uniquement comme des odes à la solitude.



L'auteur s'appuie sur des écrits du peintre ou de ses critiques et met en regard les textes et les œuvres de manière judicieuse. Elle réussit notamment à lever un malentendu répandu sur l’œuvre d'Hopper, dont l'apparence réaliste a tendance à masquer le travail de composition et d'imagination, tant dans la représentation des lieux que dans celle des personnages. Hopper, infatigable marcheur à travers la ville, reconstituait et affinait sur la toile des pensées, des scènes à peine entrevues, dans le décor d'un New-York fantasmé et idéalisé.



"Donner une expression concrète à une impression nébuleuse est la difficulté absolue en peinture. J'ai obtenu ce résultat en improvisant, sans me baser sur un fait ou une scène en particulier." Edward Hopper



"Hopper est tout autant expressionniste - c'est-à-dire un artiste qui créé ses effets en brisant la réalité visuelle - que réaliste." John Canaday



Ouvrage découvert dans le cadre de l'opération "Masse Critique" - merci à Babelio et aux Editions Soline.
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Edward Hopper à New-York

Très bon point de vue qui explique le cheminement artistique de Hopper dans ses représentations très cinématographiques de sa ville d'adoption. Les reproductions sont nombreuses et superbes ; le texte de commentaire est très enrichissant et pas du tout superflu.

A offrir à tous les fans, en sachant que le catalogue de l'exposition du Grand Palais est beâucoup plus onéreux...
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