III
j’écris mes lettres sans adresse à ceux
qui habitent maintenant sous des nuées,
sous des floraisons, cachés sous les cyprès.
j’écris mes lettres sans adresse.
ponctuelles, toutes les lettres arrivent
distribuées par un facteur cosmique,
il connaît les adresses, les numéros précis
où ceux d’antan gîtent hiver et été
ils me répondent, je reconnais l’écriture,
les lignes éclairs forent les tempes
qui battent de chaleur, je lis
ceux d’antan m’apportent la joie.
les nuits deviennent de plus en plus fines, fines,
comme les lettres qui m’attirent
vers ceux à qui j’écris sans adresse :
pour les remercier de me garder en mémoire
Extrait du cycle ‘Paroles labourées
par les lèvres’, 28 novembre 1994
/traduits du yiddish par Rachel Ertel