Belinda McBride

« — Et, bien sûr, je suis tellement fier de la façon dont tu t’occupes de mes vêtements à la fin de la journée. Tu fais toujours attention à ce que nos chambres soient rangées, et il y a toujours des fleurs près du lit.
Il haletait, la voix rauque.
— Tu ne lui as pas dit ça ! grondai-je.
Il éclata d’un rire moqueur. Il rigolait, mais je choisis de ne pas m’en amuser.
Je passai une main dans ses cheveux et tirai dessus, l’attirant vers mon corps. Au lieu du baiser auquel il s’attendait, je le poussai vers les coussins qui recouvraient le toit. Je l’y coinçai, mes doigts enfoncés dans la soie de ses cheveux. Je ramenai son genou vers son torse, lui ouvris les jambes et le tins en place, à ma merci. Il resta passif ; sa poitrine s’élevait et s’abaissait au rythme de sa respiration, et ses yeux étaient clos sous l’effet de l’impatience. J’amenai mon corps sur le sien, forçant ses jambes à s’écarter encore plus. Quand je me délectai de ses lèvres, le goût doucereux du vin de Somia parfumait son haleine. Il me regarda alors.
— Espèce de sale manipulateur.
Je lançai un regard noir vers ses beaux yeux gris. Une fois rallumée, la colère m’embrasa de l’intérieur.
— Embrasse-moi, Griffin. »

« Je me penchai pour faire courir mes lèvres sur la surface souple de sa gorge. Jadis, il aurait eu une barbe de trois jours, sa peau rêche à ce moment de la journée. Mais depuis qu’il avait été esclave sur Warlan, il n’avait plus eu de barbe. Ni de poils sur le corps. J’appréciais ce contraste entre nous ; sa peau avait la douceur de la soie contre la mienne. Je tendis la main pour défaire la broche qui tenait ses cheveux en queue serrée et laisser les petites tresses libres. Il soupira de soulagement quand la coiffure se défit.
— Marie aime jouer avec tes cheveux presque autant que moi.
Il s’appuya contre moi pour que je puisse lui masser le crâne.
— C’est vrai, mais tu es plus doux qu’elle. Ces coiffures serrées me fichent des putains de mal de crâne !
Il faufila ses bras autour de ma taille, et pendant un instant, nous restâmes silencieux. Je savais que c’étaient ce genre de moments que je devais retenir pour le futur. Des moments simples, faits de paix, d’amour et de satisfaction. Quand je serai vieil homme et que je regarderai vers mon passé, ou quand les temps redeviendraient durs à nouveau, je me souviendrais de cet instant à tenir Hélios entre mes bras, et de la joie intense qui nous enveloppait. »

« Son souffle s’accéléra ; il se concentra sur nos bras robustes et l’observation de nos corps, puis il releva le regard vers mon visage. De ma main libre, je lui fis comprendre de poursuivre, pinçant et malaxant les muscles fermes de ses fesses.
— Je ne pensais pas que nous soyons à nouveau un jour ensemble comme ça, Lio.
Son murmure était crispé par l’émotion, et la prise de conscience me frappa comme un éclat de lumière.
Cet homme m’aimait.
Cela se voyait dans la moindre ligne de son corps tandis que nous faisions l’amour. Cela se voyait dans les replats durs de son visage, dans le timbre de sa voix. Je le ressentais dans la passion de ses baisers.
Cet homme dont je n’avais pas connaissance le jour précédent m’aimait du plus profond de son âme. »