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Citation de 008micado


Plus que tous les autres patients des hôpitaux,
les internés vivent dans la « non-représentation sociale ». Souvent le
psychiatrisé n’apparaît pas et s’il le fait il est confiné à un rôle passif, celui
d’un objet dont toute parole, tout acte est lu comme signifiant de sa
maladie. Leurs mots sont enfermés dans une circularité diagnostique : ils
sont un signe supplémentaire de leur maladie et leur maladie est une raison
pour ne pas prendre en compte leurs paroles. Souvent les seuls récits pris
en considération sont ceux des observateurs, pas ceux des observés. Certes
les internés ne s’expriment pas d’une manière savante. Néanmoins, ils sont
loin d’être inaudibles et incompréhensibles. Les observateurs – médecins,
infirmières, assistantes sociales... – retranscrivent les réactions et paroles des
patients. Et puis les dossiers renferment des écrits (lettres, récits autobiographiques,
récits de fiction...) des patients. Des récits qui semblaient à
jamais enfermés dans ces archives, des voix qui risquaient de ne jamais se
faire entendre. Prendre au sérieux ces histoires est aussi essentiel pour
une compréhension historique de la « folie » que l’analyse des écrits de
ceux qui posent les diagnostics. La vue qu’on a du patient bascule ainsi en
permanence entre perception par soi et perception par l’autre. Ces voix
nous permettent souvent de découvrir une réalité qui dépasse la simple
constatation clinique et pathologique . « Contre-lire » ainsi les archives
psychiatriques me semble une manière d’écrire une autre histoire de la psychiatrie.
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