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Citation de ValZer


Ma première victime n'est autre que le frère d'Assumpta, un grand maigre impassible qui maintient son regard fixé sur le sol. Ce mutisme m'agace, je souhaiterais qu'il me supplie, qu'il m'implore de l'épargner, qu'il invoque ma relation avec sa sœur, même ! Cela me donnerait une excuse, un prétexte pour ne pas le tuer ou, au moins, discuter et retarder le moment fatal pour trouver une diversion. Mais il reste imperturbable, comme absent : pas un mot, pas un mouvement. Inhumain. J'ai besoin d'entendre sa voix pour accompagner mon geste, une parole qui me consolerait du mal que je suis en train de commettre. Au deuxième coup, il chavire, et s'effondre au troisième. Je sens la lame qui plonge dans la chair, je vois la peau qui s'ouvre encore et encore. Plus je le frappe, plus j'éprouve du plaisir; maintenant, j'ai vraiment envie de l'assommer. Sa chair s'écarte à chaque secousse, révélant le muscle rouge sous la peau noire. Comme un bœuf à l'étal du marché. Mon Dieu, que m'arrive-t-il ? Jésus, sauvez-moi, par pitié, arrêtez ma main! Mais je m'acharne sur ce bougre qui demeure silencieux et tente même de se relever. Que le supplice paraît lent, si long et comme on s'adapte vite à tout, y compris l'horreur. Au bout de quelques coups, je suis anesthésié et déjà habitué au maniement de la machette, sans plus même en relever l'atrocité. Je me débrouille plutôt bien pour un débutant, consentant à la souffrance de l'autre, celui qui se recroqueville, se tord au bout de la lame. Dès la première coupure, il a cessé d'être, réduit à un simple chiffre, celui du décompte de l'effort, de l'accomplissement de l'acte au nom de la cause. La première victime déclenche l'instinct meurtrier, après, le plaisir de la violence brute l'emporte. Le Mal vous subjugue, vous domine, captive votre raison et se comporte comme un être autonome. Et puis il y a le pouvoir, ce formidable pouvoir de la force qui fait miroiter la possibilité de dominer l'autre. Le Mal détache le bourreau de sa victime, efface l'empathie.
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