Certains sages hindous disent que, dans la vie, on rencontre toujours un premier maître, le maître collectif, c'est-à-dire le groupe humain dans lequel on est né, qui nous a élevé, qui nous a fait choisir un certain nombre de valeurs, qui nous a donné du goût à la vie. C'est très bien, mais insuffisant. Il faut ensuite, mais c'est plus rare si on ne le cherche pas, rencontrer le deuxième maître : une personne qui nous aide à émerger de cette première gestation comme sujet, qui assiste notre être profond pour qu'il trouve sa forme et sa place dans le monde. Mais celui-ci doit s'effacer un jour pour laisser place au troisième, le maître intérieur, la dimension divine de chacun, ce "visage" de nous-mêmes qui a besoin d'être reconnu, protégé, fortifié, qui se trouve en lien constant avec le Seigneur, et qui "inspire" les décisions et attitudes conduisant à la vie en plénitude.
Ceux qui sont trop exclusivement pragmatiques ont de la difficulté à comprendre les connexions subtiles. Dans la tradition chrétienne, on appelle cela providence ou communion des saints. Jung employait le mot de "synchronicité". Beaucoup d'événements ne sont pas des coïncidences dues au hasard, un fil invisible les relie.
Ah ! le chien ! Il a mauvaise réputation dans la Bible. A part ces lignes du Livre de Tobit et un passage de l’Évangile de Matthieu, toutes les citations concernant le chien (au nombre de 34) sont négatives. Chez les Sémites, c'est un animal méprisé - est-ce parce qu'il mange les charognes ? Il est enrôlé dans de nombreuses injures : chien galeux, chien puant, chien crevé... En hébreu, chien se dit keleb. Chaque tribu d'Israël était composée de clans ; l'un d'entre eux est celui des calébites, le clan des chiens, en somme. On l'appelait ainsi, car l'ancêtre, Caleb, n'était pas juif de race pure, mais originaire d'une tribu autochtone. Son attachement à Israël et celui de ses descendants manifesté à plusieurs reprises, en avait fait un enfant d'Israël "d'honneur", au point qu'on avait "blanchi" sa généalogie. Mais il garda toujours son nom, rappelant qu'à l'origine il n'était qu' un "chien de païen".
Grâce à "agapé" (amour désintéressé et inconditionnel), nous rejoignons le concept asiatique "d'inter-être" ou "d'inter-dépendance". Tout ce qui existe a la même origine, sacrée, car rien n'existe par soi-même : tout est issu d'une autre Réalité qui, elle, existe par elle-même. Je me ressens lié étroitement et même viscéralement au cosmos, à ma petite planète, et à chacun de ses habitants. Nous sommes tous de la même origine, et je peux découvrir que Dieu est l'universel Père.
(Le monde des religions)
Les voilà donc « bouleversés » et « saisis de crainte ». Ce n’est pas la peur devant le danger qu’il s’agit, mais de « crainte révérencielle ». Elle saisit tout être humain faisant une réelle expérience du sacré. Beaucoup la ressentent lors d’un événement tragique ou d’un grand moment de bonheur. Ils éprouvent alors la présence d’un autre monde que celui dans lequel ils ont l’habitude d’évoluer.
Toute pensée qui agite un humain, toute décision qu’il prend, tout acte qu’il pose, a deux faces. La première est tissée des expressions visibles de ses pensées et de ses actes, des conséquences manifestes qui en découlent, des causes observables qui en sont la source. Mais une conscience trop étroite et positiviste ne doit pas faire oublier la seconde. Car dans l’invisible, l’homme est en relation avec tant d’êtres qui influent sur lui. Il est touché par le mystérieux travail souterrain de l’Esprit-Saint, et ses gestes les plus simples mettent en jeu l’infini.
N'oublie jamais la divinité qui est en toi.
si, dès le début de notre chemin, Dieu s’imposait à nos sens, à notre imaginaire, à notre intelligence, il nous empêcherait probablement d’accéder à notre autonomie et à notre liberté. Il nous priverait d’une recherche plus essentielle.