Barbara Constantine

Tom a frappé.
En le voyant entrer, Madeleine s’est penché en avant, a plissé les yeux et a fait la grimace. Elle est restée comme ça un moment. Quand enfin elle l’a reconnu, son visage s’est éclairé, et elle s’est mise à sourire. Mais très vite, elle a caché sa bouche avec la main, se rappelant qu’elle n’avait pas mis son dentier.
_ Ah lala. Qu’est-ce que tu fais ici, toi ? Il a posé le bouquet fané sur le lit. Mais n’a pas osé s’approcher.
_ Je vous ai apporté des fleurs de votre jardin.
_ Et mes bêtes, elles vont bien ?
_ Oui, très bien.
Elle avait l’air d’attendre la suite. Il s’est gratté un peu la tête…et s’est lancé.
_ Vous savez, madame…madame Madeleine, j’avais oublié de vous demander comment elles s’appelaient, vos bêtes, l’autre fois. Alors je leur ai donné des noms, en attendant. Ça ne vous ennuie pas ? Balourd et le Mité. Ils sortent tous les jours pour se promener, faire pipi…et tout le reste. Et ils mangent bien aussi. Alors justement, je suis venu vous voir parce que je voulais savoir quand est-ce que vous alliez rentrer. Il va bientôt plus rester de croquettes. Je ne sais pas comment faire pour…
_ Mais c’est que j’sais pas quand ils vont m’relâcher ! Tous les jours, j’demande. Pas un qu’est foutu d’me dire !
_ Et vos jambes, ça va mieux ?
_ Ah ça, y m’font marcher tous les jours. Dans le couloir. Aller et retour. Tu parles que c’est intéressant. Si ça tenait qu’à moi, j’dirais que j’suis guérie. D’autant plus que je m’ennuie ici, tu sais, petit…
L’infirmière est arrivée et a dit que les visites étaient terminées. Tom s’est approché de Madeleine. Il a hésité, puis s’est penché pour l’embrasser.
_ À Bientôt, alors.
_ Oui, c’est ça, à bientôt. Madeleine avait, bien sûr, les yeux un peu mouillés.