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4.11/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1983
Biographie :

Né en 1983, Benjamin Dierstein est agent de musiciens. Il est titulaire d’un Master recherche en études cinématographiques. Il a reçu en 2018, le Prix découverte polar Sang-froid pour son premier roman La Sirène qui fume.



Source : Points
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
– Keski veut, l’môssieur ?
Il faisait chaud et, tout en recrachant la fumée de ma Gitane dans l’air lourd et immobile, j’ai cherché au fond de leurs yeux une trace d’empathie, mais je n’y ai croisé rien d’autre que l’abîme.
– Je cherche une fillette et sa maman.
– N’y a pas d’fillette ici.
– J’peux vous montrer une photo ?
– N’y a pas d’fillette ici, qu’on vous dit. Pourquoi qui vient nous emmerder, l’môssieur ?
Au moment où j’ai plongé la main dans ma veste pour sortir le cliché de Romane et Marilou, le type au fusil a pointé son arme dans ma direction. Je me suis avancé malgré tout vers Hinault en espérant qu’il me reconnaîtrait, mais en voyant ses yeux brillants comme un feu qui meurt, j’ai su que ça ne serait pas le cas.
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« - Tu les as trouvées, Freddie ?
– Ils ont pas voulu m’laisser rentrer.
– Ils sont méchants ?
– Oui, Didier, ils sont méchants.
– On va devoir les punir, alors ?
– C’est triste, mais je crois qu’on n’a pas le choix.
– Buvons un coup alors, Freddie, et quand Didier a dit ça il s’est retourné vers le comptoir avec une expression amère sur le visage.
– Mettez-nous deux Piconards, m’dame, que j’ai dit.
– C’est vous les p’tits connards, qu’elle a répondu en me tirant la langue.
– Non, des Piconards s’il vous plaît. Picon et Ricard.
La patronne a encore soupiré, et s’est exécutée aussi rapidement qu’une scène d’action dans un film de Bergman.
– Comment qu’on s’y prend, Freddie ? m’a demandé Didier en descendant la moitié de son verre.
– On va attendre la nuit.
– C’est quand la nuit ?
– Dans cinq heures, que j’ai dit en levant la tête vers l’horloge murale.
Si bien qu’on a passé cinq heures à s’enfiler des Piconards à la chaîne, pour se donner du baume au cœur »
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La cour de la ferme tenait plus de la déchetterie que du jardin à la française, parsemée de caravanes à l’abandon, de pneus usés, de sacs d’ordures et de cadavres de bières à n’en plus finir. La bâtisse qui courait le long de cette décharge était une vieille longère décrépite, occupée selon les gens du coin par une communauté de zonards que la ville avait relogés ici, faute de savoir quoi en foutre. Personne dans la région ne voulait de cette bande d’apaches, qui selon les voisins passaient leur temps à picoler, à se chicaner et à se mettre sur la gueule dès qu’ils avaient un peu trop forcé sur la Valstar. Tous les agriculteurs du coin avaient quitté le pays bien avant qu’ils arrivent, forcés de revendre leurs champs aux grandes enseignes qui pullulaient tout autour. D’où j’étais, je pouvais sentir les effluves des poubelles du McDo le plus proche, cette étrange combinaison de produits toxiques et de steaks périmés que les jeunes d’aujourd’hui considèrent comme une odeur appétissante
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– Keski vient nous emmerder, l’môssieur, là ?
Le type qui me braillait dessus était tellement baraqué qu’on aurait dit qu’ils étaient deux dans son pull, mais ça ne m’a pas empêché de m’approcher de lui en tendant une photo de la petite et de sa mère. Hinault me l’a arrachée des mains, l’a regardée deux secondes, puis l’a broyée dans ses grosses paluches en crachant un mollard brunâtre dans l’herbe.
– N’y a pas d’fillette ici, mon gars, alors maintenant tu prends tes cliques et tes cloques et tu dégages vite fait bien fait. T’as compris ?
