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Citation de hcdahlem


Tout petit déjà, je me réfugiais là, quand mon père m’avait grondé pour quelque bêtise d’enfant. J’avais placé un vieil escabeau sous le petit carré de ciel et maintenant je restais là à fumer, la tête dans la lucarne. Depuis cet observatoire, ma vue s’étendait sur toute ma campagne galicienne. Les champs à perte de vue, comme une houle verte et molle qui rappelait la mer si proche et pourtant invisible. Les eucalyptus, les gommiers bleus. La couleur bleu tendre des jeunes feuilles, le vert foncé qui vient plus tard. Quand le vent du matin se levait et faisait soupirer la forêt, c’était comme s’il y en avait deux en une. Bleue ou verte. Verte ou bleue. Selon sa force, c’était toujours différent. Si la brise agitait mollement les feuilles, c’était comme un grand banc d’anchois affolés, qui fuyaient devant les filets des pêcheurs, quand leurs ventres étincelants capturaient un rayon de soleil. Si la brise devenait vent, la forêt entière mugissait, et couraient alors dans les grandes branches et sur les cimes de fortes vagues bicolores, pleines d’écume, qui s’écrasaient contre le ciel. Des eucalyptus, j’aimais particulièrement les gros troncs lépreux, qui s’épluchaient en de grandes squames parfumées, laissant apparaître la peau neuve, fraîche et lumineuse. Je connaissais le bruit des feuilles sèches sous mes bottes et le craquement des petites lanternes que mimaient leurs fruits. Je me disais qu’il fallait que j’y aille dans l’après-midi, que ça me ferait du bien de voir mes plantations. Quelques hectares, pour la pâte à papier. C’était toujours un déchirement pour moi de couper ces colosses, mais je coupais malgré tout car ces arbres étaient des ogres qui dévoraient tout sur leur passage, chênes, pins, châtaigniers séculaires de la forêt originelle. 
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