Axelle Tournemire

C'est lui.
C'est Mhk, l'homme avec qui j'ai passé des nuits entières à refaire le monde.
Celui qui tient le rôle n°1 dans le film de mon parfait bonheur matrimonial.
Maintenant qu'il est là, à quelques mètres, je suis tout bonnement incapable de réfléchir correctement. C'est comme si mon corps et mon esprit s'étaient barrés en Thalasso à la Baule-les-Pins, me laissant gérer le navire toute seule. MhK pivote pour mettre en rayon des tee-shirts et j'aperçois enfin son visage.
Non d'une chaussette techno-magique, il est beau. Beaucoup plus que sur ses photos. Ça veut dire que lui aussi souffre de non-photogénie, c'est donc désormais évident : nous sommes faits pour être ensemble et nos enfants seront les plus beaux du monde même si leurs photos de classe seront les plus honteuses. Mais ce n'est pas grave, on les retouchera avant de les envoyer à la fami...
OK.
Je dois me calmer.
Et, surtout, je dois faire quelque chose ; tout plutôt que de rester plantée là face à ce bac à chaussettes techno-machins.
Mais plus je l'observe et plus ma belle détermination de parisienne-célibataire-épanouie-et-sûre-d'elle s'étiole. Face à cet homme plein de charme et d'assurance, je me sens soudain maladroite et godiche. Chloé serait là, elle me filerait une grosse claque et me hurlerait de tracer droit vers ma proie pour lui rouler la plus inoubliable des pelles.
Oui, mais Chloé n'est pas là et je suis seule face à un bac de chaussettes.
Va le voir, va le voir, va le voir. J'ai beau me répéter cette phrase en boucle comme un mantra mon corps est incapable de bouger.