forêts de narotch
wilno dans le cœur
comme une balle intouchable
des poèmes de poudre
dans le fusil,
couché dans le fossé
pour entendre guetter
des pas noirs
entre herbe et broussaille.
dans l’herbe fraîche,
dans l’aube pure
viennent viennent
les pas noirs.
je sais :
je suis loup et poète
je décharge du fusil
poème après poème
un éclair une chute.
la rosée des arbres
asperge mes paupières
d’une peur d’or.
j’entends une voix oraculaire
elle me parle ainsi :
tu as purifié la terre
d’une souillure
(Forêts de Narotch, 9 octobre 1943
/traduits du yiddish par Rachel Ertel