Plutôt que de tourner les talons, je suis resté face à lui en le regardant fixement dans les yeux, mais j’ai tenu à peine trois secondes, le temps que le molosse derrière lui me mette un premier coup de poing en plein dans l’estomac, puis un deuxième dans la caboche pendant que je tombais au sol.
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Les deux gosses étaient à peine rentrés que quatre loubards avec des gueules impossibles et une bonne femme en haillons sont sortis de la maison. Ils avaient l’expression abrupte de ces gens de la campagne faméliques, le regard pincé à force de plisser les yeux. Malgré les années, j’ai reconnu Jérôme Hinault en moins de deux : cheveux rasés sur les côtés, bras bardés de tatouages, pipe à opium au coin du bec. Il avait les mêmes traits qu’à l’époque, rendus encore plus 14 grossiers par l’alcool, comme s’il était devenu une sorte de caricature de lui-même. Le type qui se tenait derrière lui avait un fusil à la main et la mâchoire qui pendouillait.
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« La première chose que j’ai vue en sortant de la voiture, c’est deux gosses tout sales qui jouaient avec une vieille pelle rouillée et un cadavre de chien. J’avais à peine foutu les pieds dehors qu’ils me lançaient déjà des cailloux en me traitant de fils de pute. Le plus grand des deux faisait un bon mètre quarante de long comme de large, et le plus petit avait les dents si pourries qu’on aurait dit qu’il avait passé la nuit à grignoter une tronçonneuse. Ils avaient à peine dix ans et la peau déjà burinée par le soleil, les eaux stagnantes et la pollution, comme tous ces gamins de hippies que j’avais côtoyés quand j’avais leur âge. »
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La deuxième chose que j’ai vue en m’avançant vers eux, c’est les trois pitbulls attachés à une carcasse de 205, déchaînés comme une mer de tempête force douze, et qui aboyaient à l’unisson en me faisant comprendre que j’allais passer un sale quart d’heure si jamais les mioches s’amusaient à défaire le nœud de leurs laisses. 13 Je me suis approché d’eux en brandissant ma vieille matraque de collection, et les chiards ont détalé dans la maison en moins de deux dès qu’ils ont vu le gourdin. Je les ai suivis lentement, en faisant attention à ne pas foutre mes panards dans un piège à ours ou une boîte de conserve gangrenée.
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– Barrez-vous.
– Pas sans les enfants.
– Il reste qui dans la baraque ?
– Nos gosses.
– Qui d’autre ?
– Deux copains. Et les filles.
– Appelez vos gosses, et barrez-vous.
La bonne femme a hurlé leurs noms, et les deux chiards que j’avais croisés l’après-midi sont descendus aussitôt dans des pyjamas trop grands pour eux, avec dans les yeux une haine farouche clairement dirigée contre moi. J’ai attrapé le plus petit des deux, celui avec des dents en forme de crottes de chien, et je l’ai jeté dans les bras de Didier.
– Lui on le garde, le temps de s’assurer que vous faites pas de conneries.
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À l’époque où je l’avais fréquenté sur les bancs de l’école, il avait déjà ce regard, dans des moments incertains où il semblait n’être plus là. Il habitait avec ses parents et leurs amis dans une espèce de réserve de hippies au sud du bourg, et mes copains et moi on prenait un malin plaisir à se rendre chez eux en mob et à rouler sur leurs chatons et leurs plants de tomates. Quand Jérôme Hinault arrivait à l’école, les jours les plus heureux on lui crachait dessus en le traitant de pouilleux, et les autres on lui dérouillait la gueule jusqu’à ce qu’il crache ses dents
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– Jetez vos armes, que j’ai dit.
L’abruti a posé sa hache, mais la grognasse tenait visiblement à garder sa pétoire dans les mains. J’ai déplacé le canon de mon Tokarev sur elle, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que quelques centimètres entre ses cils et l’acier.
– Jette ton putain de fusil.
Elle a acquiescé et s’est exécutée, mais je voyais dans ses yeux qu’à la moindre seconde d’inattention elle allait me sauter au cou et me trancher la gorge avec ses dents.
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