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Citation de Cielvariable


Où pouvait bien se trouver Foxglove Court ? Les rues misérables se ressemblaient toutes, maisons minables aux murs de briques noircies, rues étroites et défoncées pleines de fange, d’ordures, de flaques malodorantes. Çà et là, à des coins de venelles, des boutiques sombres et miteuses dont on se demandait avec effarement quelles pauvres merveilles elles pouvaient abriter. Ici ou là, des enseignes à trois boules désignaient des échoppes de prêteurs sur gages, alternant avec des pubs qui s’efforçaient d’attirer l’œil : appuis de fenêtres colorés, quinquets allumés, bien que fuligineux, enseignes dont certaines avaient même une touche de doré. S’en échappaient des bruits, des odeurs, des gens étranges, sûrement de sac et de corde. On y braillait des chansons et on y poussait des cris, voilà tout ce que Penelope pouvait en juger en jetant un coup d’œil furtif vers les fenêtres obscurcies. Elle fit des détours prudents en passant devant ces pubs qui pouvaient s’ouvrir sur n’importe quel marin en goguette, n’importe quelle prostituée imbibée de gin, n’importe quel ouvrier des manufactures venu claquer là un bien piètre salaire. La lie de la société. Un monde dont elle n’ignorait évidemment pas qu’il existât, mais auquel elle n’avait jamais eu à se frotter.

Les livres et les journaux décrivaient abondamment l’indigence des bas quartiers, les œuvres de bienfaisance alertaient l’opinion tout en essayant de faire pression sur le gouvernement pour que cesse le scandale de la misère et de l’horreur quotidienne. Penelope avait lu certaines choses sur ces sujets. Jamais elle ne se serait imaginé que la réalité correspondait à cela, ces rues infâmes, ces maisons lépreuses, ces pavés gluants, ces cris vulgaires, cette odeur infecte qui planait avec insistance. Depuis qu’elle avait quitté l’orchestre de rue, la réalité la rattrapait et elle en avait le cœur soulevé de dégoût et l’âme prise de compassion pour les malheureux qui vivaient ici.
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