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Citation de zzENCREdeCHINEzz


- Cela ne peut pas durer comme ça, il faut en finir ! déclara avec énergie M. d'Orbois, en frappant du poing sur la table ; cette enfant finira par me rendre fou !
- Il est vrai que son espièglerie passe parfois un peu les bornes, convint Mme d'Arbois, qui s'empressa d'ajouter : < < Mais elle rachète ce caractère indiscipliné et fantasque par tant de réelles qualités de cœur, tant de franchises, tant de simplicité naturelle, tant d'affection > >
- Je n'en disconviens pas ! interrompit brusquement M. d'Arbois, résolu à ne pas se laisser attendrir ; mais l'affection qu'elle nous porte est réciproque, et c'est justement parce que nous aimons, nous adorons notre petite Lili que nous ne devons penser qu'à son bien. Or, son bien exige qu'elle s'assagisse et comme elle est incapable de s'y résoudre elle-même c'est à nous de l'aider.
- Mais de quelle manière ?
- Notre premier devoir est, dès maintenant de la plier aux usages de la bonne compagnie. Elle a toujours vécu comme une vraie sauvage, comme un poulain échappé dans la prairie. Mais le monde auquel elle appartient, la société qu'elle est appelée à fréquenter ne sont pas la pampa ni la steppe. C'est un parc bien ratissé, avec des allées de sable qu'il faut suivre d'un pas précautionneux. Jusqu'à présent Lili, si j'ose dire n'a que trop piétiné les plates-bandes. En voilà assez et plus qu'assez !
- En ce cas, que faire ?
- Ma profession et l'obligation où nous sommes tous deux de voyager fréquemment nous empêche de nous occuper de cette petite autant qu'il serait souhaitable. Mais des personnes de confiance peuvent nous remplacer. Et, puisqu'il s'agit des conventions mondaines, des règles sévères, mais utiles, du savoir-vivre, des exigences d'une parfaite éducation, autant faire les choses le mieux possible. Bref, puisque l'occasion se trouve, j'ai décidé d'accepter l'offre de prendre Lili sous sa tutelle, qui m'a été proposé par Mrs Piper-Stout !
Mme d'Arbois ayant paru hésiter, son mari précisa :
- En épousant Gédéon Piper-Stout, qui a réalisé à Chicago une colossale fortune dans l'industrie des conserves de cochons d'Inde aux haricots rouges, cette dame n'a pas oublié qu'elle était née du Bourgeon de la Branchette et descendante d'une famille qui a donné des précepteurs à des fils de rois. Sous le rapport des lois de l'étiquette, elle en remontrerait au chef du protocole lui-même. Sans doute est-elle un peu trop stricte, parait-il, en ces questions. Mais la rigueur de la tenue et des convenances est, après tout, préférable au laisser-aller. S'il y a excès dans un sens, cela corrigera l'excès où Lili tend à glisser dans l'autre sens... Je comparais tout à l'heure cette enfant à un poulain. Il arrive un moment où le poulain doit sentir la bride. Faute de quoi c'est une bête indomptée, qui finit par se jeter dans un précipice, pour n'avoir pas appris à se diriger !
Les arguments de M. d'Arbois paraissaient inspirés par la raison. Mme d'Arbois consentit à s'y soumettre !
Et c'est ainsi qu'il fut convenu que Lili deviendrait la pensionnaire pour un temps illimité, de Mrs Piper-Stout, née du Bourgeon...
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