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Citation de Partemps


Face à la Place, tout près de l’Hôtel de Ville et du spectral "Specchi", les Triestines se bousculent au bar du petit "Café Piazza Grande" - boiseries, bibliothèque, fauteuils de cuir, journaux. Reconstitution miniature d’un café viennois. Le décor plaît, semble-t-il, mais personne ne s’approche des livres. Livres reliés pour la plupart - éditions du dix-neuvième siècle. Dix rangées d’Italien pour trois d’Allemand, une seule de Slave. Rapports de force respectés. Ces livres étaient donc ici, dans la ville (mais où ?), cachés quelque part, sur les rayons d’une autre bibliothèque, quand le port n’était " qu’une incroyable forêt de mats ", quand Saba gravissait "l’enchanteresse Via del Monte" vers la cathédrale San Giusto, quand Vienne, Prague et Florence étaient les banlieues universitaires de Trieste, quand Joyce posait ses yeux bleus sur le visage d’Amalia Popper, quand Svevo fumait sa dernière cigarette, quand Slataper chantait Il mio Carso, quand les "Quatre filles Wieselberger" se rendaient au bal de la Société Philharmonique et dansaient avec Ettore Schmitz, quand la ville comptait 581 auberges, quand les "robustes" venderigole proposaient groseilles et pêches de l’Istrie sur le marché de la Piazza Ponterosso près du canal, quand les passagers du "Tramway de Servola" (celui qu’empruntait Svevo pour rentrer chaque soir à la Villa Veneziani) devaient mettre des pierres dans leurs poches pour ne pas être emportés par la bora , quand on entendait parler le slovène dans le trolley d’Opicina, quand on naissait à Trieste, quand on y rêvait, quand on ne faisait pas qu’y mourir...
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