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Citation de Pays_des_contes


À partir de ce jour-là, la vie avait pris des couleurs étranges, aussi changeantes qu’un ciel de giboulées.
Il y avait des moments bleus : quand le directeur de l'école nous renvoyait à la maison parce qu'il y avait une alerte ; ou encore au cinéma, quand on sifflait Le Moustachu et ses généraux aux actualité. Ensuite, la police fermait le cinéma pendant une semaine, mais ça nous était égal.
Cependant l’Occupation allemande avait aussi ses mauvais côtés. Plus question de traîner après l'école, à cause des rafles. On devait avoir toujours dans nos cartables des masques à gaz qui puaient le caoutchouc et nous faisaient ressembler à des hannetons. Une fois la nuit tombée, on n’ avait plus le droit de sortir et on devait coller du papier bleu sur les vitres pour que les aviateusr de la RAF ne soient pas attirés par les lumières de notre ville. Surtout, on avait souvent froid et fin, parce qu’on manquait charbon et que la nourriture était rationnée.
Voilà pour la couleur grise.
Et puis il y avait les moments noirs. Les nuits où la sirène nous réveillait en sursaut et où on allait retrouver les voisins à la cave, la tête résonnant du vrombissement des forteresses volantes et des tirs e DCA… Les matins où une boutique restait fermée parce qu’à l’aube une voiture noire avait emmené les commerçants vers on ne savait quelle destination…
Tout cela, on essayait de l’oublier. On essayait d’oublier les prisonniers qui ne reviendraient peut-être jamais, l’étoile jaune sur les vêtements des Juifs, les rafles et les arrestations, les garçons enrôlés pour aller travailler en Allemagne, et ceux qui disparaissaient du jour au lendemain sans qu’on sache exactement pourquoi.
On ne le savait pas, mais on le devinait.
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